Titre : Où s’adosse le ciel
Auteur : David Diop
Editeur : Julliard
Nombre de pages : 368
Date de parution : 14 août 2025

 

Sang impur

Depuis le petit village de Maka, au Sénégal, Bilal Seck accompagne son ami d’enfance Yérim Thiaw pour un pèlerinage en Terre sainte. Mais leur amitié repose sur une inégalité profonde. Bilal, à cause de son « sang impur », est l’esclave de Yérim.
Cette hiérarchie, parfois oubliée, se révèle brutalement lorsque Yérim, effrayé par l’épidémie de choléra, abandonne Bilal à Djeddah, aux portes de La Mecque. La chemise de Bilal s’est tachée du sang d’un pèlerin malade, il devient dès lors un paria.

Pourtant, Bilal échappe miraculeusement à la maladie. Le dispensaire du consulat français l’embauche pour laver les corps des victimes, lui promettant en échange un retour au pays. Mais ce voyage de Djeddah à Saint-Louis sera long, périlleux et initiatique.
Tout au long de son périple, Bilal psalmodie le chant des origines, retraçant l’exode d’Ounifer, le grand prêtre du temple d’Osiris :

« Aucun de mes soixante et onze prédécesseurs passeurs du récit des origines n’a pu mettre ses pas dans ceux des ancêtres partis du Double Pays pour le Bel Horizon. Je serai le premier à retrouver la route qu’ils ont suivie. »

La route vers le Bel Horizon

En parallèle du destin de Bilal, David Diop nous entraîne dans une Égypte antique en pleine effervescence. Ounifer, insurgé contre les dieux et le pharaon grec Ptolémée Philadelphe, est contraint à l’exil. Surveillé par l’armée de Ptahhotep, il se met en quête des trésors d’Osiris et de la nouvelle Abydos, la cité mythique « où le ciel s’adosse à la montagne de Bakhou ».
Mais son chemin, tout comme celui de Bilal, est semé d’embûches : luttes de pouvoir, trahisons, égoïsme des puissants, et quêtes spirituelles inassouvies.

Ces deux récits, apparemment éloignés dans le temps et l’espace, finissent par se répondre. L’un éclaire l’autre, et c’est dans leur entrelacement que naît la dimension la plus fascinante du roman : celle du voyage humain, intérieur autant que géographique.

La grande Histoire, source d’inspiration

Fidèle à sa manière, David Diop s’inspire de l’Histoire pour explorer la complexité des liens humains. Après Frère d’âme, il fait dialoguer ici l’Antiquité égyptienne et le Sénégal colonial de la fin du XIXᵉ siècle, dans une fresque où la mémoire et la filiation se mêlent à la quête de liberté.

Si la partie égyptienne peut d’abord sembler hermétique, elle prend tout son sens à mesure que se révèle la parenté spirituelle entre Bilal et Ounifer. Le style de Diop, à la fois poétique et précis, confère à cette double épopée une puissance envoûtante. Et lorsque le récit s’achève, tout le chemin parcouru par Bilal trouve sa signification : celle d’un homme qui, au-delà du sang et des chaînes, cherche la part de ciel à laquelle il peut enfin s’adosser.

 

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

3 novembre 2025 à 9 h 55 min

Ça à l’air beau ! J’ai beaucoup aimé « Frères d’âme » découvert grâce à ce mois africain. Je lirai sûrement celui-ci !



4 novembre 2025 à 10 h 06 min

Je n’accroche pas avec le style de l’auteur.



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