Titre : Hiver

Auteur : Ali Smith

Littérature écossaise

Titre original : Winter

Traducteur : Laetitia Devaux

Editeur : Grasset

Nombre de pages : 320

Date de parution : 10 février 2021

 

 

 

 

C’est à ça que sert l’hiver : à se souvenir que tout s’arrête, puis revient à la vie.

Nous sommes à l’approche de Noël. Sophia, une vieille dame solitaire, parle avec une tête sans corps. Ce qui n’était qu’une tâche sur la vision est aujourd’hui un fantôme du passé. Elle y voit une tête d’enfant qu’elle nomme Arthur comme son fils.

Justement, Art, son fils s’apprête à venir la voir comme chaque année pour Noël. Il devait amener Charlotte, sa copine mais ils sont un peu fâchés au sujet d’Artennature, le blog plus poétique qu’écologique d’Art. Charlotte à la conscience politique aiguisée trouve le jeune homme trop naïf.

Et où parles-tu des ressources naturelles menacées? avait-elle demandé. De la guerre pour l’eau? Du bloc de la taille du Pays de Galles sur le point de se détacher de l’Antarctique?

Charlotte détruit l’ordinateur portable de son petit ami. Plus tard, elle piratera son blog pour poster des articles perturbants.

Art croise une jeune fille lisant sous un abribus. Il l’aborde et lui demande de jouer le rôle de Charlotte le temps du réveillon chez sa mère. Lux, jeune femme d’origine croate, accepte sans hésiter pour mille livres. Mais lorsqu’ils arrivent à Chei Bres dans les Cornouailles, ils trouvent Sophia figée, le regard fixe, emmitouflée sous des couches de vêtements. Ne sachant quoi faire, Art appelle Iris, la soeur aînée de Sophia bien que les deux soeurs soient fâchées depuis trente ans. Inutile de dire que le réveillon de Noël va être difficile.

Mais Noël n’est-il pas un jour de famille, de souvenirs, de pardon? Lux en avouant sa propre identité donne le ton pour que chacun affirme ce qu’il est en vérité. Les rancoeurs d’adolescence entre une Iris révolutionnaire, autrefois engagée contre l’armement nucléaire et une Sophia devenue femme d’affaires refont surface. Art est pris en otage entre les deux femmes qui revendiquent le souvenir de s’être occupé de lui pendant l’enfance.

Où serions-nous sans notre capacité à voir au-delà de ce que nous sommes censés voir?

D’un milieu, d’une éducation différente, Lux fait réagir les protagonistes avec des discours d’apparence absurde, des comportements naturels. Avec elle, Sophia accepte de se nourrir et de se confier sur l’identité du père d’Art. Tout ce que chacun ne pouvait exprimer s’échappe finalement par bribes.

En parlant de Cymbeline, une tragédie peu connue de Shakespeare, Lux dit « si cet écrivain peut faire surgir de ce bordel, de cette folie, de cette amertume une fin aussi gracieuse, équilibrée, où tous les mensonges sont révélés et les pertes compensées, si c’est ivi, là d’où il vient, l’endroit qui l’a conçu, alors je veux y aller, j’irais là-bas et j’y vivrai. » J’y vois un parallèle avec ce roman d’Ali Smith, second opus de sa tétralogie saisonnière. De ce récit un peu fou, l’auteure écossaise réunit ses personnages vers la poésie, l’espoir de voir une paruline du Canada dans les Cornouailles ou l’empreinte d’une fleur séchée dans un livre de Shakespeare.

Tout comme dans Automne, Ali Smith garde ce regard cinglant sur le monde, la société et la politique actuelle de son pays . Quelques allusions contre la misogynie, la télé-réalité, des piques contre l’ancien président des Etats-Unis ou le premier ministre britannique. De quoi pimenter un roman déjà bien riche! Hâte de passer au Printemps !

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

28 avril 2021 à 21 h 17 min

je pense que l’atmosphère me plairait!



29 avril 2021 à 8 h 56 min

Je n’avais pas accroché avec Automne alors je ne pense pas lire Hiver…



29 avril 2021 à 9 h 25 min

Les 4 saisons sont-elles déjà parues ?



29 avril 2021 à 15 h 32 min

j’ai aimé « Automne » mais celui-ci me tente moins…



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