quatreparquatre.inddTitre : Quatre par quatre
Auteur : Sara Mesa
Littérature espagnole
Titre original : Cuatro por cuatro
Traducteur : Delphine Valentin
Éditeur : Rivages
Nombre de pages : 315
Date de parution : avril 2015
Auteur :
Sara Mesa est née à Madrid en 1976. Succès critique en Espagne, Quatre par Quatre a été finaliste du prestigieux Prix Herralde, qui a récompensé des auteurs comme Javier Marias ou Roberto Bolano
Présentation de l’éditeur :
Dans un pensionnat coupé du monde, censé protéger la jeunesse espagnole du chaos, une dictature en miniature règne. Le directeur manipule les élèves, tirant profit du système pour son seul plaisir. Plutôt que de livrer un témoignage de plus sur les régimes totalitaires, Sara Mesa tisse un conte cruel d’une grande intelligence, qui puise son inspiration chez Kafka et Vargas Llosa.
Mon avis :
Sara Mesa nous plonge dans l’atmosphère étrange du collège Wybrany, un centre éducatif de luxe qui, en souvenir de son fondateur polonais accueille aussi des élèves boursiers, enfants du personnel, appelés les Spéciales.
Dans cet établissement, il n’est « pas question de rigidité, mais de rigueur. Pas de sévérité, mais de fermeté. »
Nous découvrons, dans un premier temps, la vie du « coledj » en suivant un groupe de garçons et un groupe de filles. La mixité n’est pas mise en place dans l’établissement mais à l’intérieur d’un groupe d’autres frontières se creusent. Les liens d’amitié entre les filles des employés et les autres ne sont pas bien vues par les riches familles. Les Spéciales se réfugient souvent dans des comportements extrêmes d’adolescents (boulimie, fugue). Côté garçons, les faibles sont mal intégrés dans les bandes de caïds. Ignacio, le boiteux exclu qui est aussi le protégé du Directeur, est prêt à tous les avilissements pour devenir l’ami d’Hector, fils d’un ex premier ministre.
Les responsables ne font pas figure d’exemple avec un directeur qui aime convoquer « la Derche » afin qu’elle se déshabille pendant qu’il s’adonne à la cocaïne. Le Guide, conseiller du coledj mène un jeu particulier et sournois avec la jeune Célia, une Spéciale dont la mère vit dans les quartiers pauvres de Cardenas.
Enfants et adultes semblent trouver leur place dans cet établissement où les murs cachent d’étranges règles.
La seconde partie donne la parole à un professeur remplaçant, Isidro Bedragare, un jeune homme réservé, écrivain raté, énigmatique venu remplacer le professeur de français mystérieusement absent. Il a « le genre de ceux d’en bas« , « celui des renfermés, des faibles, des rêveurs.« . Sa timidité et son passé sombre peu dévoilé, l’empêchent de poser les questions qui l’assaillent. Petit à petit, il découvre les disparitions d’élèves ou de professeurs, les comportements étranges.
 » Un mystère autour des règles que quelqu’un établit et qui ne sont pas tout à fait définies. L’étranger ne connaît pas les règles. Il voudrait s’y soumettre mais est incapable de les appréhender. Il ne peut pas non plus s’y opposer. Les règles existent, elles sont fortes, elles sont strictes, mais ne sont écrites nulle part. On ne peut donc ni obéir  ni désobéir. »
Les propositions du directeur et le journal caché du professeur qu’il remplace lui feront découvrir ce que cachent les murs de ce collège d’exception.
Sara Mesa maintient le mystère, l’ambiguité du lourd silence sans vraiment dévoiler le passé des personnages, le contexte de l’extérieur, les actes réels. Je suis ainsi vraiment entrée dans cette ambiance mystérieuse où l’on sent le danger sans vraiment le croiser. Les personnages illustrent ceux qui se doutent sans oser dénoncer, ceux qui jouent sur la peur des autres, ceux qui s’enlisent dans leur condition réaffirmant ainsi les lois tacites des plus forts.
Quatre par quatre est un roman qui vous fait ressentir l’atmosphère de ce genre d’établissement, ce huis-clos où cohabitent  le droit des élites et l’abnégation des soumis.
«  Ainsi fonctionnaient les cloaques: l’odeur de l’eau croupie remonte parfois, un bruissement vous interpelle, mais on ne le voit jamais, on ne parle jamais d’eux, ils n’existent pas. »

Cette lecture entre dans le cadre du mois espagnol organisé par Sharon.
 espagne

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

27 mai 2015 à 11 h 41 min

Moi qui croyait que ce genre d’établissement étaient réservés à l’Angleterre….



27 mai 2015 à 23 h 41 min

Je découvre des auteurs que je ne connaissais pas du tout.
Merci pour ta participation au mois espagnol !



1 juin 2015 à 12 h 31 min

Merci de m’avoir signalé cette auteur Jostein, je ne la connaissais pas ; bonne semaine 🙂



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