chalandonTitre : Profession du père
Auteur : Sorj Chalandon
Éditeur: Grasset
Nombre de pages : 316
Date de parution : 19 août 2015

Émile Choulans, aujourd’hui « réparateur » de tableaux, marié à Fadila et père du petit Clément retourne sur les traces de son enfance lors de la crémation de son père en avril 2011.

Ce père qui, cinquante ans plus tôt a brisé son enfance par sa violence et sa folie.
Enfant, Émile n’a jamais su remplir la case  » Profession du père » sur les documents scolaires lors de la rentrée des classes.
André Choulans, autrefois pasteur pentecôtiste, se dit agent secret avec pour mission l’assassinat du Général de Gaulle. Il embarque son fils, comme son petit soldat dans ses délires l’utilisant comme messager pour poster des lettres de menace à un député ou écrire à la craie sur les murs le sigle de l’OAS.
Malgré les coups, les menaces, les humiliations, Émile cherche à tout prix la reconnaissance du père. Comment ne pas être ébloui par un père agent secret quand on est un gamin de treize ans. Il croit à toutes ses histoires, est fier de ses missions et reproduit avec Luca, un nouvel élève de son école le même schéma, s’étonnant lui-même d’une telle naïveté.
 » J’avais espéré qu’enfin il ne me croirait plus. Qu’il éclaterait de rire, qu’il cognerait son doigt sur sa tempe, qu’il le frapperait, qu’il me tournerait le dos. Mais il ne réfléchissait plus. Il acceptait tout de moi. »
Jusqu’où le mensonge peut-il conduite les hommes?
Emile est vite entraîné dans une tragique spirale pour faire face à ses tromperies. Son comportement est de plus en plus risqué, son bulletin scolaire désastreux, les représailles du père sont violentes. Coups, privations, enfermement, Emile subit tout sans pleurer, sous l’oeil résigné de sa mère.
 » Je pleurais avant les coups, à cause de la frayeur. Après les coups, à cause de la douleur. Mais jamais pendant. Lorsque mon père me frappait, je fixais un point dans la chambre… »

La mère, qui pourtant subit elle aussi les violences et punitions du père, ne se rebelle jamais et répète pour toute consolation  » Tu connais ton père ! » Sa passivité en fait un personnage aussi détestable que le père qui, lui a peut-être l’excuse de la folie.

Une fois adulte, André continue d’envoyer des lettres délirantes à son fils où il se met en scène avec des personnalités dont il relève le nom dans le journal ou le dictionnaire. Mais Émile n’est plus dupe. Si il n’a pas vraiment coupé les ponts, jamais, lors de ses visites, il ne sera reçu comme un fils. Désormais, sa mère semble soumise au point d’entrer dans le monde de son mari en acceptant toutes ses conditions.

Émile adulte garde cette cicatrice au fond de l’âme. C’est avec cette pensée qu’il dit souvent «  je t’aime » à son fils et lui lit des histoires. La mort du père permet enfin de livrer ce qu’il a contenu pendant des années.
Dans un récit sobre et sans jugement, Sorj Chalandon montre comment cette spirale de violence peut entraîner un fils sur le mauvais chemin, comment femme ou enfant peuvent subir une folle dictature par peur ou besoin de reconnaissance. Pourtant, le récit reste optimiste avec le bonheur au bout du chemin pour ce fils brimé et le soulagement par la parole pour le fils auteur qui fait face à son enfance. Un roman fort et touchant.

Pal New Pal 2016orsec2016

Auteur

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Commentaires

11 novembre 2016 à 9 h 48 min

beaucoup aimé ce roman, et plus globalement cet auteur, sincère



11 novembre 2016 à 10 h 24 min

Je ne doute pas de la sincérité de l’auteur, mais ce livre m’a plus agacée qu’emballée, je n’ai pas aimé cette mise en avant de son enfance, je préfère largement quand il va plus vers la fiction.



11 novembre 2016 à 14 h 07 min

Toujours pas lu cet auteur car trop vu à une époque, j’y viendrais sûrement, comme toi, après la bataille ! 😉



11 novembre 2016 à 15 h 52 min

j’ai lu tous ses livres et c’est Le petit Bonzi que je placerais en tête! Un grand auteur !



11 novembre 2016 à 18 h 08 min

J’aime bien Sorj Chalandon, mais ce n’est pas le roman que j’ai préféré





12 novembre 2016 à 9 h 46 min

Il me tarde de découvrir Chalandon. J’ai acheté Le 4e mur et j’attends vraiment beaucoup de cette lecture !



12 novembre 2016 à 10 h 10 min

Pour des raisons très personnelles, je ne pourrais pas lire ce roman car il fait remonter des choses douloureuses… Et pourtant, qu’est-ce que j’ai envie de découvrir cet auteur !



12 novembre 2016 à 17 h 54 min

J’ai assisté à Rennes à une interview de l’auteur au sujet de ce livre. Très touchant moment. Cela m’avait donné envie de le lire. Je crois que j’attends seulement une occasion.



12 novembre 2016 à 21 h 35 min

Il faut absolument que je me le procure, ma sœur l’a lu aussi et m’en a dit tellement de bien.



Laure Micmelo
13 novembre 2016 à 21 h 26 min

Il m’avait également beaucoup touchée.



13 novembre 2016 à 23 h 44 min

Je découvre en ce moment même l’auteur avec Le quatrième mur, j’aime beaucoup !



22 novembre 2016 à 19 h 09 min

Le personnage énigmatique de la mère m’avait interpellé.



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