Titre : Une maison faite d’aube
Auteur : N. Scott Momaday
Littérature américaine
Titre original : House made of dawn
Traducteur : Joëlle Rostkowski
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages : 288
Date de parution : 28 octobre 2020

 

 

 

 

« On chanterait le temps passé, le temps où il n’y avait que les collines, les nuages et le soleil qui se levait. »

Pendant plus d’un siècle les Kiowas , tribu montagnarde, avaient contrôlé les grands espaces. Ils ont migré vers le sud-est en direction de l’aube. En se liant aux Crows, ils ont adhéré à la culture et la religion des Indiens des Plaines, vénérant le Soleil. En 1890, les soldats, après avoir massacré les troupeaux de bisons, leur interdirent la pratique de leurs rituels essentiels.

Abel est le petit-fils de cette tribu. Il est un « cheveux-longs », un indien arriéré, dit-on. Ayant perdu sa mère et son frère, c’est son grand-père, Francisco, qui le recueille quand il rentre de la guerre en 1946, meurtri psychologiquement et ivre. Taiseux, inexpressif, il travaille pour une femme venue de Los Angeles qui cherchait un ouvrier pour couper du bois. Elle en fera son amant avant qu’il ne finisse en prison pour le meurtre d’un Indien albinos puis migre à Los Angeles. Sa vie n’est qu’une longue succession de blessures et d’errance.

Quand on vient d’une réserve, on n’en parle pas beaucoup. Si le drame indien teinte l’arrière-plan de ce récit, l’ensemble reste assez décousu et sybillin. Les paysages, les rites ancestraux, donnent une dimension lyrique au récit mais les personnages sont fuyants, leurs actions se noient dans la nostalgie d’un pays perdu.

N. Scott Momaday avait douze ans en 1946 quand ses parents se sont installés à Jemez Pueblo, une réserve dans une région de canyons. Les années qui ont fait suite à la seconde guerre mondiale ont été difficiles pour les Amérindiens. De nombreux jeunes ont été enrôlés dans une guerre qui leur était étrangère. Beaucoup en sont revenus abîmés. Abel, personnage fictif, en est l’exemple.

En lisant Ici n’est plus ici de Tommy Orange, j’avais déjà ressenti cette retenue à livrer clairement un passé traumatisant. Le fil narratif se perd assez facilement dans la poésie et le mysticisme. Un récit essentiel mais une lecture exigeante.

Simultanément est publié chez Yveline Editions un bel ouvrage intitulé « N. Scott Momaday et le sens du sacré, la voix universelle d’un poète et artiste amérindien » qui apparait d’emblée comme un complément à la découverte ou à la redécouverte de l’oeuvre de Momaday.

 

 

Je remercie Léa et les Editions Albin Michel pour la lecture de ce roman dans le cadre du Picabo River Book Club.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

4 décembre 2020 à 12 h 45 min

L’écriture n’a donc pas vieilli ?



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