Titre : Home
Auteur : Toni Morrison
Editeur : Christian Bourgois
Nombre de pages : 151
Date de parution : 23 août 2012
Présentation de l’éditeur :
L’histoire se déroule dans l’Amérique des années 1950, encore frappée par la ségrégation. Dans une Amérique où le « White only » ne s’applique pas qu’aux restaurants ou aux toilettes, mais à la musique, au cinéma, à la culture populaire. L’Amérique de Home est au bord de l’implosion et bouillonne, mais c’est ici la violence contre les Noirs américains, contre les femmes qui s’exprime. Les grands changements amorcés par le rejet du Maccarthisme, par la Fureur de vivre ou le déhanché d’Elvis n’ont pas encore commencés. En effet, les Noirs Américains sont brimés et subissent chaque jour le racisme et la violence institutionnalisés par les lois Jim Crow, qui distinguent les citoyens selon leur appartenance « raciale ». Pour eux, le moindre déplacement, même le plus simple, d’un état à l’autre, devient une véritable mission impossible. En réponse à cette oppression, l’entraide et le partage – facilités par l’utilisation du Negro Motorist Green Book de Victor H. Green qui répertorie les restaurants et hôtels accueillant les noirs dans différents états – sont au coeur des
relations de cette communauté noire dans une Amérique à la veille de la lutte pour les droits civiques.
La guerre de Corée vient à peine de se terminer, et le jeune soldat Frank Money rentre aux Etats-Unis, traumatisé, en proie à une rage terrible qui s’exprime aussi bien physiquement que par des crises d’angoisse. Il est incapable de maintenir une quelconque relation avec sa fiancée rencontrée à son retour du front et un
appel au secours de sa jeune soeur va le lancer sur les routes américaines pour une traversée transatlantique de Seattle à Atlanta, dans sa Géorgie natale. Il doit absolument rejoindre Atlanta et retrouver sa soeur, très gravement malade. Il va tout mettre en oeuvre pour la ramener dans la petite ville de Lotus, où ils ont passé leur enfance. Lieu tout autant fantasmé que détesté, Lotus cristallise les démons de Frank, de sa famille. Un rapport de haine et d’amour, de rancoeur pour cette ville qu’il a toujours voulu quitter et où il doit revenir. Ce voyage à travers les États-Unis pousse Frank Money à se replonger dans les souvenirs de son enfance et dans le traumatisme de la guerre ; plus il se rapproche de son but, plus il (re)découvre qui il est, mieux il
apprend à laisser derrière lui les horreurs de la guerre afin de se reconstruire et d’aider sa sœur à faire de même.
Mon avis :
Dans Home, Toni Morrison est fidèle à son combat, celui de dénoncer les violences de la ségrégation et les blessures faites au corps et à l’âme du peuple noir.
Frank Money représente toutes les vicissitudes faites à son peuple. Sa famille fut chassée du Texas par les blancs. Réfugiée à Lotus chez les grands-parents, les parents mènent une vie harassante dans les champs de coton jusqu’à s’épuiser et laisser les deux enfants, Frank et Cee à la garde de la grand-mère Lénore, égoïste et méchante. Frank se sent investi de la protection de sa jeune sœur.
Seule issue pour lui, il s’engage avec ses deux amis, Mike et Stuff, dans l’armée. Là, il supporte les atrocités de la guerre de Corée et reste impuissant devant la mort de ses deux meilleurs amis.
» Fini, les gens que je n’ai pas sauvés. Fini, regard mourir les gens qui m’étaient proches. Fini. »
Aussi, à sa démobilisation, pourtant meurtri par les cauchemars de guerre, blessé par les attaques de rue, Frank traverse le pays pour rejoindre sa sœur en danger.
Au travers de ce voyage, Toni Morrison évoque la ségrégation, le soutien des frères de la même communauté, le maccarthysme, l’eugénisme, les violences de la guerre.
Home est un roman court mais percutant avec de très beaux personnages comme Frank mais aussi Lily, sa petite amie qui lutte pour s’en sortir ou Billy qui aide spontanément Frank. Cee est le symbole de la souffrance depuis sa naissance mais aussi celui de la survie.
Le roman est remarquablement construit avec un même évènement en début et fin de livre qui montre toute l’évolution des personnages, leur quête de rédemption et leur volonté de retour aux racines. L’auteur insère des paragraphes en italique qui cadre la véritable histoire grâce aux confessions intimes de Frank.
Thomas, le jeune fils de Billy exprime toute l’humanité de ces êtres meurtris avec cette jolie réponse:
» –Quel métier tu veux faire quand tu seras grand?
De la main gauche, Thomas tourna la poignée et ouvrit la porte.
– Homme, répondit-il, puis il sortit. »
Commentaires
C’est très très beau. Il est dans la PAL depuis sa sortie, mais le temps manque…
Moi aussi, j’ai un autre livre de l’auteur ( Beloved) dans ma PAL depuis un certain temps.
Il en fait partie aussi^^