Titre : Certains cœurs lâchent pour trois fois rien
Auteur : Gilles Paris
Éditeur : Flammarion
Nombre de pages : 224
Date de parution : 27 janvier 2021

 

« Certains coeurs lâchent pour trois fois rien.» Cette phrase d’un médecin urgentiste réveille la conscience de Gilles Paris qui vient de faire une ultime tentative de suicide. Même en prenant les plus grandes précautions, il joue avec la mort et la chance ne sera pas toujours au rendez-vous.

En trente ans, l’auteur a écrit huit livres et fait huit dépressions. Ce n’est pas tout à fait un hasard. Ecrire est une douce thérapie comme une réponse à la violence et l’absence du père mais une fois le livre paru, il reste l’épuisement et le vide.

Dans ce récit, Gilles Paris tente de comprendre la mélancolie qui emprisonne sa vie le conduisant régulièrement dans les hôpitaux psychiatriques pour des périodes plus ou moins longues. Un terrain génétique peut-être mais surtout une enfance sans tendresse avec un père violent et infidèle et une mère absente, toujours plus après le divorce en 1977.

Après sa rupture avec Pascaline, Gilles passe ses nuits dans les night-clubs, abusant de l’alcool et des stupéfiants. A vingt ans, à l’issue d’une soirée au restaurant, son père le bat et lui assène des mots bien plus rudes que les coups.
« Tu es une merde, tu ne feras jamais rien de ta vie. »

L’auteur fait sa première dépression à trente-trois ans en 1992. Son séjour dans une clinique de Montpellier est bénéfique. Il reprend son travail d’attaché de presse et se promet d’écrire un roman. Les visites et entretiens dans une maison d’accueil pour enfants près de Fontainebleau lui donnent matière pour écrire Autobiographie d’une courgette. Le livre paraît en 2002 chez PLON et devient un succès. C’est aussi à cette période qu’il rencontre Laurent, l’homme de sa vie qu’il épousera en 2014.

Mais l’équilibre est toujours instable. Sa vie est une alternance de périodes en hôpitaux psychiatriques et de lentes remontées. Au fil du temps, Gilles reconnaît les prémices et sait gérer l’angoisse en faisant du sport et se protégeant auprès de Laurent, de Jeanine, sa meilleure et fidèle amie ou de Franklin, son beagle.

« Ne pas laisser son esprit trop vagabonder, ne pas s’écouter sans cesse, s’obliger à une vie équilibrée, si équilibrée qu’elle en devient presque indigeste. »

Avec ce récit particulièrement courageux, l’auteur n’occulte aucun travers. Il nous confie ses blessures, ses doutes. Nous comprenons ce qui a inspiré ses romans. L’écriture est un remède qui ne bouscule pas comme l’analyse. Je pense qu’il ne va pas aimer ce ressenti mais j’ai éprouvé de la peine pour cet homme si sensible, humain, aimable. De son enfance difficile, il a su inventer les couleurs qui illuminent d’humanité ses romans. J’espère qu’elles sauront aussi colorer son quotidien.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

9 mars 2021 à 15 h 03 min

Un long commentaire n’est pas passé! Je te disais apprécier ta critique même si ce livre me met mal à l’aise…j’ai déjà donné mes raisons sur Babelio ou lecteurs.com, ici il n’est pas passé.
Ce livre est courageux, sincère et honnête. Il se lit facilement. J’ai envie de relire ses livres avec cet éclairage.



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