Titre : Les visages pâles
Auteur : Solange Bied-Charreton
Éditeur : Stock
Nombre de pages : 392
Date de parution :
24 août 2016

Le personnage est la clé du roman. Quand ils vous sont antipathiques, la lecture peut être agaçante, laborieuse. Ce qui ne remet nullement en cause le talent de l’auteur qui peint une satire sociale qui restera un témoignage important de l’époque de La Manif pour tous.

Raoul Estienne vient de mourir. Il était le dernier patron de la grande manufacture familiale, la brosserie Estienne, premier producteur de brosses à dents française de qualité. Les premiers ateliers furent implantés en Ardèche en 1845. Le déclin commença dans les années 1990. Jean-Michel, le fils de Raoul, délocalise une partie de la production, tente une diversification. Aujourd’hui, à la mort de son père, il veut vendre La Banèra, la maison familiale, celle où, autrefois tous se retrouvaient pour des moments heureux.

«  Parce que la Banèra signifiait le passé, le passé qui nous ronge. »

Même si chacun mène sa vie, les enfants, Hortense, Lucile et Alexandre, ne sont pas de cet avis. C’était pour eux, l’ultime lien avec la famille, le passé.

«  Ils avaient vu le jour dans la même opulence, on les avait élevés avec les mêmes valeurs. Ils étaient les rejetons d’une lignée d’excellence. »

Hortense, mariée à Hubert et mère de deux enfants est une combattive égoïste. Elle a fondé son entreprise Clean and Co avec Aymeric Ledoux, un camarade d’école.

Lucile est graphiste à défaut de faire une carrière dans la peinture. Elle est « l’archétype de la neurasthénique idéaliste, trop sensible pour survivre dans le monde moderne. »

Alexandre est ingénieur en électronique. Encore très influencé par l’éducation religieuse de sa mère issue de la noblesse, le jeune garçon manifeste activement contre la loi Taubira et le mariage pour tous. «  la famille était bien le bastion à défendre. »

La Banèra, symbole d’une autre vie, reste peut-être le dernier havre de paix pour ces jeunes qui regrettent que l’amélioration de leur qualité de vie se fasse au détriment du sens.

En souhaitant vendre la maison, Jean-Michel savait que cette contradiction perturberait ses enfants. Mais cette génération doit comprendre que le bonheur se mérite.

« Le problème de ses enfants, des gens de la génération de ses enfants, c’est qu’ils étaient malheureux de n’avoir pas suffisamment souffert. Alors ils se créaient des contraintes. »

Cet événement  bascule effectivement les trois jeunes adultes dans la tourmente. Et nous suivons leur chute au cours de ce récit.

L’analyse de l’évolution de la société est bien vue. Dommage pour moi qu’elle se fasse dans ce milieu de la bourgeoisie et de la noblesse ( mais c’est sans doute un milieu conservateur davantage ébranlé par l’évolution). Hortense, Lucile et particulièrement Alexandre, raciste et homophobe, sont particulièrement détestables. Leurs tourments n’ont pu me toucher.

Mais, je le répète, mon impression ne peut concerner la qualité littéraire du roman qui témoigne d’une époque, d’un tournant majeur de la société française.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

28 juillet 2019 à 14 h 06 min

Mouai, pas certaine d’être tentée par ce que tu dis des personnages.



8 août 2019 à 20 h 40 min

Comme ça m’aurait énervé je crois… Je te comprends aisément.



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