Titre : Femme pour moitié 
Auteur : Perumal Murugan
Littérature indienne
Titre original : Mathorubagan
Traducteur : Léticia Ibanez
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 224
Date de parution : 16 janvier 2025


Le Jugement des hommes

Kali et Poona sont mariés depuis douze ans. Ils s’aiment éperdument, mais aucun enfant n’est venu bénir leur union.
Autour d’eux, les regards pèsent. Parents, voisins, proches — tous jugent, blâment, commentent. Pour eux, un couple sans descendance n’est qu’un arbre sans fruits, une terre stérile.
Et pourtant, Kali et Poona pourraient être heureux sans enfant. Leur amour seul pourrait suffire. Mais les rumeurs, les paroles acides, les silences lourds les blessent.
Et c’est sans compter les rapaces, qui tournent autour de leur héritage, impatients qu’il reste sans héritier.

Mais le mariage offre plus que le plaisir physique. Il donne des fils qui reprennent vos terres et allument votre bûcher.

S’en remettre aux dieux

Alors ils prient, multiplient les offrandes, s’en remettent aux dieux. Ils s’adonnent à des rituels parfois absurdes, parfois dangereux — comme ce tour de la « pierre stérile », face au vide, défiant la fatalité.
Heureusement, Poona n’a pas sa langue dans sa poche. Et Kali trouve du réconfort auprès de son ami et beau-frère. Et puis, il y a l’oncle Nallaiyan, vieil homme libre et célibataire, qui n’a que faire des traditions et des ragots.

La Grande Fête des dieux

Un jour, les mères de Kali et Poona — fatiguées d’attendre, rongées par l’inquiétude — mettent de côté leur rivalité pour convaincre Poona de participer à la Grande Fête.
Lors de cette cérémonie unique, les femmes en quête de maternité peuvent rencontrer des hommes sacrés, incarnations des dieux, pour concevoir un enfant.
Poona, méfiante, serait prête à se sacrifier si tel était le souhait de son mari. Mais Kali, lui, ne peut s’y résoudre.

Ce rituel, bien réel, célébré chaque année au temple de Tiruchengode, a valu à l’auteur Perumal Murugan une violente campagne d’intimidation. Accusé de blasphème, menacé, il annonce alors sa « mort littéraire » et s’exile à Madras.


Un roman simple et percutant

La langue, d’une simplicité saisissante, proche du conte, heurte de plein fouet la violence d’une société oppressante. C’est une histoire simple centrée sur un seul sujet : la stérilité dans un pays où la famille est primordiale.
Perumal Murugan, immense écrivain indien, nous plonge avec finesse dans l’intimité d’un couple, dans le quotidien d’un village, et dans les mécanismes sournois d’un système régi par les traditions et les dogmes.

Et pourtant, certains résistent. Comme l’oncle Nallaiyan, qui se moque du qu’en-dira-t-on. Résister est plus difficile pour Kali, malgré son amour pur et inconditionnel pour Poona.
Un amour qui, face au poids des coutumes, semble parfois ne pas suffire — mais qui demeure bouleversant.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

6 octobre 2025 à 14 h 49 min

J’ai trouvé ce roman bouleversant aussi. Je partage ton avis. Face à la pression des proches, au poids des coutumes et des traditions, l’amour ne semble pas suffire, dans ce contexte. C’est tellement triste.
Merci pour cette lecture commune. 🙂 Au plaisir d’échanger autour d’autres livres.



6 octobre 2025 à 15 h 04 min

Un problème qui existe aussi en France, sous une forme différente. Dès que les gens sont en couple depuis un moment, se pose la question de l’enfant, de la famille…
Et on ne rend pas toujours compte à quel point ce peut être douloureux et invasif, pour ceux qui aimeraient avoir des enfants mais ne peuvent pas…



    6 octobre 2025 à 16 h 35 min

    C’est vrai. Ceux qui font le choix de rester célibataire ou de rester en couple sans enfants soulèvent souvent des questions de la part de l’entourage. Ce questionnement met inévitablement mal à l’aise. Choix ou contrainte ce n’est pas simple d’assumer.



6 octobre 2025 à 20 h 58 min

Nous avons eu toutes les 3 des avis similaires, le drame inévitable est d’autant plus poignant qu’il se raconte comme une fable qui laisse peu de choix à ce couple pourtant si amoureux et uni, merci pour cette lecture commune et bonne soirée!



7 octobre 2025 à 11 h 59 min

Je te sens en effet bouleversé par cette lecture. Merci pour cette mise en lumière.



9 octobre 2025 à 10 h 58 min

Tu es très convaincante ! Je lis peu d’auteurs indiens, leurs romans n’étant pas toujours simples d’accès à mon avis, mais ici cela vaut le coup de me lancer !



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur Sur la route de jostein

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture