Titre : Le cartographe des absences
Auteur : Mia Couto
Littérature mozambicaine
Titre original : O Mapeador de Ausēnsias
Traducteur : Elisabeth Monteiro Rodrigues
Editeur : Métailié
Nombre de pages : 352
Date de parution : 2 septembre 2022
Ouragan sur Beira
En 2019, un ouragan dévastateur s’abat sur Beira, la ville natale de Mia Couto. Ce déferlement climatique entre en résonance avec le bouleversement intérieur du narrateur, Diogo Santiago.
Tout commence lorsque Liana Campos lui remet des documents issus du procès-verbal de son père, Adriano Santiago, journaliste et poète disparu. Ces papiers proviennent de son propre grand-père, Oscar Campos, ancien agent de la PIDE, la sinistre police politique portugaise.
Poussé par ce legs inattendu, Diogo entreprend, en compagnie de Liana, un retour vers sa ville d’enfance. Il caresse l’espoir d’apaiser ses fantômes et de comprendre les silences de sa famille.
Une narration à deux temps
Mia Couto tisse son roman entre deux époques :
-
d’un côté, le voyage d’Adriano en 1973, témoin d’un massacre de Mozambicains par les troupes portugaises à Inhaminga ;
-
de l’autre, l’enquête contemporaine de Diogo et Liana, qui tentent de démêler les liens obscurs unissant Adriano et Oscar.
Toutefois, cette alternance, parfois déroutante, brouille les frontières entre passé et présent. Les mêmes personnages circulent d’un récit à l’autre, se répondent à travers le temps. Ainsi l’on s’y perd volontiers — comme dans un labyrinthe de mémoires.
Sur les traces de Sandro, fils adultérin d’Adriano et d’Ermelinda (elle-même fille de la femme d’Oscar), chacun affronte un passé pris dans les filets du racisme, de la trahison et de la violence coloniale. On frôle souvent le sac de nœuds, mais la vérité se met finalement en place au cœur d’un pays blessé et d’une mémoire morcelée.
Un roman dense et lumineux
Mia Couto excelle dans l’art d’entrelacer les intrigues sans jamais perdre de vue la dimension humaine et historique de son récit.
Il décrit avec une grande finesse le racisme latent entre colons portugais et Mozambicains, la légèreté du quotidien malgré la guerre, et l’ombre terrifiante de la PIDE.
C’est un roman dense, parfois exigeant, mais porté par une langue poétique et lumineuse. La poésie de Mia Couto éclaire chaque page, même les plus sombres. Ses mots adoucissent la violence.
Le Cartographe des absences est un roman parfois exigeant, mais profondément habité. Il dresse la cartographie d’un pays meurtri, partagé entre mémoire et oubli, entre l’amour et la perte — un voyage au cœur des tempêtes, réelles et intérieures.

Commentaires
J’avais beaucoup aimé, je le trouve bien construit, à la fois ancré dans l’histoire la plus contemporaine et profondément poétique.
Oui c’est vrai, la construction est plutôt complexe mais maîtrisée.
Je n’avais pas en tête que tu nous accompagnais pour cette LC, et j’en suis ravie, voilà un auteur qui mérite largement d’être mis en avant, même si j’ai eu du mal avec le premier titre que j’ai essayé de lire à l’occasion de ce rendez-vous. Il a un style vraiment singulier, et une très belle écriture.
C’est le mois africain, je ne pouvais pas rater ça
Je l’ai lu et beaucoup apprécié… Je ne pense pas avoir publié de commentaires, mauvaise période.
Désolée pour ma non réponse mais je viens de retrouver ton commentaire dans mes spam. Je ne sais pas pourquoi. Et comme d’habitude je les efface sans les regarder, j’ai sûrement supprimé des messages plus anciens.
Mia Couto est un auteur incontournable de la littérature africaine. J’aime beaucoup ses romans.
J’ai très envie de découvrir cet auteur, mais ce roman me fait un peu peur. Je commencerai peut-être par celui qu’Ingannmic a lu, il est plus court et fera un bon « galop d’essai ». Si c’est concluant, je reviendrai vers Le cartographe des absences (quel beau titre d’ailleurs)
Tu n’auras que l’embarras du choix. Il y a de très bons romans chez cet auteur. Bonne découverte