colletteTitre : Il reste la poussière
Auteur : Sandrine Collette
Éditeur : Denoël
Nombre de pages :
Date de parution : 25 janvier 2016
Même lorsque j’aime énormément l’univers d’un auteur, j’apprécie qu’il sache parfois en sortir quitte à me décevoir. Sandrine Collette avait frappé fort avec son premier roman Des nœuds d’acier. Les chroniques furent ensuite unanimes pour les romans suivants, beaucoup de satisfaction mais le regret de ne pas atteindre la puissance du premier. Six fourmis blanches me laissait un goût de « déjà lu » dans Un vent de cendres.
Avec Il reste la poussière, Sandrine Collette reste dans le roman noir mais construit une histoire familiale sombre avec moins de suspense et davantage de profondeur et de sobriété. Elle peaufine ici son ambiance, nous plonge dans la rudesse d’une estancia en Patagonie pour finalement mieux en faire ressortir les petits éclats d’humanité.
La mère ( elle ne sera jamais appelée autrement), issue d’une famille pauvre reste seule avec ses quatre garçons dans l’estancia de son mari depuis qu’il en est mystérieusement disparu. Elle est une des rares à continuer l’élevage des vaches, chevaux et moutons alors que tant d’autres, sous le joug des céréaliers et des gros exploitants ne conservent que quelques moutons pour la laine.
Dans ce coin de l’Argentine «  tout est sauvage et animal »
Rafael, le plus petit des fils, tremble devant les deux jumeaux, Mauro et Joaquim qui le maltraitent sous l’œil indifférent de la mère. Son seul refuge est auprès de son cheval, des chiens et des moutons. Il ne peut compter sur Steban, son autre frère un peu idiot, qui, lui aussi subit son lot de violences.
«  Déjà dans sa tête, il était inscrit qu’il n’échapperait jamais à ces traques terrifiantes. »
La mère profite de la force utile des jumeaux, surtout de Mauro, et part souvent en ville se saouler et perdre son argent au poker. Jusqu’au jour où elle perdra un de ses fils au jeu.
Sandrine Collette pousse l’inhumanité de la mère, la violence des jumeaux à son paroxysme enfermant le lecteur dans un huis-clos infernal. Mais elle sait aussi montrer le lien de ces jeunes garçons pour cette femme qui leur apporte gîte et couvert, qui les prend en charge ne leur laissant pourtant que les heures de travail.
 » Qu’ils l’adorent ou la haïssent, selon les jours et les humeurs, la mère est la femme sacrée.Ils en découlent, eux qui en ont bu le lait, nourrissons crieurs et minuscules dont elle a fait des hommes. »Son autorité les révolte et les soumet; ils savent que, sans elle,  l’estancia serait un immense terrain vague, et eux des enfants sauvages ne valant pas mieux que ces renards errants à l’affût de petits rongeurs. »
En sortir apporterait-il le calme, la liberté ou la solitude et le vide ?
Joaquim perdu au jeu en fera l’expérience ainsi que Rafael contraint de partir dans la steppe rechercher de chevaux enfuis par sa faute.
C’est pour moi le plus grand intérêt du livre, cette dualité entre haine et attachement.
Et surtout dans toute cette noirceur, Rafael devient touchant par son attachement au monde animal, son humanité, sa volonté de toujours reconstruire, de privilégier l’amour à l’argent. Une petite perle dans un monde de brutes.
Sandrine Collette signe ici un récit dans le style Nature Writing, une légère évolution dans sa maîtrise du roman noir. Ses fans pourront peut-être regretter une certaine lenteur, un enfermement dans cet immense espace sauvage mais ce livre confirme que Sandrine Collette peut encore et toujours nous surprendre.
L’avis de Tiben, de MicMelo
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Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

2 février 2016 à 16 h 33 min

J’ai vraiment apprécié ce côté « nature writing » même si j’aurais préféré que cela soit situé aux USA, c’est un roman différent de ses précédents et j’ai aimé ça 🙂



2 février 2016 à 18 h 18 min

J’avais apprécié son univers pourtant violent et quelque peu sordide mais porté par une écriture puissante dans Des nœuds d’acier. Ses romans suivant sont sur ma liste de souhaits depuis longtemps, mais celui me tente encore plus.



2 février 2016 à 18 h 38 min

C’est un auteur qui m’attire et me fait peur à la fois. Si c’est moins sanglant, peut-être irai-je la découvrir



2 février 2016 à 20 h 34 min

Je n’entends que de bons avis…et même Poirette s’y est mis!! Avec ça, comment résister?



3 février 2016 à 10 h 04 min

Je ne connais pas cet auteur ! Mais j’aime l’ambiance que tu décris. Je le note pour mes futures découvertes. Merci.



Laure Micmelo
3 février 2016 à 10 h 07 min

Cette sobriété dans l’ambiance et cette lenteur m’ont vraiment conquise, outre le petit Rafael bien sûr. Je suis ravie de voir que tu as aimé ce livre aussi !



3 février 2016 à 10 h 43 min

Je ne connais pas cet auteur mais tu me donnes très envie de la découvrir



5 février 2016 à 19 h 37 min

Très réussi ce roman oppressant et fort,



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