Titre : Le chemisier
Auteur : Bastien Vivès
Éditeur : Casterman
Nombre de pages : 208
Date de parution : 12 septembre 2018

Bastien Vivès…Deux fois récompensé au Festival d’Angoulême, il me tardait de découvrir ce petit génie de la bande dessinée. Son talent, me semble-t-il, est de mettre en dessins à la fois rapides et travaillés dans le mouvement un monde moderne aux personnages féminins un peu désenchantés. L’auteur attire par la sensualité, voire provoque par sa limite avec la pornographie. Dans Le chemisier, Séverine m’a quelque peu désarçonnée par son comportement.

Étudiante en Lettres modernes assez banale, effacée, Séverine vit à Paris avec son petit ami plus attiré par les écrans et ses sorties entre copains que par sa vie de couple. Alors qu’elle faisait du baby-sitting, la petite fille qu’elle gardait est malade et salit son tee-shirt. Le père lui prête un chemisier en soie de sa femme. Ce vêtement va la transformer. 

D’une jeune fille éteinte, repliée sur elle-même…

Elle devient, avec le chemisier, une pin-up à la taille fine et à la poitrine opulente.

Quand elle le porte, elle sent le regard des hommes. Elle se sent en confiance, ose et réussit. Elle qui paraissait si effacée reçoit des déclarations d’amour, monte dans la voiture d’inconnus, fait l’amour avec le premier venu. 

Comme elle n’a aucune réponse du propriétaire du chemisier, elle le porte en permanence jusqu’à le salir, l’arracher.

J’avoue avoir eu beaucoup de mal à comprendre cette fille. Certes, de beaux vêtements, inhabituels peuvent vous faire sentir plus sensuelle, différente. Mais de là à bousculer tous les tabous. Enfin, inutile d’essayer de comprendre cette métamorphose si spectaculaire. L’essentiel est d’apprécier comment Bastien Vivès met Séverine en scène. Et là, c’est particulièrement remarquable. Ce petit air triste, mélancolique est particulièrement bien mis en dessins. Sans de longs discours, le désœuvrement de cette jeune fille est évident. Insatisfaite de sa vie de couple, le chemisier de soie lui ouvre des portes.

J’aime aussi le regard de l’artiste sur une société très actuelle, envahie par les écrans, soumise à la violence urbaine et au terrorisme. Une société qui déroute certains idéalistes. Et il faut parfois bouleverser les codes pour trouver le chemin du bonheur. 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

17 octobre 2018 à 11 h 21 min

J’ai toujours eu beaucoup de mal avec le trait et l’univers de Vivès… Du coup, j’hésite…



    18 octobre 2018 à 20 h 12 min

    Le trait ne m’a pas paru si marqué. Par contre l’univers ne me semble pas si courant en BD. Mais je ne suis pas une spécialiste du domaine.
    Avis assez mitigé chez moi. J’aime le trait, le regard sur l’environnement actuel mais l’histoire et le personnage me laissent assez indifférente.



19 octobre 2018 à 9 h 50 min

C’est ce que j’aime chez cet artiste : en peu de dessin nous saisissons la situation.



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