Titre : Marina Tsvétaïeva, mourir à Elabouga
Auteur : Vénus Khoury-Ghata
Éditeur : Mercure de France
Nombre de pages : 208
Date de parution : 3 janvier 2019

 

«  L’amour de l’amour, l’amour de l’écriture, tes deux viatiques, ont tenu ta tête hors de l’eau jusqu’à Elabouga. »

Fille de la bourgeoisie, mariée en 1912 à un traître à la révolution, Marina Tsvétaïéva est passible de prison ou de déportation. Pendant la Révolution russe, bon nombre d’intellectuels furent fusillés. Malgré son talent et le soutien de poètes officiels comme Boris Pasternak, Marina vit dans la misère. Sa poésie non conforme à l’esthétisme communiste n’est pas publiable.

Sergueï Efron ( Serge), son mari part se battre avec l’armée des rebelles. Marina doit conduire sa plus jeune fille à l’orphelinat où elle mourra de faim. Quand elle retrouve Serge à Berlin, ils partent s’installer à Paris où la diaspora intellectuelle la rejette.

 » Je suis inutile en France et impossible en Russie. »

Il faut dire que Marina est « une grande poète, grande amoureuse, grande gueule. »
Avec ses robes de gitane, ses convictions qui dérangent, Marina reste partout une  étrangère, sauf face à ses cahiers d’écriture.

Serge est bien incapable de la protéger et Marina a besoin qu’on l’admire, qu’on l’aime, qu’on la rassure. Elle enchaîne les liaisons avec hommes et femmes pour vivre intensément.
D’une correspondance soutenue, elle vit une passion épistolaire avec Boris Pasternak. Mais tous ses amants finissent toujours par l’abandonner.

Avec son fils, Mour, qu’elle dit né de trois pères, Marina rejoint sa fille Alia et Serge en Russie. Pendant la seconde guerre mondiale, Alia est déportée à la Loubianka. Serge est arrêté.Marina est rejetée malgré le soutien de Pasternak. Elle se retrouve en exil à Elabouga où la misère et la solitude finissent de l’épuiser.

«  Tu pars le cœur gros de ressentiments contre la France qui ne t’a pas reconnue, contre la Russie qui exile, fusille ses poètes qui ne se prosternent pas devant le pouvoir. »

Vénus Khoury-Ghata compose ce récit à la seconde personne du singulier. Ce choix littéraire amplifie le sentiment d’accusation. Infidèle, rebelle, Marina paraît excessivement égoïste face à un mari aimant ou à sa fille Alia qu’elle considère souvent comme une bonne. Il est bien difficile de s’attacher à cette poétesse en mal d’amour et de reconnaissance. Ainsi le lecteur en vient à vivre ce que tous ceux qui l’ont côtoyée ont ressenti.
Les quelques extraits de ses poèmes montrent toutefois tout le talent de l’artiste mais finalement, elle reste « seule et misérable, riche de mots » qu’elle envoyait « dans toutes les directions ».

Un roman sans concession qui m’a fait découvrir une poétesse russe, peut-être injustement reconnue et réhabilitée dans les années 60.

Marina Ivanovna Tsvetaïeva  est une poétesse russe née à Moscou en 1892  et morte à Elabouga le .

 

Auteur

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