Titre : Une longue impatience
Auteur : Gaëlle Josse
Editeur : Notabilia
Nombre de pages : 192
Date de parution :  4 janvier 2018

Après la mort d’Yvon, Anne se retrouve seule et misérable avec son fils Louis. Etienne, le pharmacien, amoureux d’elle depuis l’enfance lui propose le mariage. Il aimera Louis comme son fils, promet-il.
Le couple a deux enfants qui relèguent un peu Louis dans le coeur d’Etienne. L’adolescent peine à se trouver. Un soir d’avril, Etienne le frappe à coups de ceinture. Louis s’enfuit.
Anne apprend qu’il s’est embarqué sur un navire et reviendra en décembre.
Commence alors pour cette mère blessée une longue attente.
«  Je suis seule, face à l’immense de l’océan, face à l’immense de mon amour absent, face à l’océan vide, face au trop-plein de mon coeur. Je marche, et je cherche ma place dans ma propre histoire. »
Elle s’occupe de ses deux autres enfants, en veut presque silencieusement à Etienne qui l’a sauvée et détruite et se promène chaque jour sur la lande guettant le retour des bateaux.
Elle écrit de longues lettres à son fils lui décrivant successivement ingrédient par ingrédient le repas qu’elle préparera pour le retour du fils, ce roi en exil. Elle détaille avec gourmandise les crêpes, fruits de mer, poissons, légumes nous faisant miroiter cette journée exceptionnelle avec ses couleurs, ses goûts, ses parfums.
C’est sa manière à elle de dire combien elle sera heureuse de l’accueillir, «  le goût de nourrir, de rendre heureux de cette façon-là »

Quelle douceur dans ce récit! Comme Etienne, j’aime cette femme, « habitée d’absents, cousue d’attentes, de cauchemars et de désirs impossibles ». Cette mère qui court sur la lande, s’inquiète au plus profond de son coeur muselant ses craintes pour ne pas peiner son entourage. Cette femme d’une grande simplicité qui souffre en silence des regards envieux des habitants aux vies étriquées de ce village de province.

Comme Anne, attendant son roi en exil, Gaëlle Josse tisse cette toile avec tous les petits éléments de vie qui ont construit cette femme, cette mère débordant d’amour maternel. Au fil des pages, la douleur de l’absence grandit mais avec tant de pudeur, de retenue que l’émotion monte graduellement. Alors un simple mot de pardon d’Etienne me fait chanceler et la boule d’émotion finit par éclater lors du dénouement.
Il y a tant de grâce dans ce récit qu’il est impossible d’en parler sans être dégoulinant d’émotion.

Un des plus beaux textes qu’il m’a été donné de lire.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

9 février 2018 à 13 h 21 min

Bonjour
Une longue impatience a été un coup de coeur; l’érciture est aussi belle que dans Les Heures silencieuses: une écriture sobre, une grande sensibilité et une psychologie fine des personnages principaux, ici Etienne et surtout Anne. C’est écrit au « je », on vit avec Anne, sa douleur, son désarroi; elle attend le retour de son fils (il ne semble pas répondre aux lettres que sa mère lui écrit, décrivant le festin de Babette qu’elle fera au retour du fils prodigue) On vit son dédoublement: sauver les apparences même si on est quasi morte à l’intérieur…Elle vit une autre impatience: Etienne, qu’elle aime encore, va-il enfin demander pardon…il le fera mais trop tard. Cela se passe dans les années 50 en Bretagne mais ma paraît intemporel.



9 février 2018 à 14 h 00 min

Un très beau roman,tu as raison.



9 février 2018 à 16 h 52 min

Comme il a l’air beau ce roman…



9 février 2018 à 21 h 48 min

Mon premier coup de cœur de l’année.



11 février 2018 à 19 h 38 min

je vais démarrer la lecture dans quelques jours/semaines. Ta phrase finale se passe de commentaires!!!



Domie
17 février 2018 à 16 h 42 min

Quel style ! On est emporté dés la première page , on vit avec elle toute cette impatience de retrouver ce fils qui la ramène à sa vraie vie , à ce qu’elle est au plus profond d’elle même . L’émotion est toujours présente , mais la fin ,surprenante, m’a arraché une larme Tristesse et beauté qui ne peuvent venir que de l’amour désintéressé d’une mère .
J’admire l’écriture de cette écrivaine qui nous emmène à chaque roman dans des univers différents , avec un talent extraordinaire .



18 février 2018 à 14 h 18 min

Olalala, ah oui tout de même !



9 août 2018 à 17 h 39 min

J’ai lu ce roman et comme toi, il m’a bouleversée. Quelle pudeur et quelle écriture ! J’ai été conquise par cette écrivaine que je relirai sans doute.



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