Titre : Trois saisons d’orage
Auteur : Cécile Coulon
Éditeur: Viviane Hamy
Nombre de pages : 272
Date de parution : 5 janvier 2017

 » Les Fontaines. Une pierre cassée au milieu d’un pays qui s’en fiche. Un morceau d’un monde qui dérive, porté par les vents et les orages. »
Tout s’inscrit dans ce lieu puissant, sauvage avec les Trois-Gueules, un défilé de roches grises qui vous prend entre ses dents. Les frères Charrier y ont amené des ouvriers pour y tailler la pierre. Les ouvriers, ces fourmis grises se sont installés, créant le village des Fontaines, bousculant un peu les paysans.
Comme dans tout village, l’intimité y est réduite. Les natifs se soutiennent mais celui qui n’est pas né ici, si il est accepté ne fera jamais partie des leurs. Comme Clément, le prêtre qui, pourtant sait les faiblesses des uns et le silence des autres.
André, médecin lyonnais a choisi de s’installer dans une superbe maison, La Cabane, dans les Haut-Bois. Dans ce lieu grandiose, il tente d’oublier les fantômes d’enfants tués par des bombardements des Alliés ou de ceux qu’il n’a pas pu sauver.
Homme sûr de lui, médecin courageux et compétent, il parvient à se faire accepter aux Fontaines.
Quelques années plus tard, Élise, une femme rencontrée furtivement une nuit de déprime à Lyon avant sa fuite vers Les Fontaines, lui amène Benedict, son fils.
L’enfant voue immédiatement une adoration béate pour son père et, en grandissant, n’aura qu’une envie, lui ressembler et être médecin aux Fontaines.
Adulte, devenu un homme bon mais sans le charisme de son père, il s’installe à La Cabane avec Agnès, une intellectuelle qui allie grâce et beauté. Benedict «  était tombé amoureux d’elle parce qu’il ne pouvait pas la posséder. »
 » Elle détenait cette force qu’il ne possédait pas, cette capacité à se mouvoir gracieusement où qu’elle aille, à donner l’illusion de maîtriser les éléments qui l’entouraient, à inspirer les personnes qu’elle rencontrait. »
Bérangère, leur fille sera la première de cette lignée à naître aux Fontaines. Si elle n’a pas la beauté de sa mère, elle a la volonté de son grand-père. Sa vie sera aux Fontaines et elle se lie très jeune à Valère, l’un des fils d’une des plus grandes familles de paysan.

En insistant sur la force des lieux, sur les caractères de ses personnages, Cécile Coulon tisse patiemment la trame dramatique de cette histoire. Pas de découvertes historiques ou géographiques, pas de réflexion psychologique dans ce roman mais une belle et grande histoire de famille qui prend sa force dans les pierres, la nature sauvage, dans les sentiments passionnés de ses habitants, dans les passions incontrôlables.
A la manière de Ron Rash ou Robert Goolrick, Cécile Coulon a cette puissance narrative, cette façon de jouer avec les forces maléfiques, les signes de bénédiction pour ferrer son lecteur dans une histoire, qui, même si l’on se doute parfois des évolutions, vous emmène là où « la lumière engloutissait les hommes. »

Ne manquez pas l’avis enflammé de Bric a Book.

Auteur

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Commentaires

6 février 2017 à 19 h 10 min

Je souhaite lire Cecile Coulon depuis longtemps. Je l’ai dans ma PAL. J’espère qu’il me plaira aussi!



6 février 2017 à 19 h 32 min

Il faudrait que je dépasse ma première rencontre avec cet auteur et la retrouver



6 février 2017 à 20 h 57 min

Les références que tu donnes m’incitent à relire cette auteure. Je n’avais pas aimé un de ses romans (son premier peut-être…).



7 février 2017 à 13 h 29 min

Une belle puissance dans l’écriture oui, une force d’évocation singulière et un univers qui la distingue des romanciers contemporains souvent très auto-centrés.



7 février 2017 à 15 h 59 min

Si tu parles de Ron Rash, je suis tout ouïe… je pensais bien essayer de relire Cécile Coulon, ce sera avec ce roman !



7 février 2017 à 20 h 43 min

Un roman magnifique… Cécile Coulon est une grande <3



eimelle
8 février 2017 à 7 h 59 min

je n’ai encore rien lu d’elle, mais il va falloir que j’y remédie rapidement!



9 février 2017 à 14 h 53 min

Son précédent m’était tombé des mains, alors j’hésite à lire celui-ci.



    9 février 2017 à 15 h 10 min

    Le coeur du pelican? Je ne l’ai pas encore lu.
    Je ne pense pas que celui-ci peut te tomber des mains. Je l’ai préféré à Le roi n’a pas sommeil. Maintenant c’est une belle et grande histoire ancrée dans un environnement naturel qui a de la force. Comme je le dis dans ma chronique, on reste dans cette histoire.



9 février 2017 à 23 h 40 min

ne fait-il pas l’unanimité ce livre? Tes comparaisons sont bien élogieuses et il me tarde de le lire!



9 février 2017 à 23 h 56 min

Je viens de le finir, je suis étonné que personne n’ait encore fait le rapprochement avec le roman Une Histoire sans nom, de Barbey d’Aurevilly, dont Coulon fait ici une réécriture parfois mot à mot ! ça mérite d’être creusé, il y a quelques différences entre les deux textes…



    10 février 2017 à 8 h 34 min

    Parce que peu de gens, dont moi, malheureusement, ont lu ce livre de Barbey d’Aurevilly. De cet auteur, je n’ai lu que L’ensorcelée. Une très bonne lecture d’ailleurs.
    Merci pour cette information. A priori, s’inspirer d’un roman du XIXe pour bâtir une histoire plus moderne ne me choque pas.
    Peut-être une occasion de relire cet auteur.



      10 février 2017 à 11 h 05 min

      C’est un roman assez court et on retrouve tous les éléments de l’intrigue de Coulon, jusqu’aux figures de style qui sont les mêmes : Aurevilly compare les habitants du village à des mouches, et Coulon à des fourmis, etc…



11 février 2017 à 17 h 18 min

Dans ma PAL. Compte tenu des éloges dithyrambiques, je pense que je vais le hisser sur le dessus de ma pile !



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