Titre : Le ruisseau de cristal
Auteur : Dermot Bolger
Littérature irlandaise
Traducteur : Marie-Hélène Dumas
Editieur : Joëlle Losfeld
Nombre de pages : 264
Date de parution : 16 octobre 2014
Auteur :
Dermot Bolger est né dans la banlieue ouvrière du nord de Dublin (le North Side) à Finglas en 1959.
Présentation de l’éditeur :
Le nouveau roman de Dermot Bolger, Le ruisseau de cristal (The Woman’s Daughter), commence avec l’histoire d’une jeune fille vivant recluse et caché dans une petite chambre. Elle ne fait l’expérience du monde qu’à travers sa fenêtre et les histoires que lui raconte sa mère : l’arrivée de sa famille dans ce quartier résidentiel de banlieue, les jeux avec son frère, qui se muent en un amour incestueux dont on devine les conséquences tragiques, sa vie dans l’Irlande des années 1960, des usines aux salles de bal. Le tour de force du roman est d’inclure cette vie d’isolement et de solitude dans une histoire plus vaste, qui commence au XIXe siècle avec la relation d’un jeune tuteur et de Bridget, une femme de chambre, en pleine ère victorienne, pour se poursuivre avec Joanie, une jeune femme contemporaine, hantée par un passé qu’elle n’a pas connu.
Mon avis :
Dermot Bolger n’est pas un auteur facile à aborder. Ses récits ancrés dans la classe ouvrière irlandaise, sont souvent assombris par les violences infantiles, l’alcool, la perte violente de parents. La frontière avec l’au-delà, l’imaginaire n’est jamais loin.
Ce roman est particulièrement complexe parce qu’il a été écrit en plusieurs étapes. Dermot Bolger a écrit la première partie en 1987 et l’a complétée avec deux autres parties cinq ans plus tard.
Sandra a perdu sa mère alors qu’elle avait huit ans. Elle est élevée par son père dans une maison de cité proche du cimetière et du ruisseau. La maison n’est pas grande, elle doit dormir dans le même lit que son frère. A l’école chrétienne, elle est éduquée à la badine.
Une vie sinistre qui lui fait accepter la tendresse particulière de son frère, même si elle sait que c’est mal. Jusqu’à se retrouver seule avec cette maison et une enfant que l’on devine, fruit des amours incestueuses, cloîtrées jusqu’à la mort.
La seconde partie est particulièrement difficile à suivre puisqu’elle alterne deux histoires en des temps différents.
Une histoire actuelle d’un jeune bibliothécaire d’une famille ouvrière des années 70 amoureux de Joanie, jeune femme libérée, mystérieuse, perturbée par la méchanceté de sa grand-mère et la connaissance du drame survenu dans une des anciennes maisons de la cité.
» Elle avait l’air d’en avoir déjà plus vu dans la vie que le reste d’entre nous. Et pourtant, il y avait en elle quelques traits enfantins, la façon dont elle se vantait constamment des succès de sa famille, celle dont elle marchait, comme si les yeux de tous les hommes présents n’avaient pas pu se détacher d’elle.«
Puis, au XIXe siècle, celle d’un précepteur, Johnny, lui aussi issu d’une famille pauvre mais éduqué par un intellectuel voisin, amoureux d’une servante, Bridget, jeune fille hantée par des visions de fantômes dans sa chambre.
« Les vieilles d’ici disent qu’un enfant des fées est venu et lui a volé son âme, mais bon, encore faut-il y croire.«
La troisième partie reprend l’idylle entre un Johnny (oui encore un, celui qui a découvert l’enfant cloîtrée dans la maison de la cité) et Joannie. Cette partie assez énigmatique elle aussi reprend toutefois quelques liens comme le personnage de Turlough, un vieil ermite sensible aux âmes du passé, les lieux et maison des drames.
» Et j’ai compris que ce ne sont pas les fantômes du passé que nous devrions craindre, mais ceux qui ne sont pas encore nés, dont on n’a pas encore rêvé, ceux à venir, hors de notre contrôle ou de notre compréhension, qui se souviendront ou bien qui oublieront, qui nous pardonneront ou qui nous condamneront.«
Par ce livre, Dermot Bolger montre comment les drames de nos voisins peuvent envahir les consciences des faibles. Chaque génération porte successivement les errances des fantômes proches de nos vies. Et dans cette société ouvrière de l’Irlande, les drames sont fréquents.
Commentaires
je ne l’ai pas trouvé difficile mais tout est si convenu d’avance que l’on devine l’histoire… une déception ! je l’ai trouvé inabouti pour ma part ( je l’avais terminé après l’avoir abandonné dans un premier temps) et pas de billet…
Ton avis correspond à ce que je pense de la première partie, qui était une histoire à part entière. Je sens bien que les deux autres parties ont été ajoutées plus tard. Et c’est là où j’ai ressenti la » complexité » avec l’enchevêtrement des deux histoires. Je tentais de faire le lien avec la première partie. Et avec la troisième partie, l’auteur ajoute une strate, avec encore un autre Johnny et je suppose, le premier amoureux de Joannie. Et là, j’avoue que je ne pouvais rien deviner par avance, ni le rôle de Turlough ou de Matthew, ni les liens entre Joannie, Sandra et Bridget.
J’ai très envie de mieux connaître la littérature irlandaise mais celui-ci ne m’attire pas vraiment. Et la couverture ne me plaît pas du tout. Et ton billet qui souligne les difficultés de cette lecture ne m’incite pas vraiment à tenter l’expérience.
Dermot Bolger est un auteur qui jongle souvent avec le « fantastique » et le gothique. Ce roman n’est pas le plus simple pour aborder la littérature irlandaise. Mais tu peux aller regarder le challenge de Dawn ( je crois avoir mis le lien sur l’image du challenge) ou sur mes lectures de ce challenge (icône dans le menu de droite)
Merci je vais faire un petit tour et je vais sûrement trouver mon bonheur.