haddad2Titre : Le peintre d’éventail
Auteur : Hubert Haddad
Éditeur: Zulma
Nombre de pages : 192
Date de parution : 3 janvier 2013

Auteur :
Auteur d’une œuvre immense, portée par une attention de tous les instants aux ressources prodigieuses de l’imaginaire, Hubert Haddad nous implique magnifiquement dans son engagement d’intellectuel et d’artiste, avec des titres comme Palestine (Prix Renaudot Poche, Prix des cinq continents de la Francophonie), les deux volumes foisonnants du Nouveau Magasin d’écriture et le très remarqué Peintre d’éventail (Prix Louis Guilloux, Grand Prix SGDL de littérature pour l’ensemble de l’œuvre). (source Éditeur)

Présentation de l’éditeur :
C’est au fin fond de la contrée d’Atôra, au nord-est de l’île de Honshu, que Matabei se retire pour échapper à la fureur du monde. Dans cet endroit perdu entre montagnes et Pacifique, se cache la paisible pension de Dame Hison dont Matabei apprend à connaître les habitués, tous personnages singuliers et fantasques.
Attenant à l’auberge se déploie un jardin hors du temps. Insensiblement, Matabei s’attache au vieux jardinier et découvre en lui un extraordinaire peintre d’éventail. Il devient le disciple dévoué de maître Osaki.
Fabuleux labyrinthe aux perspectives trompeuses, le jardin de maître Osaki est aussi le cadre de déchirements et de passions, bien loin de la voie du Zen, en attendant d’autres bouleversements…
Avec le Peintre d’éventail, Hubert Haddad nous offre un roman d’initiation inoubliable, époustouflant de maîtrise et de grâce.

Mon avis :
Peintre d’éventail et jardinier, deux métiers d’art qui vont passer de maîtres en apprentis. Trois personnages qui s’isolent du monde pour oublier des drames et trouvent refuge en la pension de Dame Hison, une ancienne prostituée au grand cœur.
Lorsqu’elle achète cette maison à un veuf, elle garde la vieille cuisinière et ce vieil homme isolé dans la baraque du jardin. Peintre d’éventail, Maître Osaki poursuit son art dans le jardinage contre le gîte et le couvert.
Hanté par les yeux d’Osué qu’il a tuée dans un accident de voiture, Matabei Reien trouve refuge en ce gîte peuplé de fugitifs, « d’ombres de la vie« .
« C’était un havre d’oubli plus que de sérénité, un lieu pour disparaître aux autres ou à soi. »
Là, il deviendra le disciple d’ Osaki et perpétuera son art. Le jardin est autant une œuvre d’art que ces éventails peints de paysages et d’haïkus.
« On  peut exprimer sa pensée avec des couleurs, des mots mais aussi avec ce que tu vois : les plantes, l’eau et les pierres. Là, il faut compter avec l’adversité, le vent et la pluie, les saisons. Le jardin vit de ta vie, c’est la différence. »
Mais lorsque la grâce d’Enjo, une jeune fille recueillie par Dame Hison, s’allie à la luxuriance du jardin, la sensualité est à son comble ne laissant ni Matabei, ni Hi-han, son jeune disciple, ni le lecteur insensibles. Mais, Enjo, telle une Eve tentatrice dans le jardin d’Eden causera la brouille du maître et de son disciple.
Si l’amour brise les amitiés, les caprices de la nature ravagent la nature et les hommes. En ce 11 mars 2011, le séisme et le tsunami brisent les rêves de Matabei.
Le langue si belle et opulente de l’auteur qui était au service de la description d’un écrin de verdure reposant vient cette fois décrire la mort et la destruction.
 » Au-dessus des campagnes, très haut, les nuages emportaient avec eux l’énigme d’une vie sereine, en si peu de temps abolie, anéantie, chue dans l’océan comme un cerf-volant au bout de son fil. »
Au départ bercé par la sérénité nippone, le lecteur se retrouve au cœur d’une vie sauvage et d’un air irradié mais la volonté de transmission de l’art et des coutumes ancestrales sera plus forte que le pouvoir de destruction de Dame Nature.
Cette superbe histoire inscrite dans une réalité de catastrophe naturelle est magnifiée par le style incomparable d’Hubert Haddad. C’est une langue poétique, riche de vocabulaire et d’images. Cette trop grande richesse m’a parfois désarçonnée. Entraînée par la langue, j’en oubliais le fond, d’autant plus que la narration est successivement par l’un des trois hommes au service de l’art ( Maître Osaki, Matabei Reien et Xu Hi-han).
Mais l’effort de concentration est largement récompensé par la beauté de ce court roman.

J’ai lu ce livre dans le cadre du Jury du prixocéans

New Pal 2014

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

21 janvier 2014 à 10 h 57 min

Autant « Théorie de la vilaine petite fille » ne m’avait pas emballée, autant j’avais vraiment adoré le « Peintre d’éventail ». Il est poétique, sensible et bouleversant, et l’auteur effleure tout de même la poésie japonaise typique. Un très très beau livre.



21 janvier 2014 à 13 h 17 min

Ce fut un coup de coeur pour moi. Contente qu’il t’ait plu



23 janvier 2014 à 9 h 23 min

Vu la profusion d’images qui provient uniquement du titre, je veux bien croire que le style de l’auteur soit riche, surtout si l’on commence à partir dans l’association d’idées. Il me tente bien, en tout cas !



24 janvier 2014 à 10 h 23 min

Très beau roman, j’ai beaucoup aimé alors que ce n’est habituellement pas ma tasse de thé…



16 novembre 2015 à 20 h 56 min

J’ai connu le même « effort de concentration » pendant ma lecture de « Corps désirable ». C’est un peu déroutant quand tu dois faire plus attention à la langue qu’au fond, surtout quand tu sais que tu n’as que peu de pages pour comprendre l’essentiel du roman.



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