Titre : Par la forêt
Auteur : Laura Alcoba
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 208
Date de parution : 13 janvier 2022
Ce jour-là
Laura Alcoba revient sur ce jour-là, le 14 décembre 1984, où Griselda noie dans la baignoire ses deux fils. Hagarde et trempée, elle traverse la rue pour reprendre sa fille aînée Flavia, âgée de six ans, dans sa classe de Cours Préparatoire. Colette, la maîtresse, inquiète face à l’état de la mère, refuse de lui donner. Claudio, en train de peindre une classe du lycée, retrouve sa femme au sol au pied du canapé où les deux garçons semblent endormis.
Un couple d’exilés argentins
Claudio et Griselda, exilés argentins, étaient les gardiens d’un lycée de l’est parisien. Ils vivaient à cinq dans une petite loge. Claudio y avait aménagé deux grandes mezzanines pour que chacun puisse dormir. Ils aimaient particulièrement le petit jardin grillagé qui leur donnait l’impression d’avoir enfin un petit lieu rien qu’à eux. Le père de Laura Alcoba a été hébergé quelques temps chez Claudio et Griselda.
Quarante après, l’auteur rencontre Griselda, Flavia puis Colette et son mari au Bûcheron, un bar parisien. Leurs souvenirs sont la base de ce roman qui mettra enfin des mots sur l’histoire de Flavia.
Je crois que j’ai besoin que tu écrives ce livre. Et ma mère aussi. Qu’elle me dira à travers toi ce qui s’est passé. Il faut que tu écrives pour que je sache enfin.
Les rencontres au Bucheron
Flavia ne garde en mémoire que quatre images fortes de ce jour que personne ne veut qualifier de drame. On ne dit pas vraiment les choses à une enfant de six. Alors on invente des images.
Même si Flavia ne disait rien, elle avait compris beaucoup de choses. Beaucoup plus de choses que les adultes n’imaginaient.
Lors de l’entretien avec l’auteur en 2018, Flavia a presque quarante ans et elle est devenue une photographe reconnue.
Griselda, elle, est plus loquace. Elle raconte son enfance meurtrie par le manque d’amour de sa mère et les mains baladeuses des voisins. Plus tard, elle fera plusieurs tentatives de suicide qui lui laisseront des séquelles. Avec Claudio, ils seront contraints de fuir la dictature argentine.
Colette et son mari expliqueront comment ils se sont occupés de Flavia, lui redonnant petit à petit le goût des vacances et de la nature.
La forêt
Laura Alcoba ne cherche pas à centrer son roman sur un infanticide ou sur les éléments qui ont pu conduire une mère à commettre un acte insoutenable. Certes, ils composent les deux-tiers du récit mais l’objectif est bien de mettre des mots sur l’indicible. D’une balade en forêt vers l’étang de la Loge à Commelles, proche de Coye-la-forêt, Flavia comprend vers le chateau de la reine blanche, les mots que les adultes étaient incapables de lui dire.
L’auteur pointe les coïncidences et met en évidence le pouvoir des contes et plus généralement de la littérature pour affronter la réalité.
Commentaires
Ce sujet de l’infanticide me rappelle un excellent polar : Rosaline, une criminelle ordinaire. Traiter de façon totalement différente.
J’ai aimé que l’auteur ne centre pas son roman sur ce sujet.
Et malheureusement c’est encore d’actualité avec cet infanticide en Meurthe et Moselle