Titre : Des garçons d’avenir
Auteur : Nathalie Bauer
Editeur : Philippe Rey
Nombre de pages : 442
Date de parution : août 2011
Résumé:
En 1915, à 22 ans, Raymond Bonnefous part à la guerre. Avec légèreté, il semble partager le sentiment de nombreux camarades : le conflit ne constitue « qu’un empêchement, un regrettable incident, un caillou qui se glisse à l’intérieur de votre chaussure et dont on se débarrasse facilement ».
Etudiant en médecine, il va pourtant vivre près de quatre ans à proximité de l’enfer des tranchées, dans des postes de secours où défile l’effarant cortège de blessés et de mutilés. Avec les autres médecins (dont ses amis Morin et Declercq), souvent au péril de leur propre vie, ils vont tenter de soulager la souffrance qui afflue vers eux. Mais aussi de l’oublier… Car ces « garçons d’avenir » ont envie de vivre, d’employer leurs moments de liberté à faire du cheval, du tennis, à s’amuser à Paris, à rentrer chez eux en permission, à participer aux fêtes,
à aimer aussi… Leur engagement au coeur du plus terrible des conflits ne les empêche pas de rechercher les plaisirs et l’amour avec une force juvénile, une forme d’aveuglement aussi qui leur donne à penser que rien ne les arrêtera… On s’attache à Raymond et à ses amis, on suit la singulière relation qui les unit à la fraîche et lucide Zouzou : derniers instants d’insouciance d’une génération qui essaie de prolonger un monde en train de disparaître. De cet univers d’hommes et de passion, de ce quotidien d’horreur surgissent des êtres capables de trouver néanmoins une forme de bonheur. Paradoxe qui fait de ce texte magistralement écrit, solidement documenté, un des plus beaux romans consacrés à la Grande Guerre.
Mon avis :
C’est en retrouvant les carnets de route, les photos, lettres et objets de son grand-père que Nathalie Bauer a décidé d’écrire ce roman. Elle construit, ici, une histoire romanesque avec le jeune étudiant en médecine qu’était son grand-père, confronté à l’horreur de la guerre des tranchées.
Comment peut-on trouver un sens à la vie au milieu de la boue, des cadavres à enterrer, des mutilés? Beaucoup y perdent la raison, l’énergie et la croyance, certains se laissent consoler par l’alcool.
Mais Bonnefous, le narrateur résiste grâce à cette relation de camaraderie qu’il entretient avec Declercq, un jeune dandy meurtri par le suicide de son père et l’égoïsme de sa famille bourgeoise. Car, Bonnefous est un être simple, gentil qui, sorti de son cocon familial découvre l’importance des relations humaines.
C’est cet esprit de camaraderie, le soutien chaleureux de sa famille lors des permissions qui le tiennent debout.
Tous attendent la fin de cette guerre qui s’éternise et nos deux camarades rêvent d’y retrouver cette jeune fille rousse, Elisabeth avec laquelle ils ont créé une relation puritaine à la Jules et Jim.
L’auteur a réussi à inclure de nombreux personnages, très différents, enrichissant ainsi la trame émotionnelle.
Je pense qu’il est parfois difficile de suivre tous les déplacements des divisions et de se repérer dans le temps à cause des nombreux départs et retours en permission. Mais l’important est d’avoir su traduire l’horreur et l’archaïsme de cette guerre (marmitages, la terre qui ne peut plus avaler les corps, la vie boueuse des tranchées) et d’y inclure l’insouciance, l’espoir mais aussi parfois le découragement de ces jeunes gens.
Le style de l’auteur est fluide, précis, détaillé dans les descriptions de paysage. Nathalie Bauer réussit à raconter une histoire et à analyser les états d’âme de ses personnages tout en respectant les précisions historiques glanées dans ses nombreuses recherches documentaires.
Voici donc une très belle histoire d’amitié et je suis contente que ce livre soit retenu pour la première sélection du Prix Femina 2011.