dugainTitre : Avenue des géants
Auteur : Marc Dugain
Éditeur : Gallimard
Nombre de pages : 360
Date de parution : janvier 2012

Présentation de l’éditeur :
Al Kenner serait un adolescent ordinaire s’il ne mesurait pas près de 2,20 mètres et si son QI n’était pas supérieur à celui d’Einstein. Sa vie bascule par hasard le jour de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Plus jamais il ne sera le même. Désormais, il entre en lutte contre ses mauvaises pensées. Observateur intransigeant d’une époque qui lui échappe, il mène seul un combat désespéré contre le mal qui l’habite. Inspiré d’un personnage réel, Avenue des Géants, récit du cheminement intérieur d’un tueur hors du commun, est aussi un hymne à la route, aux grands espaces, aux mouvements hippies, dans cette société américaine des années 60 en plein bouleversement, où le pacifisme s’illusionne dans les décombres de la guerre du Vietnam.

Mon avis :
« Romancer un personnage, c’est le trahir pour mieux servir ce que l’on pressent de la réalité.
Du fond de sa prison de Vacaville, Ed Kemper pourra peut-être comprendre que je me sois approprié sa vie. Stéphane Bourgoin
aussi dont le documentaire sur le tueur en série diffusé sur la chaîne Planète a déclenché mon envie de m’immiscer dans cet être complexe
 » Marc Dugain.

Avenue des géants est un roman exceptionnel pour différentes raisons. Tout d’abord, ce récit d’un fait réel est
clairement présenté et l’auteur mène une fine analyse psychologique pour expliquer le gestes de ce tueur. Malgré le caractère horrible du double meurtre de ses grands-parents, la folie est invoquée, puis les racines psychologiques de cet acte atténuent la responsabilité, si cela est encore possible. Ce qui permet de revenir sur des thèmes philosophiques de la nature de l’homme.
« l’homme ne naît pas bon pour être ensuite corrompu par la société. »
Au-delà du comportement individuel, l’auteur élargit son analyse à la responsabilité de la société. En cette période des années 60-70, où les atrocités au Vietnam sont « félicitées », quel meurtre est légitime. Face au gouvernement américain, les jeunes veulent fonder une nouvelle société (période hippie) pour se libérer
des contraintes du couple, de la famille, du travail, de l’argent.  Al Kenner réprouve ce laisser-aller, bien qu’il soit meurtri par le comportement de sa famille.
Le troisième point fort du roman est sa construction. L’auteur part de l’environnement familial puis viennent les faits, l’analyse, la libération et la réhabilitation. Entre temps, il y a des paragraphes sur les activités littéraires d’Al, la soixantaine, toujours prisonnier et visité par Susan, une ex-hippie.  L’auteur parvient ainsi à maintenir le doute, le suspense, l’envie de savoir comment Al va maîtriser sa vie.
Cette analyse est une très belle réussite de Marc Dugain qui confirme son attrait et sa parfaite mise en scène de personnages complexes.

Je remercie la librairie chapitre d’Orléans pour le prêt de ce livre.

elle

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

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