Titre : Né un mardi
Auteur : Elnathan John
Littérature nigériane
Traducteur : Céline Schwaller
Éditeur : Métailié
Nombre de pages : 272
Date de parution :  18 janvier 2018

Il s’appelle Dantala, ce qui veut dire « Né un mardi ». En 2003, il a à peu près dix ans, il est le plus jeune de la bande des voyous de Buyan Layi qui vivent sur des cartons sous le kuka. Ils fument de la wee-wee, mendient ou travaillent pour les candidats du Petit Parti.
C’est lors d’une mission pour incendier la maison du Grand Parti que son ami, chef de la bande se fait tuer. Isolé, Dantala retourne près de son village natal à Sokoto.
«  Tout ce qui arrive est la volonté d’Allah. » répète sans cesse Dantala qui avait été envoyé par ses parents à l’école coranique.
A Sokoto, dépouillé de son argent, il traîne près de la mosquée. L’imam Sheikh Jamal lui fait confiance et le prend sous son aile. Son érudition, sa tolérance sont pour le jeune garçon des atouts qu’il recherche dans une figure paternelle.

Avec Dantala, Elnathan John nous montre les complexités des rivalités religieuses. Le jeune garçon, curieux et intelligent, observe, tente de comprendre. Ses deux frères se sont engagés dans l’armée chiite.

«  Je regrette que tout n’est pas dans le Coran, toutes les questions à propos desquelles les gens se battent… »

Malam Abdul-Nur, l’adjoint de l’imam a des positions plus radicales contre l’Amérique. Il craint les idées et l’éducation libérale des Européens. De retour d’Arabie Saoudite, il s’oppose au modéré Sheikh Jamal en créant un mouvement moudjahidine. Violent, il contraint son jeune frère, le meilleur ami de Dantala à travailler pour lui.
Les violences se multiplient mettant à feu et à sang le quartier de la mosquée de Sokoto. Dantala penche naturellement vers la bienveillance et l’érudition de l’imam. Lui qui s’obstine à apprendre, l’anglais, l’informatique, ne supporte pas l’incendie de la bibliothèque.

«  C’est le jour où est née ma colère envers les chiites. Mais ma peur, elle, est née avec ces uniformes de police, ces fusils, ces barrages routiers. »

Ce premier roman d’Elnathan John a la violence d’une situation au Nigéria que l’auteur connaît bien mais il a aussi la lumière de son personnage principal. C’est en écoutant les débats entre l’imam et son adjoint, en interrogeant ses frères chiites, en observant que Dantala grandit. Face à la violence des uns, la compréhension des autres, il poursuit son chemin découvrant les valeurs de l’amitié, puis l’amour et gardant toujours un regard curieux et ouvert sur le monde.

Parti d’une courte fiction primée  par le Caine Prize ( prix littéraire annuel décerné depuis 2000 à la meilleure nouvelle publiée en anglais en Afrique ou ailleurs par un auteur africain), Elnathan John construit un roman d’apprentissage dense et éclairé. L’auteur nous plonge, y compris avec un vocabulaire local quelquefois mystérieux, au cœur du chaos où la survie est parfois pire que les coups. 

Un auteur à suivre.

Je remercie Inganmic  de m’avoir accompagnée pour cette lecture. Retrouvez son avis ici.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

15 avril 2018 à 18 h 14 min

Merci à toi pour cette lecture commune, elle m’a beaucoup plu à moi aussi. Le fait que l’auteur déroule son récit du point de vue d’un jeune nigérian des classes populaires, lui permet, je trouve, de mettre d’autant plus en évidence l’absurdité et la violence des antagonismes religieux et ethniques.



15 avril 2018 à 18 h 28 min

Ta chronique est très intéressante. J’avoue que je n’aurais pas remarqué ce livre sans t’avoir lue.



15 avril 2018 à 18 h 46 min

Oh je veux le lire celui-ci, ce que vous en dites toutes les deux est très persuasif.



16 avril 2018 à 11 h 15 min

il m’attend dans ma pal et j’espère le lire très vite!



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