Titre : Le vent reprend ses tours
Auteur : Sylvie Germain
Éditeur : Albin Michel
Nombre de pages : 224
Date de parution : 24 avril 2019

On me demande parfois comment je choisis mes lectures.
Le sujet, l’univers, la promesse d’une découverte sont pour moi les éléments essentiels. Parfois, cela transparaît dans le titre ou sur la photo de couverture. Souvent, quelques mots dans le résumé en quatrième de couverture m’interpellent.
Et puis quelquefois, seul le nom de l’auteur m’assure tous ces critères. Sylvie Germain fait partie de ces écrivains. Depuis mes lectures de Magnus ou Tobie des marais, j’ai l’assurance d’être en parfaite adéquation avec ce que j’aime lire. Non pas que l’auteur ne se renouvelle pas, mais depuis de nombreuses années, elle construit une œuvre cohérente semblable à une quête spirituelle grâce à ses personnages profondément humains et porteurs de la mémoire de l’Histoire.

Sylvie Germain, c’est d’abord une écriture. L’auteur maîtrise les mots, les agence pour former des phrases à la fois mélodieuses et lourdes de sens. Je viens de lire une phrase significative dans un livre de Céline Lapertot qui s’applique aussi parfaitement au style de Sylvie Germain.
 » C’est toute la difficulté de l’écriture, quand on ne souhaite pas seulement qu’elle donne à voir, mais qu’elle donne aussi à sentir. »
Sylvie Germain, Jeanne Benameur, Gaëlle Josse, Gwenaëlle Aubry, Carole Zalberg, Céline Lapertot…font partie de ces écrivaines qui me donnent à sentir en plus de voir.
Sylvie Germain a aussi ce côté mystique, fantastique plus prononcé, une dimension qui me séduit particulièrement et déclenche souvent chez moi le coup de cœur.
Le dernier point, thème récurrent chez Sylvie germain, qui me touche est l’humanité de ses histoires et de ses personnages. et ce ne sont pas de légers scénarios qui délivrent une petite morale. Non, les personnages ont tout le poids du monde sur leurs épaules et ils s’allègent du mal pour trouver la lumière en faisant un pas vers l’autre, vers l’humain.

En 2015,  Nathan, de passage à Paris, voit sous un abribus, un rectangle de papier avec les photos de sept disparus. Il reconnaît le plus âgé, Gavril Kranz.
Pendant plus d’un quart de siècle, il s’est cru responsable de la mort de cet homme, rencontré dans les rues de Paris en 1980. Nathan avait alors neuf ans. Il est intrigué par ce saltimbanque déguisé en ibis qui souffle des mots, des morceaux de poèmes dans des instruments improbables. Pour cet enfant solitaire, moqué pour ses problèmes d’élocution, Gavril devient un mentor, le père qu’il n’a jamais eu. Avec lui, il découvre les mementos et les stigmates cachés dans les rues de Paris, la poésie, l’art de vivre.

Trop jeune, il ne comprend pas les silences, les blessures de cet émigré roumain qui a connu la déportation et la prison.
Hawa, assistante sociale, avec  » son art du patchwork inspiré par ses origines mêlées et qu’elle applique aux autres afin de rassembler les morceaux de leurs vies disloquées« , permet à Nathan, grâce à l’enregistrement des dernières confessions de Gavril, de saisir l’histoire de cet homme qui cherchait « des coups de paradis » dans les rues de Paris.

C’est toute l’histoire du Banat, région germanophone de la  Roumanie où est né Gavril qui s’installe en toile de fond de la rencontre vitale entre Nathan et Gavril.

 » La place des poètes est depuis si longtemps marginale, minuscule, négligée. »
Sylvie Germain nous donne une part de cette poésie aussi vitale que l’air, l’eau, la lumière et le pain pour les prisonniers « pour simplement, répondre à la laideur de la méchanceté et du malheur par un geste de beauté. »

 

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

6 mai 2019 à 13 h 22 min

je me demande si j’ai déjà lu quelque chose d’elle, je ne crois pas.. à creuser!



annie-france belaval
6 mai 2019 à 13 h 59 min

j’apprécie beaucoup Sophie Germain depuis longtemps; nous avons des auteurs favoris en commun.



annie-france belaval
6 mai 2019 à 14 h 01 min

oups, j’ai fait le lapsus habituel, bien sûr, il s’agit de Sylvie (et non de Sophie connue dans le nord)



6 mai 2019 à 14 h 18 min

Une vraie écriture. Dommage que je n’accroche pas.



6 mai 2019 à 18 h 30 min

J’adore cette auteure alors forcément je vais le lire et prendre mon temps pour le savourer.



8 mai 2019 à 14 h 32 min

Comme toi, j’aime énormément l’écriture de Sylvie Germain, elle fait partie de ces écrivaines que je peux lire les yeux fermés! 😀



annie-france belaval
8 mai 2019 à 21 h 15 min

Les « yeux fermés » en livre audio alors!



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