Malte

Titre : Le garçon
Auteur : Marcus Malte
Editeur : Zulma
Nombre de pages : 544
Date de parution : 18 août 2016

Les auteurs de romans noirs ont décidément les bons codes pour écrire un grand récit humain ancré dans le début du XXe siècle. On se souvient du succès de Au revoir là-haut de Pierre Lemaître. Marcus Malte nous offre ici un superbe roman d’initiation couvrant en cinq parties la période de 1908 à 1938.

C’est portant sa mère mourante que nous découvrons Le garçon, un enfant mutique sans nom. Si elle lui avait qu’il fallait brûler son corps à sa mort, elle ne lui avait pas dit ce qu’il faudrait faire après. Il part donc découvrir le monde et découvre son humanité en croisant un attelage et deux chevaux.
Dans un hameau, il est accueilli par un groupe de quatre familles dirigé par Joseph, un ancien maître, propriétaire de grandes exploitations qui a compris à la mort de sa femme qu’il fallait éradiquer cette mauvaise relation maître, valet. Le garçon ne ménage pas sa peine pour participer aux travaux des champs, apprend la vie en communauté jusqu’à ce que le groupe l’exclut le tenant responsable des malheurs.
Avec Brabek, un ogre enchanteur et lutteur nomade, le garçon apprend l’itinérance et l’amitié. Ce  » Quasimodo » au coeur tendre regrette que les hommes passent leur temps à durcir leur coeur, peut-être pour survivre. De cette rencontre, en mémoire de Brabeck, le garçon conserve la roulotte et cet hongre robuste envers lequel il gardera un amour et une responsabilité éternels.
Chaque rencontre se conclut par une perte. Existe-t-il « un endroit où l’on pourrait vivre et demeurer à jamais avec les êtres qui sont chers à notre coeur? »
C’est un accident qui le met sur la route de la jeune mélomane Emma. Soigné par la jeune fille et son père, cette étape est l’occasion de découvrir une famille, la musique et l’amour. Malheureusement la guerre viendra estomper cette sensation de stabilité. Le garçon découvre l’horreur des champs de bataille, devenant malgré tout un héros, un vainqueur étonnamment protégé par sa robustesse ou par la chance.

Cette grande épopée d’un garçon inculte, sûrement plus apte à déceler la folie des hommes dans le chaos du monde est soutenue par un style aux différentes facettes. Les phrases sont courtes, rythmées, palpitantes lorsque l’auteur décrit la rencontre des corps, la passion aux sonorités de l’orage, les combats. Les lettres d’Emma vives, poétiques, coquines viennent s’intercaler avec les récits du front. L’auteur peut citer des pages de membres d’une lignée royale ou enchaîner douze pages de noms de soldats morts au combat. Ou couper la trame romanesque en scandant des évènements qui se sont passés « Cette année-là »
Lyrisme, métaphores, le style est fortement travaillé s’inscrivant dans le registre des auteurs dont il s’inspire en évoquant Notre Dame de Paris, en choisissant les prénoms d’Emma ou de Mazeppa.
Et pour compléter cette richesse déjà bien grande, Marcus Malte ne se prive pas de lancer quelques petites phrases intemporelles sur les travers de l’humanité.
«  Députés, sénateurs, ministres : une minable clique d’affairistes seulement occupés à leurs petits micmacs comptables. »
 » La guerre… est l’apanage de notre espèce »  » elle est le principal caractère dans la définition de l’humanité. »

Un roman d’une grande richesse, où la sauvagerie du monde vient bousculer la naïveté d’une âme pure.

Je remercie Joëlle, Eimelle et Edyta qui m’ont accompagnée pour cette lecture commune.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

27 février 2017 à 10 h 01 min

Ce livre a l’air de beaucoup plaire, c’est une période du XXe siècle que j’aime découvrir. L’écriture a l’air aussi de qualité. Je me fais la promesse de le lire.



27 février 2017 à 10 h 21 min

Merveilleux Marcus Malte… Inégalable ce roman !





27 février 2017 à 11 h 19 min

Que d’avis enthousiastes sur ce roman, il faut vraiment que je le lise…!



stephanieplaisirdelire
27 février 2017 à 11 h 26 min

Oh je note !





27 février 2017 à 11 h 29 min

Euh ! unanimes avant d’avoir lu le billet d’Edyta… 😉



27 février 2017 à 12 h 24 min

un ouvrage qui me fait un peu peur…mais qu’il va bien falloir que je lise un jour!



    27 février 2017 à 14 h 17 min

    Il est assez volumineux, c’est pour cela qu’il a un peu traîné dans ma bibliothèque. Mais pas de crainte, il se lit bien grâce au rythme et aux différentes étapes et variétés de style.





27 février 2017 à 13 h 19 min

Un roman riche et absolument somptueux !



eimelle
27 février 2017 à 17 h 19 min

un sacré livre! Merci pour cette LC!



27 février 2017 à 19 h 22 min

Éblouissant roman, ça fait plaisir d’en lire un si bel avis 😉



27 février 2017 à 21 h 31 min

Malgré toute la richesse, ce roman ne m’a pas marquée autant que je l’espérais mais je ne regrette absolument pas de l’avoir lu. Merci pour cette lecture commune 🙂



    28 février 2017 à 21 h 44 min

    Je dois dire qu’au début de ma lecture je craignais de ne pouvoir entrer dedans. Mais j’ai ensuite été assez bluffé par le style, les enchaînements de parcours de vie. Et j’ai vraiment aimé la passion qui émanait des scènes d’amour et de guerre.





3 mars 2017 à 11 h 22 min

Excellent, un très grand roman d’aventures



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