Titre : La petite sonneuse de cloches
Auteur : Jérôme Attal
Éditeur : Robert Laffont
Nombre de pages : 270
Date de parution : 22 août 2019

Dans les Mémoires d’Outre tombe, François-René de Chateaubriand raconte comment il passa une nuit, enfermé dans l’abbaye de Westminster. A la fin de son paragraphe, l’aristocrate français exilé en Angleterre, laisse planer un secret. 

«  J’entendis le bruit d’un baiser, et la cloche tinta le point du jour. La sonneuse fut tout épouvantée lorsque je sortis avec elle par la porte du cloître. Je lui contai mon aventure; elle me dit qu’elle était venue remplir les fonctions de son père malade : nous ne parlâmes pas du baiser. »

Joachim Stockholm vient de perdre son père, professeur de lettres et écrivain. En sortant de l’hôpital, il ne reste au fils que le carnet de son père. Dedans, outre des messages aux infirmières, Joachim y trouve un plan sommaire d’un futur ouvrage sur les amours de Chateaubriand, avec notamment cette interrogation sibylline, « la petite sonneuse de cloches? ».

Le roman de Jérôme Attal alterne deux époques. D’une part, Chateaubriand nous emmène dans le Londres de la fin du XVIIIe siècle où de nombreux français ayant fui la Terreur se retrouvent miséreux dans les rues de la capitale anglaise. D’autre part, Joachim Stockholm part sur les traces de Chateaubriand afin de lever le mystère sur la petite sonneuse de cloches.

L’un comme l’autre, à des époques différentes, vibre d’une rencontre romantique avec une demoiselle, Violet ou Mirabel, peu conventionnelle. Le parallèle se concrétise autour de tasses de chocolat. Le récit du passé prend toutefois davantage de force que celui du présent.

Ce roman est le portrait d’une époque tourmentée à Londres au moment de la Révolution française. 

«  En Angleterre, quand il y a des émeutes, c’est parce que les pauvres ont réellement le ventre vide, tandis qu’en France, s’il y a eu une révolution, c’est parce que les bourgeois n’étaient pas invités dans les fêtes. »

Le clivage entre pauvres migrants et riches, fiers de se pavaner dans les dîners mondains et de s’intéresser aux arts est flagrant. 

C’est aussi une composition autour des mystères de la littérature. Pourquoi Chateaubriand a-t-il glissé cette phrase banale dans son livre? La petite sonneuse l’a-t-elle bouleversé à ce point? A-t-elle réellement existé ou n’est-elle que le fruit d’une hallucination due au jeûne obligé de Chateaubriand ? Quelle place a-t-elle eu réellement? La littérature n’est-elle pas l’écrin de ce qui bouleverse un auteur?

Je n’avais encore jamais lu Jérôme Attal. L’auteur aime s’amuser avec les mots. Son style léger, ses pointes d’humour, son romantisme procurent une lecture réjouissante avec le charme d’une autre époque. 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

17 octobre 2019 à 6 h 10 min

Merci pour ce partage. J’ai beaucoup aimé aussi ce roman qui illustre parfaitement le romantisme de son illustre créateur .



17 octobre 2019 à 9 h 15 min

Je vais le lire bientôt et j’ai hâte de retrouver son univers plein de fantaisie! Je te recommande vivement Les jonquilles de Green Park qui est très réussi également 😉



17 octobre 2019 à 13 h 25 min

Pour le style de l’auteur, parce que le sujet ne me tente pas.



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