Titre : Dans le faisceau des vivants
Auteur : Valérie Zenatti
Editeur : L’Olivier
Nombre de pages : 160
Date de parution : 3 janvier 2019
Bien plus qu’une traductrice
Valérie Zenatti découvre Aharon Appelfeld par le biais d’un livre, Le temps des prodiges. Elle est happée par le regard de son personnage principal. Comme Aharon Appelfeld, elle parle l’hébreu. Son voeu le plus cher est désormais de traduire cet auteur.
il était si curieux et avide de comprendre pourquoi j’avais pris cette décision, consacrer une partie de ma vie à la traduction de ses livres, et tandis que je parlais maladroitement de moi, de mon effroi d’enfant face à la Catastrophe, de la certitude qu’ily avait dans sa langue un secret qui me concernait de manière intime, du besoin que j’avais d’écrire en français ce qu’il écrivait en hébreu, du désir de ramener ses livres sur la terre d’Europe qui leur avait donné naissance…
Aharon Appelfeld lui laisse le choix de traduire les romans qu’elle souhaite, en fonction de son moment. Valérie Zenatti affirme que chaque livre lui a appris quelque chose d’elle. Car ces deux-là sont des âmes soeurs.
Aussi, quand, en route vers Jérusalem, elle apprend sa mort le 4 janvier 2018, elle perd pied.
A Czernowitz avec une famille de personnages
Elle est sa traductrice et son interprète depuis septembre 2004. Elle vit avec ses personnages, connaît son parcours, se souvient des conférences avec des étudiants, des reportages sur sa vie et sa façon d’écrire. On lui a souvent reprocher de ne pas aborder la Shoah. Ses écrits se concentrent sur l’intériorité des êtres pas sur le volet social ou politique.
Ce qui l’intéressait était la part irréductible, ce que l’on ne peut arracher à l’homme, sa capacité ou son incapacité à aimer, ses peurs, sa jalousie, son histoire…
Pour mieux appréhender les origines de cet homme qu’elle regrette, Valérie se rend à Czernowitz, ville natale ukrainienne d’Aharon Appelfeld. Plongée dans l’hébétude, elle se laisse porter par le souvenir. La synagogue, le cimetière juif, la rivière Pruth, les fantômes de la mère et de Victoria, la domestique des grands-parents. En ce 16 février 2018, date anniversaire d’Aharon Appelfeld, elle rend un dernier hommage à son fidèle ami qui lui a appris « la conscience aiguë du dérisoire et du sacré dans nos vies. »
Un hommage vibrant à un auteur de talent, à un ami. Une très belle analyse de l’oeuvre d’Aharon Appelfeld qui me donne envie de découvrir un de ses romans.
Commentaires
J’avais vu et ressenti le lien entre elle et Aharon Appelfeld lors d’une émission ou d’un interview : il y avait de l’admiration, du respect, de l’écoute 🙂
On ressent tout cela dans ce livre.
Quel beau témoignage d amitié de complicité d admiration de la traductrice à l auteur
Nous ne sommes pas dans la relation de travail. Ce sont deux âmes sœurs
ça donne bien envie!
Un très bel hommage et c’est aussi une pensée pour l’Ukraine
J’ai aussi été conquise par ce récit qui, comme toi, m’a donné envie de découvrir le travail d’Aharon Appelfeld.
Justement les éditions de l’olivier publient La stupeur ce mois-ci. Peut-être une belle occasion
Je viens de finir La stupeur d’Aharon Appelfeld, publié à titre posthume et qui sort demain. C’était ma première rencontre avec l’auteur et j’avoue que je suis restée en-dehors… (critique à venir !)
Mince, je m’étais noté de le lire
Oui j’ai vu ça après avoir écrit mon commentaire ! Peut-être que ma critique et les aytres avis te donneront envie malgré tout…
Je n’aime pas trop les romans de Appelfeld, mais la lecture de ce livre me permettra sans doute de découvrir l’homme derrière l’écrivain.
Je n’en ai encore jamais lu. Et Celiloule va dans ton sens puisqu’elle n’a pas trop aimé La stupeur. Je verrai bien