Titre : L’insoumise de la Porte de Flandre
Auteur : Fouad Laroui
Éditeur : Julliard
Nombre de pages : 131
Date de parution : 17 août 2017

Vêtue du hijad sur une ample djellaba noire, Fatima sort du domicile familial dans un quartier de Molenbeek, elle va traverser le pont de Flandre, celui qui enjambe le canal qui sépare les Marocains des Belges, et rejoindre le centre de Bruxelles. Jeune fille cultivée, intelligente, elle est en proie à un conflit d’identité entre celle qu’on l’oblige à être et celle qu’elle se sent être. Comme plusieurs femmes en forme de poupées gigogne. Elle refuse la place de la femme soumise à un mariage programmé avec Fawzi. Pourquoi n’aurait-elle pas droit de s’asseoir en terrasse, de faire de la politique? Comme une provocation, avec ses pensées qu’elle doit taire, elle va se dénuder pour être enfin elle-même.

Ce chemin de Molenbeek à cette rue de Bruxelles où Fatima se rend en secret, nous le refaisons avec Fawzi. Il suit sa promise pour veiller sur son corps.
«  Il l’enveloppe du regard pour la soustraire à celui des autres. »
Fawzi n’était pas un bon élève, il ne sait pas grand chose. Il a surtout retenu les «  quelques certitudes frisant le dogme, indiscutables. Il sait que l’honneur se lave dans le sang. »

Troisième point de vue sur cette filature, celui d’Eddy, un journaliste free-lance qui perçoit le manège de Fatima et Fawzi. Déformation professionnelle, vigilance citoyenne, Eddy flaire le scoop, pourquoi pas l’attentat.

Ce regard ironique et cynique sur la différence de culture touche à son paroxysme lorsque des intellectuels débattent de l’évènement. D’un drame personnel, ils en font un plaidoyer contre Daech.
«  Nous sommes tombés dans le piège de Daech, faute de ne pas connaître l’Histoire, ou plutôt de ne connaître que celle des vainqueurs. »
Un débat intéressant mais bien trop court. J’en retiendrais un dialogue de sourd d’une élite qui ne veut pas mettre les pieds à Molenbeek et qui dresse trop rapidement des généralités.

Par contre, je n’oublierai pas cette jeune femme qui se veut insoumise. C’est elle qui a le pouvoir de changer les choses. Elle est le symbole d’une femme qui ne veut pas être réduite à son corps, ce corps qu’elle doit pouvoir libérer sans aucune entrave, sans aucun risque de susciter la concupiscence.

Ce court roman est une belle image qui ouvre sur un vaste débat.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

20 novembre 2017 à 18 h 50 min

Cela me parait très intéressant



21 novembre 2017 à 12 h 05 min

Ta chronique me donne envie de le lire



21 novembre 2017 à 14 h 30 min

Le problème est que je trouvé que c’était vraiment très effleuré, et que cela aurait mérité d’être développé !



22 novembre 2017 à 10 h 59 min

La quatrième de couverture avait attiré mon attention à sa sortie et ton avis me donne envie de le découvrir



22 novembre 2017 à 12 h 10 min

Une lecture de cette rentrée littéraire que j’avais beaucoup aimé.



22 novembre 2017 à 13 h 55 min

J’aimerais beaucoup le lire, il me paraît très intéressant. Je le note.
Daphné



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