Titre : La beauté des jours
Auteur : Claudie Gallay
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages: 416
Date de parution : 16 août 2017
Selon Platon, nous étions à l’origine des êtres complets, séparés ensuite par la colère de Zeus. Depuis chaque moitié recherche inlassablement son autre part. Autre part qui se matérialise en l’être aimé mais pourquoi pas aussi dans cette autre facette d’une personnalité. La plénitude ne peut être atteinte qu’à la réunion harmonieuse des deux parties originelles.
Lorsque les enfants quittent le nid, que la moitié d’une vie s’est écoulée avec satisfaction et entrain, on peut se demander ce que l’on va faire maintenant de l’autre moitié.
Jeanne est une femme d’habitudes. Vacances annuelles à Dunkerque, un mari adorable qui lui ramène un macaron chaque mardi, un travail routinier à la Poste, une seule amie, Suzanne en pleine crise de divorce et une famille à proximité.
Elle est aussi une femme sensible, elle « subissait sa vie plus qu’elle ne la décidait ». Un manque de confiance qui vient de l’enfance. Du regard que le père n’a jamais posé sur elle, une « fendue » née après son seul fils mort-né.
Elle met un peu de piment dans sa routine, en imaginant une rencontre possible entre un homme aux cheveux gris assis dans le train de 18h01 qui passe au bout de son jardin et une dame au chapeau bleu assise dans le train suivant. Elle attend le soir la venue d’un renard, elle suit des inconnus dans la rue et retrouve ainsi Martin, un amour de jeunesse.
« Faut-il revenir sur ce qui avait été raté? »
Et surtout, elle se passionne pour une artiste serbe, Marina Abramovic, une femme qui défie toutes ses peurs. Elle, ne se contente pas de vivre.
« J’ai eu peur de tout. Tout le temps. J’ai toujours tout pris au sérieux, mon mariage, la maison, les filles. Tu vois bien comme je suis! J’ai des filtres. Abramovic m’ai de à me sentir plus légère. »
A cet instant de sa vie, Jeanne sent que si elle ne bouge pas, elle va tomber. Doit-elle oser vivre ses rêves? Peut-elle donner une vraie place à cette autre facette d’elle-même?
Jeanne, cérébrale, mélancolique, désoeuvrée pourra déplaire à certains. La simplicité de la vie, cette douceur à la Rohmer, peut lasser les amateurs d’action.
Mais « c’est les petits riens sans importance qui font les vies superbes » ….et les romans d’une grande sensibilité.
Claudie Gallay retrouve enfin, depuis Les déferlantes, la juste mesure de l’émotion en gardant cette force qui lui vient de ses origines paysannes et la grandeur de ses personnages secondaires ( Suzanne et la petite Zoé notamment). Elle insère dans la beauté des choses simples l’originalité de l’artiste avec cette figure exceptionnelle de Marina Abramovic ( peut-être pas suffisamment présente pour moi) et cette évocation de la création de Christian Boltanski ( Les archives du coeur) sur l’île japonaise de Teshima.
Si Claudie Gallay écrit un essai sur Marina Abramovic, dans la veine de Détails d’Opalka ( qui sortira en format Babel en mars 2018, ne le ratez pas!), je suis cliente.
Commentaires
Je pense que je vais trouver le moyen de me le faire offrir pour Noël 😉
Ce serait un beau cadeau
Hello ! je suis en train de le terminer et je dois dire que j’ai clairement préféré le style utilisé dans les déferlantes mais c’est tout personnel. Cela reste un roman qui se lit vite (les chapitres sont hyper courts) mais effectivement j’ai bien aimé les personnalités des protagonistes. bon week-end!
Ma lecture des déferlantes est assez ancienne (lors de sa parution). Je me souviens en être sortie avec un coup de coeur. Serait-ce encore le cas aujourd’hui? En tout cas, je n’avais pas aimé Ma part de ciel. Et je te conseille sans hésitation Détails d’Opalka
merci pour les conseils ! j’ai lu les déferlantes à sa sortie en poche (cela fait un bout de temps aussi cela dit) et je l’avais adoré (et gardé d’ailleurs!) mais effectivement, je ne sais pas si une relecture actuellement me donnerait le même sentiment. Cependant, je pense qu’on peut dire ça de tous nos coups de coeur, cela dépend de notre humeur, notre sensibilité du moment.. pleins de paramètres entrent en compte. J’irai voir à la bibliothèque si je trouve Détails d’Opalka 🙂 bonne journée!
Eh bien, j’y reviendrai peut-être…J’ai commencé avec Seule Venise, dont j’ai aimé le sujet mais pas l’écriture( en particulier la façon d’écrire les dialogues ) , mais Les déferlantes, j’ai adoré! Puis L’amour est une île, j’ai abandonné. mais là, tu me tentes.
Il me semble qu’avec ce titre, elle renoue avec l’émotion juste. Ses derniers romans m’avaient déçue.
J’ai aussi beaucoup aimé ce roman, sa lenteur toute douce et réaliste, les personnages attachants. Et lorsque j’ai fait l’interview de Claudie Gallay, j’ai découvert une femme formidable. J’ai adoré ses réponses. 🙂
Sa culture artistique est impressionnante. J’aime quand elle s’en inspire dans ses écrits. Sur ton blog l’interview? Je vais aller fouiner
Oui sur le blog 🙂
J’aime Claudie Gallay, ce roman me tente bien.
Une belle occasion de relire cette auteure
Je vais bientôt lire Les déferlantes mais ce roman me tente beaucoup aussi.
Je suis curieuse de savoir si Les déferlantes me plairait toujours autant aujourd’hui mais j’ai tant de livres à lire que je n’ai pas le temps de faire des relectures
Je pense que je préférerais un essai sur Marina Abramovic… c’est sa présence qui m’attire dans ce roman, pas trop les états d’âme du personnage principal.
Oui, moi aussi je suis partante pour un essai sur Marina Abramovic. Il le semble avoir lu que c’était l’intention première de l’auteure. As-tu lu Détails d’Opalka?
un très bon moment de lecture pour moi aussi!
Il est dans ma liste de romans à lire, j’ai hâte que son tour arrive !
Les listes sont longues, chacun son tour
Un très beau roman de l’auteure. Même si je suis moins sensible à Abramovitch qu’à Opalka.