Titre : Theodoros
Auteur : Mircea Cārtārescu
Littérature roumaine
Titre original : Theodoros
Traducteur : Laure Hinckel
Editeur : Noir sur blanc
Nombre de pages : 601
Date de parution : 22 août 2024
Les bases
Tudor ( Theodoros), né en 1818, est le fils unique de Grigore Islicarul, roumain et de Sofiana, originaire des îles grecques. Les parents sont au service de boyards aristocrates de Valachie, Marita et Tachi Ghica.
Sofiana a été élevée par sa mère. Elle garde en elle la mémoire des pèlerinages dans les monastères du mont Athos. Elle transmet à son fils son goût pour la mer, lieu propice aux rencontres avec les anges.
A sept ans, Theodoros découvre la lecture et les paradis des boyards sous opium. Il dévore les saints lives et récits d’aventure regorgeant d’allégories, d’épopées et de philosophie. Le roman d’Alexandre est son livre préféré. L’enfant se sent alors investi d’un destin et comme Alexandre le Grand, il sait qu’il va conquérir le monde.
Lorsque tu lisais l’histoire du grand Alexandre, tu n’étais plus le petit Tudor, l’enfant loqueteux et va-nu-pieds des domestiques des Ghica, mais le fils de Nectanébo, l’empereur séducteur de l’Égypte et d’Olympias…
Ghiuner, le gardien de Tachi Ghica, complète son éducation en lui racontant les histoires de Tatars sanguinaires. A douze ans, son maître l’emmène à Bucarest. Il y rencontre des bandits et l’amour.
La quête de l’Arche d’alliance
Theodoros se laisse embarquer avec des pirates de la bande de Jianu. Il commence alors une vie sanguinaire. Les meurtres, les pillages et les viols deviennent son quotidien.
A vingt-deux ans, il trouve refuge au monastère Debre Tabor en Ethiopie. C’est le lieu du Kebra Nagast, le seul livre saint qui vaille et du trésor de Salomon, fils de David, l’Arche d’Alliance.
Il passera les prochaines années à sillonner les mers, chef cruel et intrépide des îles du Dodécanèse pour résoudre l’énigme qui le conduira à l’Arche qui donne l’invincibilité. Une véritable chasse au trésor jalonnée par la recherche des sept lettres du seigneur SABOATH.
Tu le savais, Théodoros, que suivre cette sainte piste quite menait en log et en large, au gré des alizés, à travers tout l’Archipel, tâtant avec le doigt épais du destin les lettres étincelantes, était la seule manière d’avancer dans la vie et dans le livre, comme si ta vie ainsi que les alignements de lettres du livre où tu te trouves avaient été un labyrinthe, pareil à celui de Crète, où le Minotaure déchirait ses malheureux visiteurs.
La conquête du royaume d’Ethiopie
Rejeté par Stamatina, fille du prince Ghica, son premier et grand amour, il se marie avec Porambita, fille de Ras Ali qui l’incite à conquérir l’Éthiopie. S’en suivent de nombreuses batailles pour finalement devenir roi et casser la lignée de Menelik. A la mort de sa tendre épouse, Théodoros, fou de chagrin, sombre dans l’alcool et l’opium. Et il devient un fauve satanique, s’attirant le mécontentement de son peuple. Il ira jusqu’à enfermer le pape et l’archevêque.
La reine Victoria, souhaitant ramener des richesses en ce pays, engage ses troupes contre ce roi détraqué. Une guerre qui amène la scène d’introduction de ce roman hors norme.
Un roman historique foisonnant
Théodoros est une fiction historique un peu baroque dans laquelle l’auteur s’autorise de nombreuses digressions menées par son talent narratif et sa grande érudition. Aussi faut-il s’accrocher pour saisir toutes les finesses de ce livre-monde.
Curieusement, j’ai pris davantage de plaisir à suivre les épisodes concernant les personnages secondaires. Il faut dire que Théodoros, guerrier et pirate, n’est guère sympathique. Sauf quand l’auteur évoque son côté humain avec sa passion pour Stamatina, son amour pour sa femme ou sa mère ou son amitié pour ses palikares ( mercenaires).
Par contre, quel plaisir de suivre l’histoire de Salomon et de la reine de Saba, de ce juif anglais qui se proclame Empereur à San Francisco, de ces inventeurs. Et que d’histoires truculentes racontées tout au long de ce roman. Après une première impression de lecture fastidieuse, je me suis prise au jeu et j’ai aimé sillonné les lieux et ce dix-neuvième siècle trépidant.
Et puis, tout de même, ce livre a été lu et approuvé par Dieu lui-même.
Son âme n’a pas été celle du commun des mortels, mais une âme grandiose, avide de grands et prodigieux exploits.
Je remercie Babelio et les éditions Noir sur Blanc pour l’attribution de ce livre lors de la dernière opération Masse critique Fiction.