Titre : Va et poste une sentinelle
Auteur : Harper Lee
Littérature américaine
Titre original : Go set a watchman
Traducteur : Pierre Demarty
Éditeur: Grasset
Nombre de pages : 333
Date de parution : 7 octobre 2015

La parution de Va et poste une sentinelle fut un événement littéraire majeur, inattendu et fracassant.
Ce roman, bien qu’il se passe vingt ans après les faits relatés dans le célèbre Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, est en fait le premier livre écrit par Harper Lee. Pourquoi paraît-il cinquante ans après le succès de ce livre culte? Manuscrit retrouvé, volonté de renouer avec le succès ? L’enjeu était fort. Commercialement, le pari est tenu avec des ventes record aux États-Unis la première semaine de sa sortie. Mais pour la lectrice qui a vibré face aux aventures de Scout, l’inoubliable héroïne de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, le premier sentiment avant la lecture est le doute ( ne vais-je pas être déçue?) et l’envie. Et le sentiment après lecture…?

Pour la jeune Scout, Atticus, son père est un maître à penser. Ses principes d’éducation que j’ai tant loués dans ma chronique sont remarquables et ont modelé l’esprit de Scout.
A la mort de Jem, le frère de Scout, la tante Alexandra aurait souhaité que Scout reste vivre auprès de son père. Mais la jeune femme est partie travailler à New York.
Vingt ans après, Jean-Louise Finch ( Scout) revient à Maycomb où Atticus (72 ans) vit toujours avec sa sœur, Alexandra. Il travaille encore un peu comme avocat, secondé par Hank ( Henry Clinton, ami de Jem et prétendant de Scout).
Le premier tiers du livre nous laisse reprendre nos marques avec le caractère toujours aussi impétueux de la jeune femme. Maycomb est son monde mais elle ne saurait plus y vivre. Elle se pose d’ailleurs beaucoup de questions sur la pertinence d’un mariage avec Hank.
Comment imaginer Scout sous le joug d’un mari? Elle refuse de ressembler à son ancienne amie Hester qui aime son homme jusqu’à perdre sa propre identité.
La seconde partie dévoile le nouveau visage de Maycomb. Jean-Louise s’étonne de la mise à l’écart des Noirs. Elle, bien évidemment, n’hésite pas à aller rendre visite à Calpurnia, l’ancienne cuisinière et confidente de son enfance.
 » Plus personne à Maycomb ne va voir les Noirs, pas après ce qu’ils nous ont fait. »
Cet événement restera pour moi assez nébuleux. Ni les conversations avec Jack, l’oncle un peu surprenant ou avec Atticus ne parviendront à éclaircir la situation politique de la petite ville. Une décision de la Cour suprême, l’autonomie des États, la place du gouvernement, l’action du NAACP ( Association pour le progrès des gens de couleur) remettent en discussion la notion de citoyenneté.
Surprise de la présence de Hank et d’Atticus à la table du virulent pro-segrégationniste William Willoughby lors du Conseil des citoyens, Scout doute de l’ intégrité de son père.
Sanguine, sa colère devra aller jusqu’à « tuer le père« , étape indispensable à sa maturité.
Sa violente altercation avec Atticus me semble pourtant démesurée et souvent confuse.
La brève explication de la situation du Sud qui entame juste sa révolution industrielle, qui craint une prise de responsabilité de Noirs encore  » sous éduqués » selon Atticus ( oui sa position m’a un peu étonnée) est insuffisamment convaincante.
Il y a certes beaucoup de passion dans ses affrontements avec les anciens de Maycomb, quelques agréables souvenirs de jeunesse de Scout mais je n’ai pas retrouvé l’intelligence, l’altruisme d’Atticus, la sensibilité de Scout.
Alors, le sentiment après lecture… Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur se suffit à lui-même.

Je remercie Nathalie de m’avoir accompagnée pour cette lecture. Sa chronique est ici.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

10 octobre 2016 à 11 h 31 min

J’ai tellement aimé l’Oiseau moqueur, que j’avais peur d’être déçue par celui-ci. Ta chronique me le confirme, merci d’avoir tenté le voyage 🙂 Je suis heureuse de savoir que l’on ne perd rien.



10 octobre 2016 à 14 h 21 min

je ne pense pas lire ce second opus, j’ai tellement aimé Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur… Je vais rester sur ce coup de cœur.



10 octobre 2016 à 14 h 54 min

J’ai lu plusieurs chroniques allant dans ton sens… Donc, je passe mon tour



10 octobre 2016 à 19 h 49 min

J’avais vraiment adoré « Ne tirez-pas sur l’oiseau moqueur », celui-ci semble « bâclé », du moins pas aussi bien maîtrisé alors pour l’instant je ferais l’impasse et qui sait un jour ?…………



10 octobre 2016 à 21 h 44 min

Comme toi et beaucoup d’autres je pense que l’on aurait pu s’abstenir… mais quelle clairvoyance de l’éditeur de lui avoir fait retravailler son manuscrit car on a vraiment eu droit à un chef d’oeuvre avec « Ne tirez pas »



10 octobre 2016 à 22 h 15 min

Je n’avais pas l’intention de le lire, ça tombe bien !



11 octobre 2016 à 11 h 41 min

Une déception pour moi aussi !



11 octobre 2016 à 14 h 22 min

Tu confirmes ma décision de ne pas le lire.



13 octobre 2016 à 16 h 51 min

Ah zut… l’oiseau moqueur a été mon coup de coeur de l’été et j’étais curieuse de lire la suite… je n’ai plus trop envie maintenant…



14 octobre 2016 à 19 h 53 min

ce bouquin (mon 1er de l’auteur! heureusement que j’ai suivi avec Ne tirez pas…!) peut être qualifié de « navet »! C’est incroyable à quel point il est raté !



13 février 2017 à 18 h 32 min

Je partage ton avis, finalement ce n’est peut-être pas pour rien que ce titre est resté des années sans être publié!



15 avril 2017 à 22 h 29 min

Je lui ai quand même trouvé beaucoup d’intérêt, il est moins lisse, moins prenant, mais en contrepartie, esquisse un portrait d’Atticus rempli de contradictions, qui donne une certaine tension au récit. Je crains que cette publication toutefois n’ait été qu’une opération commerciale. J’étais contente de retrouver le talent de l’auteure.



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