Titre : Bien-être
Auteur : Nathan Hill
Littérature américaine
Titre original : Wellness
Traducteur : Nathalie Bru
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 688
Date de parution : 22 août 2024
Coup de foudre à Wicker Park
Jack Baker est un jeune photographe venu du Kansas. Contre quelques photos sur l’évolution du quartier de Wicker Park, Benjamin Quince le loge gratuitement dans un des studios pour artistes implantés dans une ancienne usine. Solitaire, il regarde par la fenêtre la silhouette d’une femme, quelques couleurs dans l’obscurité de l’appartement d’en face.
Cette silhouette, c’est celle d’Elizabeth Augustine, une étudiante en rupture avec sa famille riche mais peu honnête. Elle aussi observe le jeune homme d’en face.
Ils sont tous les deux à Chicago pour devenir orphelins.
Quand ils se rencontrent dans un bar où se produisent quelques musiciens, c’est l’occasion de vivre ce coup de foudre. « Viens avec » lui dit-il. Et il ne se quitte plus.
La courbe en U
Vingt et un ans plus tard, ils sont toujours ensemble. Parents d’un petit garçon, parfois sujet à des crises de colère. Elizabeth est à la tête de la clinique du Bien-être et Jack est professeur à temps partiel. Ils espèrent pouvoir prochainement s’installer dans un nouvel appartement du cossu quartier de Park Shore, un programme immobilier de Benjamin.
C’est alors qu’Elizabeth se pose des questions . Selon elle, son couple est actuellement au bas de la fameuse courbe en U. Au fil des années, elle ne se sent plus sur la même longueur d’ondes que Jack.
Elle se sentait en permanence la cible d’une surveillance bienveillante, comme si rien n’échappait à Jack.
Les origines
Afin de bien cerner les caractères, Nathan Hill prend le temps régulièrement au fil du récit d’ancrer ses personnages dans leur passé.
Jack n’aurait pas dû venir au monde. Sa mère âgée de trente-sept ans et déjà maman d’une fille de dix-sept ans aurait préféré avorter. Mais sa religion lui interdit. Jack grandira sous l’aura de sa grande sœur, artiste peintre à Chicago. Evelyn et les herbes hautes des Flat Hills le hanteront à tout jamais. Et nous finirons par comprendre pourquoi.
En s’accrochant trop à ce qu’on veut voir, on passe à côté de ce qui est vraiment là.
Elizabeth est la fille d’une lignée d’arrivistes qui ont fait fortune sur les conséquences de la guerre. « Des malins de la finance mais des tristes sires de la morale. »
L’effet placebo
En 1992, Elizabeth répond à une petite annonce cherchant des comédiens pour une étude sur le coup de foudre. Elle rencontre alors le docteur Sanborne, propriétaire de la clinique du Bien-être qui deviendra son patron. Elle fait ensuite fortune en aidant United Airlines à améliorer la satisfaction de ses clients. Puis , elle travaille sur l’effet placebo. Tout est dans le mental. Créer un rituel, donner du sens pour se sentir mieux.
Croire aux régimes bidon, aux chakras mystiques et aux cristaux énergétiques était finalement une réponse plutôt saine et rationnelle à l’effondrement systémique : faute de protection extérieure, il fallait se protéger soi-même. Croire en quelque chose. Trouver, quelque part, de l’espoir.
Mais ne s’est-elle pas elle-même raconter une belle histoire ? Coire que Jack était son âme soeur n’était-ce qu’un mythe ?
Un roman foisonnant
Bien-être n’est pas un roman facile à lire. La question essentielle est de savoir si un couple d’âmes soeurs, un couple mythique peut avoir un avenir dans une société où le besoin de nouveauté est incessant. Le coup de foudre n’est-il qu’une histoire qu’on s’invente et qui nous prend au piège ?
Mais au-delà de cette question « philosophique », l’auteur installe son histoire dans un contexte social et s’attache à montrer que nous sommes faits de notre passé. Et qu’il n’est pas facile de grandir quand on traîne un lourd passé.
L’auteur nous parle de la sur information, de la trop grande présence des écrans, de la théorie des complots, de la virilité dangereuse, de la gentrification, du comblement des besoins et des manques, du management. Un pari ambitieux qui m’a parfois perdue, qui souffre de longueurs mais qui propose une histoire de couple superbement bien incarnée qui porte à réfléchir.
Commentaires
Une histoire de couple ? Le sujet ne me tente pas.
C’est un peu plus que ça mais comme le roman est assez long mieux vaut partir avec l’envie de le lire
je viens de le commencer, le début me plait bien !
Bonne lecture
Je le lirai peut-être, sans urgence, je n’ai pas trop envie d’un pavé en ce moment.
J’ai un peu de mal à me concentrer en ce moment moi aussi. Ce doit être l’effet de l’automne
J’ai adoré son fourmillement et l’interaction si fine de ce roman et de ses personnages avec otre monde d’hier et d’aujourd’hui.
J’avais lu ton avis. Oui ça fourmille 😊 Pas facile à suivre mais c’est un intéressant et subtil regard sur l’évolution de l’Amérique