Titre : Légende d’un dormeur éveillé
Auteur : Gaëlle Nohant
Éditeur : Héloïse d’Ormesson
Nombre de pages: 544
Date de parution : 17 août 2017

Du couple de Gabriële Buffet et Francis Picabia dans le monde des artistes avant-gardistes du début du XXe siècle, je continue jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale avec le poète surréaliste, Robert Desnos si bien conté par Gaëlle Nohant dans Légende d’un dormeur éveillé.

Ce roman est celui d’une époque, d’un monde artistique, d’un amour absolu, d’un homme libre, tendre et impétueux.

Nous découvrons Desnos à son retour de Cuba en 1928 et le livre se referme sur la fin de la seconde guerre mondiale. Si les artistes continuent à hanter les lieux de plaisir comme le bal nègre de la rue Blomet, la France connaît la famine, la misère, les épidémies. Très vite, le contexte s’oriente vers la montée du fascisme, la victoire du front populaire puis le gouvernement de Vichy et les abus de la collaboration. Prison, camp de concentration, camp de travail, rafle, Desnos nous entraîne vers l’horreur de la seconde guerre mondiale.

Si cette époque est sordide, la vivre dans ce monde artistique est une porte sur autre vision du monde. Qui lui aussi comporte ses trahisons et ses amitiés. Le récit s’ouvre sur la scission du groupe des surréalistes dirigé par André Breton qui devient de plus en plus moraliste . Desnos est exclu pour refus de rejoindre le parti communiste et parce qu’il écrit des articles pour les journaux bourgeois. Desnos fait ses débuts à la radio où il crée le feuilleton radiophonique Fantomas avec Antonin Artaud. Il rencontre Luis Buñuel, Jean-Louis Barrault, Pablo Neruda, Garcia Lorca.

Dans ce riche contexte historique et artistique, le récit est aussi l’histoire d’un amour. Lié à Yvonne George, une actrice atteinte de tuberculose, Robert Desnos tombe sous le charme de Youki, la femme du peintre japonais Foujita. Son amour indéfectible pour cette femme légère, avide de luxe, de faste, de plaisirs hante désormais l’entièreté du récit. D’une relation sensuelle, libre et chaotique, leur lien évolue vers un besoin et un respect réciproque.

Au fil des pages, nous apprenons à connaître ce poète « aux yeux d’huître », attaché à sa liberté qui ne se marchande pas, impétueux et tendre. Il aime protéger, donner des rêves aux enfants par ses contes et ces poèmes. Il n’hésite pas à boxer les collabos, à s’engager dans la résistance. La culture devient un enjeu.
«  Tout œuvre d’art porte une vision du monde…Les despotes entendent imposer la leur, et nous leur opposons une multiplicité de regards et de points de vue qui leur est odieuse. Pour eux, il ne peut y avoir qu’une seule vérité, qui devient un catéchisme. La culture est un enjeu. Quand on permet à ceux qui en sont exclus d’accéder à l’art et à la connaissance, on sème une graine de liberté qui peut les soustraire à la toute puissance des tyrans. »

En début de lecture, la richesse du style avec ses nombreuses comparaisons me déplaisait.
«  Ils ont étiré la nuit comme on déroule une soie miroitante dans l’atelier d’un grand couturier... ». Me suis-je ensuite laissée emporter par l’intérêt du récit ou le style s’est-il ensuite épuré ( j’en ai bien l’impression), mais je me suis passionnée pour cette histoire romancée mais bien documentée et pour cet homme que je connaissais peu mais qui est ici érigé en un artiste complet, un héros, un homme humain et intègre.

Un très beau roman qui rend un hommage inoubliable à ce dormeur éveillé.

«  Tu avances, ouvert à tout ce qui peut se présenter, persuadé que le mauvais ne peut pas durer, que tôt ou tard l’horizon finira par s’éclaircir. »

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

22 novembre 2017 à 9 h 23 min

Un très beau roman ! Vraiment très intéressant… et une belle écriture.



22 novembre 2017 à 10 h 12 min

Un avis très intéressant sur ce roman dont j’ai lu des avis mitigés. Merci à toi !



22 novembre 2017 à 11 h 00 min

je fais partie de ceux qui n’ont pas du tout adhéré à cause du style et des longueurs, mais je compte bien persévérer avec La part des flammes qui est dans ma pal 😉



22 novembre 2017 à 12 h 09 min

Le style m’a fait abandonné ce roman. Tant pis pour moi.



annie-france belaval
22 novembre 2017 à 16 h 01 min

Bonjour, je devais revenir vers toi après avoir vu le film. Cela aurait été dommage de manquer un chef d’oeuvre, si bien adapté (sous l’oeil de Lemaître) et si bien joué! La bande annonce m’avait vraiment rebutée Amicalement Annie-France Le Café Littéraire est passé sur Radio Campus 106.6, lundi à 17h (podcast possible) Cela m’a rappelé les émissions de Christophe Sueur auxquelles nous avions participé.

Garanti sans virus. http://www.avast.com



22 novembre 2017 à 18 h 39 min

Comme toi, je me suis laissée porter par l’histoire



22 novembre 2017 à 22 h 38 min

J’hésite toujours malgré toutes les bonnes critiques que je lis ici ou là. Ce que tu dis du style au début du roman aurait tendance à me laisser à l’écart.



24 novembre 2017 à 12 h 56 min

cette auteure est forte pour nous immerger dans un contexte historique, pas encore lu celui là, j’avais beaucoup aimé La part des flammes



27 novembre 2017 à 10 h 06 min

Je ne connais pas du tout l’auteure, j’aimerai en effet la découvrir depuis le temps que j’en entends parler.



valmleslivres
28 novembre 2017 à 20 h 54 min

Je l’ai offert deux fois. Peut-être faut-il préciser, comme me l’a dit l’une des bénéficiaires de ce cadeau, que ça démarre comme un diesel et qu’il ne faut pas en avoir peur, ensuite, l’auteure appuie sur l’accélérateur.



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