Titre : La disparition de Josef Mengele
Auteur : Olivier Guez
Éditeur : Grasset
Nombre de pages : 240
Date de parution : 16août 2017

C’est avec la minutie, la distance nécessaire, le professionnalisme d’un journaliste qu’Olivier Guez nous entraîne dans cette enquête sur la fuite de Josef Mengele, le médecin nazi surnommé l’ange de la mort depuis ses expériences visant à atteindre la pureté de la race dans le camp d’Auschwitz de mai 1943 à janvier 1945.

En juin 1949, Joseph Mengele débarque seul à Buenos Aires sous le nom de Helmut Gregor. Sa femme Irène et son fils Rolf n’ont pas souhaité le suivre. Aidé par un réseau d’anciens nazis déjà bien installé en Amérique du Sud, Mengele profite dans un premier temps de l’admiration de Juan et Evita Perón pour le fascisme.
« A la fin des années 1940, Buenos Aires est devenue la capitale des rebuts de l’ordre noir déchu. »
Adolf Eichmann y débarquera aussi en juillet 1950.

Grâce à l’argent de l’entreprise familiale des Mengele et au vaste réseau nazi, Mengele qui, entre temps a épousé sa belle-sœur par intérêt, vit tranquillement et richement en Argentine jusqu’à la guerre civile et la fuite de Perón au Panama.
Mais L’Allemagne se réveille, des juifs témoignent. En 1956, un mandat international est lancé contre Eichmann. Mengele, apeuré s’enfuit au Paraguay. Il obtiendra la nationalité paraguayenne en novembre 1959.

Après l’arrestation d’Eichmann, le Mossad s’intéresse à Mengele qui fuit, cette fois au Brésil. Un couple de fermiers, Geza et Gitta Stammer accepte de l’héberger, moyennant des récompenses financières de plus en plus exigeantes. Il faut dire que cet hôte est particulièrement encombrant et désagréable.
La traque se resserre de plus en plus, Mengele vieillit et devient de plus en plus acariâtre.

Le récit de Olivier Guez, sans jugement, se concentre sur les faits. Mais les aléas internationaux de la traque, le soutien intense du réseau nazi, les relations personnelles de Mengele avec ses proches mettent en évidence la complexité et l’atrocité du sujet. Nul besoin de s’attarder sur l’évocation de ses agissements pendant la guerre, de son comportement odieux pour comprendre toute la noirceur de cet homme.

Rolf, le fils de Josef Mengele évoque pourtant la question philosophique inévitable du devoir, de la responsabilité individuelle ou collective, du remords éventuel dans cette tragédie.
«  Le vieux n’éprouve-t-il aucun regret, aucun remords? Est-il la bête cruelle que les journaux décrivent? Est-il à ce point malfaisant et dégénéré? Peut-il l’aider à sauver son âme? Et lui, Rolf, est-il un être mauvais par sa faute? »
Peut-on encore se demander si ces nazis tortionnaires n’étaient « qu’un rouage parmi d’autres » et n’ont fait que leur devoir de soldat, ni plus ni moins qu’un pilote qui largue ses bombes sur une ville en territoire ennemi ?

D’une belle écriture littéraire, Olivier Guez propose davantage une enquête. Certes passionnante, juste et bien documentée. Mais le sujet reste difficile et le personnage si détestable que je ne serais pas allée naturellement vers ce roman. Constater qu’un tel bourreau s’en tire si bien en continuant à profiter des autres est insupportable. Mais cela ne peut être reproché à l’auteur.

Pour compléter votre lecture, dans un genre différent,plus romancé, je vous conseille Wakolda de Lucia Puenzo.

J’ai lu ce roman en tant que jurée du Prix Landernau.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

29 septembre 2017 à 9 h 41 min

Je viens de lire Mischling qui évoque également Josef Mengele à Auschwitz avec l’histoire de deux soeurs jumelles. Un roman fort et poignant 😉



29 septembre 2017 à 10 h 56 min

Ah oui, Wakolda ! Quel roman. En lisant le résumé du livre dont tu parles, je me suis douté que j’aurais le même questionnement que toi.



29 septembre 2017 à 23 h 25 min

Wakolda est un superbe roman. Je lirai celui-ci aussi



30 septembre 2017 à 5 h 40 min

J’ai bien aimé. Je note pour Wakolda



30 septembre 2017 à 9 h 10 min

Je viens de l’acheter et doit prochainement le lire! du coup un premier avis! un bon week end. Je note Wakolda…



4 octobre 2017 à 22 h 10 min

Cela doit être difficile en effet. Mais j’aimerais quand même lire ce roman un jour. En poche. Je trouve les livres Grasset vraiment trop moches ! Je suis en train de terminer Le dernier des nôtres, l’as-tu lu ? J’aime beaucoup. Bonne soirée !



7 octobre 2017 à 17 h 42 min

Je reviens du salon du livre du Mans où j’ai pu rencontrer l’auteur. Je ne savais pas qu’il serait là, je n’avais pas fait attention. Je lui ai donc acheté. Je suis finalement ravie de ne pas avoir eu à attendre ! (Mais je ne change pas d’avis sur le choix des couleurs des éditions Grasset!) 🙂



22 octobre 2017 à 12 h 41 min

C’est brillamment fait !



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