valdesTitre : La chasseuse d’astres
Auteur : Zoé Valdès
Littérature cubaine
Traducteur : Albert Bensoussan
Nombre de pages : 342
Date de parution : février 2014

Auteur :
Née en 1959 à Cuba, Zoé Valdés vit exilée en France depuis 1995. Poète, scénariste, romancière, elle a vu ses ouvrages traduits dans une quinzaine de langues. Des succès internationaux comme Le Néant quotidien, La Douleur du dollar, La Fiction Fidel ou Danse avec la vie en ont fait l’un des écrivains cubains les plus connus.

Présentation de l’éditeur :
Venue chercher l’inspiration au bord de la mer, Zamia, écrivaine cubaine, rencontre sur la plage une jeune femme mystérieuse, qui se présente comme une chasseuse d’astres. C’est Remedios Varo, grande artiste surréaliste oubliée de nos contemporains, comme beaucoup de femmes. Deux femmes qu’un siècle sépare, et dont les histoires résonnent pourtant avec harmonie.Peintre et artiste surdouée née en Espagne au début du XXe siècle, Remedios Varo fut l’amie de Dali, Lorca et Breton. Elle fuit à Paris au début de la Guerre Civile, puis s’installa à Mexico pendant l’occupation allemande. Zoé Valdés dresse le portrait de cette femme exceptionnelle, de son rapport absolu à l’art, de ses quêtes amoureuses. En creux, se dessine le portrait de Zamia, jeune cubaine qui lutte à sa façon pour faire entendre sa voix d’artiste. Epouse d’un diplomate installé à Paris, elle vit avec le poids de la surveillance, la censure jusque dans son propre foyer, et l’envie désespérée de liberté.Avec La Chasseuse d’astres, Zoé Valdés revient aux thèmes qui lui sont chers : l’élan créatif, l’exil et la manière dont l’art se réfugie parfois dans les moindres recoins de nos vies.

Mon avis :
 » Grande artiste surréaliste du siècle passé, Remedios Varo est aujourd’hui oubliée des amateurs d’art. J’ai écrit La chasseuse d’astres pour qu’elle m’habite toujours. Je pense avoir réussi. Au travers de son histoire, j’ai enfin pu raconter la mienne, sans rancœur, avec passion et avec raison. » Zoé Valdès

L’auteur a plus que réussi ce portrait d’une artiste, une grande amoureuse de l’art, de la liberté et des hommes. Et ce sont même deux artistes qui m’habiteront longtemps.
Zamia, jeune poétesse cubaine, La chasseuse de mers, qui par une espèce de rencontre surréaliste décide d’écrire sur La chasseuse d’astres, une peintre  contemporaine de Breton ou Dali. L’une est née en 1960, l’autre en 1908. Elles ne se sont jamais rencontrées, si ce n’est lors d’un rêve en bord de mer.
Remedios quitte l’Espagne en 1937. Elle fuit l’anarchie avant la guerre civile, sans son premier mari, Gerardo Lizarraga, basque anarchiste.  A Paris, elle vit misérablement avec son second époux Benjamin Péret jusqu’à la guerre. En 1940, elle doit évacuer sous les conseils d’Esteban Frances, son amant, dans le Sud de la France. Peret, communiste est emprisonné. Elle vit quelques temps dans une cabane sur la plage avec son autre amant Victor Brauner, un artiste roumain. Puis, avec l’aide de Varian Fry, œuvrant pour le Comité de salut d’urgence financé par l’américaine Guggenheim (voir Le fil de la vie de Nine Moati), elle prend le bateau à Oran pour Cuba puis le Mexique.
 » C’est au Mexique que je me suis sentie accueillie et assurée. »
Remedios n’était pas le genre de femmes à aimer un seul homme. Elle n’eut jamais d’enfants mais ses maris et amants étaient ses enfants.
 » Elle n’a jamais accepté d’avoir des enfants. Enceinte de Benjamin Péret, elle a avorté, sans traumatisme. Elle était la mère de la lune. »
Elle les aimait tous d’un même amour sincère et fidèle. Seul son dernier mari, Walter Gruen, valorisera son œuvre et la fera connaître par des expositions largement saluées.
Les récits et souvenirs de Remedios se mêlent à ceux de Zamia. Elle, aussi, connaît l’exil à Paris. Elle est mariée à un diplomate devenu violent et a un amant, Alvaro. Sa vie privée est très surveillée par les services de la Sécurité de l’État. Ses écrits avec une autre exilée cubaine, ses photos nues faites pour gagner un peu d’argent lui vaudront un cruel chantage. Zamia rêve aussi de liberté pour assouvir son art de l’écriture. Tout comme Remedios, elle vit d’étranges rencontres, des visions surréalistes, des expériences communes de prémonitions auprès de prêtresses de culte cubain. L’une comme l’autre sont des femmes envieuses de liberté, destinées à transcrire leurs visions et leurs rêves  dans l’art.
 » cette femme, avec sa vie, m’a transmis un legs, m’a faite sa fille, m’a engendrée, parce qu’en m’identifiant à son destin et à ses valeurs elle m’a faite héritière de sa connaissance, de sa poétique, et m’a offert une identité nécessaire pour retourner à ce lieu où je suis partie, où je me suis enfuie, où je me suis égarée…Remedios Varo m’a pressentie avec son art et m’a sauvée du suicide. »
Le roman de Zoé Valdès est d’une richesse inouie. Non seulement, l’auteur illustre les périodes tourmentées de l’Espagne, de la France et de Cuba mais elle  analyse l’œuvre de ce peintre surréaliste bien moins reconnue que Frida Kahlo (qu’elle a croisé au Mexique)  par le biais de sa vie et par la description de certains tableaux.

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La construction est complexe puisqu’elle entremêle les vies et souvenirs de Remedios et de Zamia. Mais quel voyage surréaliste !  Un très beau et très riche moment de lecture.

 » On change de lieu on ne change pas de vie, ta vie est la tienne jusqu’au dernier moment, et tu traînes avec elle ta marque de naissance. »

Je remercie babelio et les Éditions JC Lattès pour cette lecture.

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Commentaires

eimelle
11 mars 2014 à 11 h 17 min

cela a l’air vraiment très intéressant! Je l’ajoute à ma liste d’envies!



11 mars 2014 à 11 h 44 min

Le titre m’a tout de suite interpelée ! Il est magnifique. Puis en lisant ton billet, je me suis aperçue que l’histoire a l’air également magnifique et passionnante. Je note donc !



11 mars 2014 à 14 h 17 min

Je trouve tes critiques tellement bien écrites *_*



valmleslivres
19 mars 2014 à 14 h 14 min

J’hésite…



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