Titre : Ici n’est plus ici
Auteur : Tommy Orange
Littérature américaine
Titre original : There there
Traducteur : Stéphane Roques
Éditeur : Albin Michel
Nombre de pages : 352
Date de parution : 21 août 2019

 

 » Des confins du nord du Canada, du nord de l’Alaska, jusqu’à la pointe de l’Amérique du Sud, les indiens ont été éliminés, puis réduits à l’image de créatures de plumes. »

Avec ce premier roman, Tommy Orange redonne une identité autochtones de l’Oklahoma. Aujourd’hui, ils ne sont plus parqués dans les réserves. La nouvelle génération est née en ville. Ce sont des urbains, encore plombés par l’histoire et les conditions de vie de leurs parents et ancêtres.

Comme l’auteur, la plupart des personnages ont des origines métissées. Fier de leur appartenance aux tribus cheyenne et arapaho de l’Oklahoma, ils rêvent de participer au plus grand pow-wow d’Oakland qui va se tenir au coliseum.

 » Nous avons organisé des pow-wows parce que nous avions besoin d’un lieu de rassemblement. Un endroit où cultiver un lien entre tribus, un lien ancien, qui nous permet de gagner un peu d’argent et qui nous donne un but, l’élaboration de nos tenues, nos chants, nos danses, nos musiques. nous continuons à faire des pow-wows parce qu’il n’y a pas tant de lieux que cela où nous puissions nous rassemble, nous voir et nous écouter. »

C’est autour de cette grande danse, au cours de sa préparation que les nombreux personnages vont se dévoiler. Beaucoup ignore encore comment se définir, espère avoir le privilège de découvrir leurs origines, leurs rites. Certains y voient une opportunité de se faire de l’argent.

Leurs histoires racontent toutes les offenses faites à un peuple, les conséquences de cette douleur noyée dans l’alcool et la drogue fournis par ceux qui voulaient les priver de leur terre, leur survie dans un monde moderne où ils peinent à s’insérer.

La force et la difficulté de ce roman tiennent en sa forme. Tommy Orange, en primo-romancier maîtrise parfaitement l’enchevêtrement de toutes ces voix. Par contre,  il reste difficile de s’approprier pleinement tous les personnages. Certains sortent du lot comme les sœurs, Opale et  Jacquie parce que nous avons des bribes de leur enfance et que nous les retrouvons adultes avec plusieurs petits-enfants.

J’aime le projet de Dene Oxendene qui consiste à filmer quelques autochtones racontant une étape marquante de leur histoire loin des clichés appris dans les manuels scolaires périmés. C’est une version parallèle du travail de l’auteur qui souhaite donner une autre voix aux tribus indiennes. Par contre, il se perd un peu dans cette transe  qui entraîne tous les protagonistes vers le drame du pow-wow.

Tommy Orange ne peut laisser indifférent par sa manière de mettre un scène ce projet qui lui tient à coeur. Les passages rapides d’un personnage à l’autre m’ont empêchée de m’ancrer sur un fil romanesque qui aurait pu donner une côte d’amour au récit. Mais l’auteur en est à son premier coup d’essai, déjà récompensé du titre de meilleur roman de l’année aux Etats-Unis. Nul doute que ce potentiel littéraire donnera d’autres grands romans amérindiens.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

annie-france belaval
27 septembre 2019 à 11 h 11 min

Ce livre est bien placé dans ma PAL, j’ai hâte de m’y mettre mais je lis beaucoup en fonction des belles rencontres lilloises: Benameur, Tallent, Palain, Coulon, Jaenada, Vinson, El Ayachi, Simonet, Sarah K. etc. sans compter les coups de coeur dans chaque librairie…
Cela donne envie de relire Louise Erdrich et Hillerman: j’ai choppé le virus amérindien en 90 lors d’un voyage au Canada; j’ai passé un moment dans une réserve: cela ressemblait à un village pas à un camp même s’il n’y avait pratiquement que des indiens. J’ai aussi rencontré des indiens dans la ville; en rentrant, je me suis liée à un groupe de sioux; j’ai même dansé moi qui ne danse jamais. Ces Sioux , parmi lesquels il y avait des universitaires, sont restés un moment dans le nord, peu à peu nos relations ont cessé. Un ami, prof de philo, avait un peu de sang indien: il a tout quitté pour Yellowstone et « brave » Didier n’a pas donné signe de vie depuis longtemps.



    27 septembre 2019 à 14 h 24 min

    J’aime beaucoup lire Louise Erdrich. Avec un sujet identique, j’ai de loin préféré le roman d’Eric Vuillard, Tristesse de la terre.
    J’imagine aisément l’intensité de ton voyage au Canada. Des moments inoubliables.



27 septembre 2019 à 13 h 01 min

De plus ne plus d’avis positifs sur ce roman.



27 septembre 2019 à 13 h 01 min

oh oui c’est un des livres du mois americain….vraiment je pense qu’il va falloir que je le lise….;)



27 septembre 2019 à 13 h 49 min

Ton avis confirme que je ne devrais pas rater ce roman !



27 septembre 2019 à 14 h 14 min

Je publie demain ma chronique mais la construction m’a gênée….



27 septembre 2019 à 23 h 04 min

C’est un roman qui se mérite, sa lecture n’est pas toujours aisée, à cause de sa construction. Cependant cette même construction est assez extraordinaire et donne de la puissance et de la profondeur au roman.



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