Titre : Bizango
Auteur : Stanley Péan
Editeur : Les Allusifs
Nombre de pages : 294
Date de parution : avril 2011
Présentation de l’éditeur :
Dans les rues de Montréal, erre un homme doté de facultés extraordinaires qui s’apparentent à une malédiction. Une nuit, après être venu à la rescousse d’une prostituée haïtienne malmenée par le bras droit de son pimp, il se lie d’amitié avec cette jeune femme rebaptisée Gemme pour sa clientèle. Une inquiétante cavale s’ensuit. Non seulement cet être étrange et sa protégée sont poursuivis par les sbires lancés à leurs trousses par le redoutable gangster et proxénète Chill-O, mais ils essaient aussi d’échapper aux enquêteurs de la police. Mais qui est-il à la fin ? D’où vient-il ? S’agirait-il, comme le suggère Papy Boko, le vieux sage consulté par Gemme, d’un bizango, une de ces créatures issues du folklore haïtien capables de se dévêtir de leur peau humaine pour devenir autre chose ?
Mon avis :
Je commence les premières pages de Bizango avec une certaine appréhension. Ce type de littérature n’est pas ce que je préfère puisque le héros, le Bizango, est un être surnaturel, un homme caméléon qui prend l’apparence d’ êtres chers disparus, identifiés dans l’esprit des personnes rencontrées. Même, si cette magie peut être liée au vodou haïtien, présentée de cette façon, ce n’est qu’un élément fantastique d’un piètre film de science fiction.
L’histoire est elle aussi sommaire : Gemme, une prostituée haïtienne, échappe à son proxénète, Chill-o, chef de bande de trafiquants qui sous une couverture de producteur musical et de mécène, est impliqué dans le trafic de drogue. Ce milieu donne lieu à des dialogues assez vulgaires. L’auteur utilise aussi des mots et phrases en haïtien, traduits en bas de page, ce qui déconcentre la lecture.Malgré le nombre de personnages, aucun n’est suffisamment attirant. Gemme aurait pu attirer la sympathie par son passé mouvementé ( enfance en Haïti tourmentée par les évènements naturels et politiques, placement dans une mauvaise famille au Canada, drogue et prostitution, lien avec Papy Boko, chef spirituel de la religion vodou), mais les points intéressants ne sont pas suffisamment creusés.
Le Bizango est bien sûr d’une froideur liée à son état reptilien et je n’ai pas pu comprendre l’origine de son mal.
Je regrette aussi que l’environnement soit aussi mal exploité. Les descriptions ne permettent pas de dater et de situer l’action. Il est dommage de ne pas profiter davantage du Canada. J’ai apprécié le début d’explication sur l’immigration au Canada et notamment, la population haïtienne qui représente un quart des immigrés et le débat sur délinquance induite par les étrangers, les difficultés d’intégration et la méfiance des forces de police ( plus forte criminalité ou plus forte surveillance policière). Dommage que l’auteur n’ait pas creusé davantage ces problèmes de société, la vie haïtienne et la personnalité des personnages.
J’ai lu ce livre en tant que juré pour le Prix France Océans.