haddadTitre : Premières neiges sur Pondichéry
Auteur : Hubert Haddad
Editeur : Zulma
Nombre de pages : 192
Date de parution : 3 janvier 2017

 

A la fin d’un concert à Tel-Aviv, Hochéa Meintzel, violoniste virtuose, déclare ne plus vouloir «  être juif, ni homme, ni rien qui voudrait prétendre à un héritage. »
Sifflé, hué, le vieil homme quitte Israël  » sans idée de retour après une vie d’espoir et de colère. » Il accepte de partir en Inde, invité à un festival de musique carnatique à Chennai.
Il y est accueilli par une jeune interprète, Mutuswami, jeune femme délicieuse au timbre musical qui n’est pas sans lui rappeler Samra, sa protégée, presque sa fille adoptive.
Mutuswami l’accompagne sur les routes de l’Inde jusqu’à Pondichéry pour le laisser sur la côte du Malabar où, pendant un cyclone, Hochéa sera le participant inespéré de la prière au sein de la synagogue bleue.
Les légendes et la musique accompagnent ce voyage. Elles sont le visage de l’exil et de l’espoir.
Le vieux hazzan bègue de la synagogue raconte les légendes des naufrages qui ont amené le peuple juif en Inde. Adonias, échoué sur la côte du Malabar, peuple le sud de Kochi de juifs mariés aux basses castes, en créant la Jérusalem de l’Est.
 » Le mélande des langues en temps de paix est la plus belle musique. »
La musique, souvenir personnel d’Hochéa, celle d’un vieux rabbin dans le ghetto de Lodz. Là où périrent ses parents et sa soeur.
Hochéa est un  » curieux personnage au beau visage triste« , un vieil homme usé sous le poids de la mémoire, un rescapé du ghetto et de l’attentat sur la route du Carmel où il était avec Samra.
 » Samra était son dernier regard et la limite de sa raison. ».
 » Depuis l’attentat, le monde lui parvenait à peu près exclusivement par les voies auditives, sous forme d’architectures et de paysages mêlés tout en vibrations internes. »
Hubert Haddad excelle en ce domaine. Il nous donne à voir et à entendre la beauté des paysages, le mélange des cultures, la puissance du cyclone et la force des légendes. Le chemin et le passé de Hochéa sont semés de rencontres, des personnages qui ont une histoire, une origine et un havre de paix.

Dans ce récit hautement travaillé, riche de culture, Hubert Haddad fait vibrer l’usure d’un vieil, à l’image de tant d’exilés, qui n’attend plus qu’un tourbillon l’emporte au ciel.
« On aimerait mourir débarrassé de toute croyance. »

Les amoureux de la plume de Hubert Haddad seront conquis par ce nouveau roman. La construction et la culture de l’auteur peuvent décontenancer les lecteurs peu habitués à cet univers. Personnellement, j’ai beaucoup aimé la sensibilité d’Hochéa Meintzel.
 » Juifs ou Palestiniens, la haine est un suicide. Nous sommes une même âme, un même chant d’avenir. »

Auteur

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Commentaires



17 janvier 2017 à 12 h 06 min

Mais finalement, il va à Pondichéry, ou est-ce qu’il reste sur la côté ouest de l’inde?
En tout cas ce roman m’a l’air de mêler plusieurs thèmes intéressants, qui me sont chers. Merci pour cette découverte.



    17 janvier 2017 à 13 h 30 min

    C’est un peu la difficulté du livre car Hubert Haddad utilise différents noms des lieux ( Madras ou Chennai, Kochi, Cranganore qui est juste au-dessus, ghâts occidentaux, côte du Malabar, Etat du Kerala…)
    Donc oui, il va à Pondichéry avec Mutuswami. C’est là qu’il voit ce qui ressemble à de la neige mais n’est qu’une pollution au phosphore.
    Ensuite, il va seul au Kerala vers Kochi ( Cochin), haut lieu d’exil juif ( légende d’Adonias) et se retrouve à la synagogue bleue.
    Une carte en début de livre aurait peut-être été la bienvenue pour suivre son trajet.



      Sev
      17 janvier 2017 à 13 h 34 min

      Chouette 🙂 J’ai voulu visiter cette synagogue lors de mon passage à Cochin, mais malheureusement elle était fermée. L’extérieur est très discret, à part une plaque, on ne peut pas vraiment deviner ce qui se cache drrière la porte!



      17 janvier 2017 à 14 h 53 min

      On apprécie encore mieux un roman lorsqu’il nous rappelle les lieux que nous avons visité et aimé.



17 janvier 2017 à 14 h 03 min

Pourquoi pas, la façon dont tu en parles me fait dire que je pourrais aimer. J’ai adoré Le peintre d’éventail et Ma.



17 janvier 2017 à 15 h 24 min

La couverture est magnifique! Il me tarde de découvrir cet auteur dont j’entends le plus grand bien…







Laure Micmelo
30 janvier 2017 à 23 h 20 min

Ca me parait très poétique comme livre, je garde un tel souvenir du peintre d’éventail.



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