Sur la route de jostein

Titre : La nuit des pères
Auteur : Gaëlle Josse
Editeur : Noir sur Blanc
Nombre de pages : 192
Date de parution : 18 août 2022

Retour aux sources

Appelée par son frère Olivier, Isabelle accepte d’aller voir son père malgré sa rancoeur depuis l’enfance. Ce montagnard irascible, incapable de sourire a fait peser sur sa femme et ses enfants une autorité méchante, parfois violente. Isabelle a énormément souffert de son indifférence et de ses phrases assassines. Avant que la maladie de l’oubli ne s’empare du vieil homme, il est l’heure de se confronter à ses souvenirs.
En route vers Chambéry, puis installée dans la maison natale, la jeune femme se souvient du sourire triste de sa mère et de quelques moments qui ont marqué son enfance.

Cette insécurité permanente dans laquelle nous tentions de respirer, ces éruptions soudaines qui nous laissaient longtemps après un noeud au ventre et à la gorge, tout cela était ton oeuvre, ton grand oeuvre finement distillé et ciselé.

Adolescente, elle avait hâte de quitter cette montagne pour suivre une formation de biologie marine et audiovisuel. Objectif l’océan par rejet de la montagne.

Le voile se lève

Enchâssées dans un récit d’une grande délicatesse, les blessures de chaque personnage se dévoilent. Quelques mots évocateurs jusqu’à la confidence des drames qui ont marqué les vies d’Isabelle, de son frère et de son père.
Les silences ajoutés aux silences pourrissent les vies des parents et enfants. Longtemps Isabelle n’a pu faire confiance aux hommes. Jusqu’à la rencontre de Vincent.

Avant lui, l’amour, les hommes, c’était la peur. L’envie et la peur. Le besoin de sécurité, d’être vue, reconnue, choisie, et la terreur d’être abandonnée.

Il lui faudra attendre les derniers jours de son père pour connaître enfin l’épine qu’il portait en son coeur. Certains évènements foudroient les espoirs de la jeunesse. Gaëlle Josse témoigne avec beaucoup de tact de l’horreur de la guerre d’Algérie, de l’enfer vécu par celui qui ne pourra jamais oublier.

Brièveté et intensité

Ce dernier roman de Gaëlle Josse s’inscrit pleinement dans son oeuvre. C’est un roman court mais intense avec des personnages à fleur de peau. Le récit d’Isabelle tient une large place mais la réplique du père en forme de confession est particulièrement bouleversante. Et j’ai aimé aussi cette parole donnée au frère en fin de roman.
Gaëlle Josse écrit avec beaucoup de délicatesse ces moments où nos vies chancellent. Puisant force dans leur coeur et leur mémoire, ses personnages, entourés de la bienveillance de parents ou amis trouvent le chemin vers la lumière. L’auteur aime ses personnages et nous les fait aimer. Avec leurs forces et leurs faiblesses, ils nous ressemblent, ils font partie de notre famille. Chaque fois, elle nous rappelle que le partage, l’écoute, la famille, l’amitié sont les épaules qui nous soutiennent et nous aident à retrouver le chemin de la vie.
Chacun de ses romans me touche profondément. Vivement le prochain!