Titre : Il pleuvait des oiseaux
Littérature québecoise

Auteur : Jocelyne Saucier
Éditeur: Folio
Nombre de pages : 220
Date de parution : Folio 8 janvier 2015, Denoël août 2013
Photographe professionnelle, elle cherche depuis des années des survivants aux Grands Feux du début du XXe siècle dans le nord de l’Ontario.
C’est une vieille dame de 102 ans, aux yeux pétillants d’une lumière rose sur un banc de High Park qui met la photographe sur les traces de Edward Boychuck, un des derniers survivants.
«  Il pleuvait des oiseaux, lui avait-elle dit. Quand le vent s’est levé et qu’il a couvert le ciel d’un dôme de fumée noire, l’air s’est raréfié, c’était irrespirable de chaleur et de fumée, autant pour nous que pour les oiseaux et ils tombaient en pluie à nos pieds. »
Dans ses recherches, la photographe atterrit dans un coin de forêt où vivent Tom et Charlie qui ont respectivement 86 et 89 ans. Ted ( ou Edward), le troisième habitant du lieu vient de mourir.
 » Boychuck avait perdu toute sa famille dans le Grand Feu de 1916, un drame qu’il a porté en lui partout où il a tenté de refaire sa vie. »
Un petit coin de paradis, au cœur de la forêt où ces vieillards fuyant soit la maladie, soit la maison de retraite retrouvent la liberté avec leur chien, leurs jeunes amis, Steve et Bruno qui profitent de ce lieu désert pour cultiver de la marijuana.
Tom et Charlie profitent des dernières années car ils savent que la mort n’est pas loin. Ils ne se laisseront pas affaiblir. La boîte de strychnine est à portée de main si les choses tournent mal.
La photographe arrive trop tard pour fixer sur pellicule le regard vide de celui qui a erré longtemps sur les lieux où le Grand Feu de Matheson a fait des centaines de morts.
Mais c’est avec l’aide de Gertrude, la vieille tante de 82 ans de Bruno, échappée de l’asile où elle était enfermée depuis l’âge de 16 ans qu’elle perce le mystère des peintures de Boychuck. Cet homme ne pouvait trouver sa rédemption que dans l’art.
Car Marie-Desneige, nouveau nom pour cette seconde vie de Gertrude, voit des choses que personne ne voit. Avec Tom, Charlie et la photographe qui devient son amie, elle s’ouvre enfin à la vie. Cette vieille dame «  avec ses cheveux mousseux et ses mains comme de la dentelle » a la fragilité d’un oisillon et communique la joie de vivre autour d’elle.
 » Elle avait vu son premier voilier d’outardes, ses premières pistes de lièvre dans la neige » et elle vit son premier amour avec Charlie.
 » Ces deux-là s’aimaient comme on s’aime à vingt ans. »
Quoi de plus touchant que ces vieilles personnes qui découvrent la vie, le bonheur, l’amour. Marie-Desneige a ce pouvoir magique de séduire par sa simplicité, sa candeur. Elle illumine un roman qui était déjà touchant avec les drames individuels autour des Grands Feux.
L’auteur donne envie de continuer et de découvrir l’exposition de la photographe qui unira les tableaux de Boychuck et ses photographies.  » Tableaux et photos qui s’interpellent. »
Je remercie Nathalie de m’avoir accompagnée ( et attendue pour publier sa chronique) pour cette lecture poétique, touchante qui laisse croire au bonheur quelque soit l’âge et les misères vécues.

New Pal 2016 orsec2016

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

27 septembre 2016 à 9 h 09 min

Un livre coup de cœur qui m’avait beaucoup touchée et en relisant ton billet, je m’aperçois que c’est encore très frais Dans ma mémoire !😉



27 septembre 2016 à 9 h 12 min

Heureuse que tu aies apprécié. Joli billet. Je viens de publier le mien et de joindre le lien.
On se retrouve le mois prochain. Bises



27 septembre 2016 à 10 h 53 min

j’ai beaucoup aimé ce livre également : belle écriture, atmosphère envoûtante, de l’amour, de l’histoire, de l’art…et ces petits vieux qui n’ont pas dit leur dernier mot !



27 septembre 2016 à 12 h 16 min

J’en garde un très beau souvenir moi aussi. Et je vois que la prochaine chronique sera sur la Succession de Dubois ; je suis en train de le terminer et j’ai hâte de voir ce que tu en diras 🙂



    28 septembre 2016 à 9 h 18 min

    Pour La succession ce sera sur Unidivers mais je ne sais pas quand ils vont la programmer. Lecture mitigée avec des thèmes récurrents, un anti-héros mais j’aime cette façon qu’a l’auteur de nous tenir avec des petites digressions, des instants d’émotion.



      28 septembre 2016 à 9 h 48 min

      J’ai été très emballé par le début mais j’ai failli caler autour de la page 200, avant la belle progression de la fin. Je n’avais jamais lu Dubois mais j’ai été touché par son style doux-amer, dans l’ensemble.



27 septembre 2016 à 15 h 52 min

Un texte qui a l’air très beau.



27 septembre 2016 à 17 h 24 min

Un magnifique roman que j’ai beaucoup apprécié !



27 septembre 2016 à 23 h 21 min

Oui, c’est un beau roman et je trouve que tu as tout à fait trouvé le bon verbe pour parler de Marie-Desneige : « illuminer ».



28 septembre 2016 à 15 h 51 min

Commencé à sa sortie, reposé, et jamais repris… Visiblement je loupe quelque chose…



30 septembre 2016 à 10 h 22 min

Je garde un bon souvenir de ce roman atypique !



Laure Micmelo
30 septembre 2016 à 19 h 09 min

Je suis une des rares à ne pas avoir été totalement enthousiasmée par ce roman … Je ne devais pas être dans l’humeur adéquate lors de ma lecture.



5 octobre 2016 à 10 h 20 min

Je l’ai lu l’an dernier. Une très belle lecture !



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