Titre : Amrita
Auteur : Patricia Reznikov
Editeur : Flammarion
Nombre de pages : 384
Date de parution : 11 mars 2020

Hasards de lecture, plusieurs romans m’ont récemment permis d’allier littérature et peinture en découvrant des peintres  ( Walter Spies, Aimée Castain) et maintenant Amrita  Sher-Gil.

« Une comète hongroise, indienne, juive, mais aussi sikhe, française, enfin une biographie improbable. Une grande artiste. Elle a cherché à faire dialoguer l’art moderne occidental et l’art traditionnel de l’Inde. Morte trop tôt. »

C’est en dénichant une petite toile indienne chez Drouot qu’Iris, la narratrice, peintre en manque d’inspiration depuis sa rupture sentimentale, se passionne pour la vie d’Amrita Sher-Gil.

Grâce à ses toiles, et aux photographies prises par le père d’Amrita, Iris retrace la vie de l’artiste de son enfance à sa mort.

Amrita est née le 30 janvier 1913 à Buda en Hongrie de Marie-Antoinette issue de la noblesse hongroise et d’Umrao Sher-Gil, un sikh érudit, ascète et philosophe. Ces deux êtres d’origine bien différente auront deux filles, Amrita et Indira.

A l’issue de la première guerre mondiale, la Hongrie passant sous un régime fasciste, la famille repart s’installer en Inde, à Simla dans les contreforts de l’Himalaya. C’est une petite ville coloniale marquée par le goût occidental. Marie-Antoinette, chanteuse lyrique donne à ses filles une éducation artistique. Amrita aurait pu devenir une excellent pianiste mais elle a une attirance et un don pour le dessin. La peinture permet à la jeune fille timide et introvertie de s’extérioriser.

De ses voyages en Hongrie, en France, en Italie, Amrita puise une large inspiration mais après cinq ans aux Beaux-arts de Paris, la jeune femme veut définitivement rentrer en Inde en 1934. Mais c’est une femme libre, jugée scandaleuse par ses parents qui revient de l’occident.

« Toutes ces années fécondes à Paris, elle aimera, en réaction, beaucoup d’hommes, mais aussi sans doute des femmes. Elle électrise ceux qu’elle approche. Tous, ils évoqueront son charme, son pouvoir de séduction, cette lumière particulière qui émane d’elle. »

En visitant son pays, et notamment les grottes sacrées d’Ellora, Amrita découvre la peinture indienne ancienne. Elle sait dorénavant ce qu’elle veut faire de son art.

«  Que lui a murmuré cet art tout infusé de spiritualité que ne lui a pas dit celui de Paris? Un message essentiel sur notre passage sur terre, sur sa beauté, sa violence, sa sensualité, entre l’Accompli et l’Inachevé? »

Elle décide de vivre enfin au grand jour sa passion secrète et taboue pour son cousin, au grand désespoir de son père et malgré la colère sauvage de sa mère. Elle parvient à faire quelques expositions, vendre quelques toiles mais le couple peine à vivre dignement. Si Amrita sait que la marginalité est souvent le prix à payer pour créer une oeuvre, elle souffre d’anxiété et de dépression face au rejet de ses parents.

Patricia Reznikov choisit de passer par une narratrice actuelle, peintre elle aussi, séparée et sans enfants pour dresser le portrait de l’artiste indienne talentueuse aux moeurs scandaleuses pour l’époque et le pays. Ce biais, soutenu par la description de tableaux ou photos peut rompre le récit. Mais la sensibilité d’Iris, cette soif de connaître le parcours créatif d’une artiste hors norme donnent de la cohérence à la construction. La vie d’Amrita dans un monde en proie aux guerres, à la colonisation est passionnante, la création artistique passe devant tous les drames. Car Amrita est une amoureuse de l’art et de la vie. Cette artiste de talent, femme libre à la vie tourmentée m’a vite fait oublier les écueils qui ont pu me gêner comme par exemple une trop grande richesse de style sur les premiers paragraphes.

Si vous souhaitez admirer le talent d’Amrita Sher-Gil, je vous conseille cet article. Vous y trouverez aussi certaines photographies prises par Umrao, décrites par la narratrice du roman.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

7 mai 2020 à 15 h 24 min

Merci de m’avoir permis de découvrir cette artiste.



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