Titre : Roman
Auteur : Linda Lê
Éditeur : Christian Bourgois
Nombre de pages : 175
Date de parution : janvier 2016

Ce livre aurait dû être dédié «  aux déjantés qui n’en mènent pas large. »
L. a frôlé la mort suite à une rupture d’anévrisme. Elle subira deux embolisations mais s’en sortira indemne sans aucune séquelle intellectuelle. Sauf peut-être une part d’elle-même qui meurt.
Écrivain, elle vit avec B., un peintre très cartésien qui ne veut pas entendre ses souffrances au sujet d’un frère mort à la naissance. Toutefois, ce « sans-nom » a toujours hanté L., elle n’a de cesse de le retrouver dans chaque homme qu’elle aime.
Et c’est peut-être en Roman qu’elle trouve quelqu’un susceptible d’entrer dans sa fiction.
Ce jeune homme, né à Montevideo d’une jeune fille abandonnée par son amant marié et morte en couches, a été élevé à Paris par une famille française aisée. Ce pays de naissance qu’il ne veut pas connaître est pour Roman une fêlure qui brise son âme.
 » Sa vie avait commencé le jour où il s’était pris de passion pour les livres et n’avait plus eu pour horizon qu’une certaine littérature, celle, âpre, des écrivains qui ne mâchaient pas leurs mots, celle poignante de ceux qui cherchaient leur chemin dans la mélancolie, des auteurs qui pourtant ne manquaient pas d’humour noir. »
Quand il découvre les livres de L., il se reconnaît en ses personnages et commence à écrire à l’auteur. S’en suivent une correspondance soutenue et une longue amitié. C’est Roman qui fera découvrir à L. « les aimantes inouïes » que furent Taos Amrouche, Catherine Pozzi et Camille Claudel. Trois femmes amoureuses de grands hommes égocentriques ( Jean Giono, Paul Valéry et Rodin) étouffées par leur passion amoureuse et qui resteront toujours des clandestines.
Roman, cet inconsolé, parle à la face nocturne de L.. Il sait comprendre ce qu’elle écrit et peut aller jusqu’à jouer la figure du frère perdu. B., s’il en avait su davantage sur Roman, l’aurait éloigné de L.
 » L. se trouvait aussi prise entre, d’un côté, un cartésien qui ne manquait jamais de rappeler à quel point il se différenciait de ceux qu’il nommait les illuminés, faute d’un qualificatif plus désobligeant, d’un autre côté, un imaginatif qui voulait toujours aller voir ce qui se passait au-delà du visible, s’exposant de cette manière au danger de ne plus savoir quel chemin emprunter pour revenir parmi les siens. »
Si B. Est aussi un exilé, il n’en tire aucun regret. L., non plus n’a pas le mal du pays qu’elle a quitté à l’âge de onze ans. Seul Roman en refusant d’entendre parler de Montevideo, en reniant Paris et en allant chercher la sérénité en Asie erre à la recherche de lui-même.
Linda Lê, vivant en France depuis ses plus jeunes années, tout comme sa narratrice, sait manier la langue française et joue avec l’ « Idyllique Royaume des Mots » que lui suggère l’IRM subie à l’hôpital. Elle sonde l’âme de L., cette jeune femme meurtrie par l’absence d’un frère, qui vacille d’homme en homme à la recherche de son double. Si fidèle au fonctionnement d’une âme perturbée, les pensées reviennent en boucle entre le cartésianisme de B. qui refuse de tomber dans les errements de sa femme et la fragilité mentale de Roman si proche de L. mais si dangereux pour son état mental.
Heureusement, les échappées sur les « aimantes inouïes » permettent parfois de sortir de cette boucle obsessionnelle qui frôle souvent la répétition.
Je remercie dialogues pour la découverte de ce roman.
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Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

22 février 2016 à 14 h 51 min

Du coup, je suis dubitative. Je n’arrive pas trop à savoir ce que tu as pensé de ce roman au final. Vaut-il le coup ?



    22 février 2016 à 17 h 31 min

    En fait, j’aime bien ces romans introspectifs sur des gens un peu fragiles ( comme L. Ou Roman) et Linda Lê y excelle ici. Mais je regrette que les arguments tournent un peu trop en boucle, même si l’on peut voir en cette répétition le trouble obsessionnel.



23 février 2016 à 12 h 10 min

J’ai trouvé également que, pour un si petit roman, il était bien répétitif… C’était ma première rencontre avec Linda Lê, je pense que je n’ai pas choisi la meilleure entrée : je retenterai le coup.



25 février 2016 à 13 h 25 min

Je n’accroche pas du tout au style de Linda Lê, je passe mon tour…



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