Titre : La fileuse de verre
Auteur : Tracy Chevalier 
Littérature américaine 
Titre original : The glassmaker
Traducteur : Anouk Neuhoff
Editeur : La Table ronde
Nombre de pages : 448
Date de parution : 23 mai 2024

 

Un artifice narratif

Installée dans des marais insalubres au fond du golfe adriatique, Venise est reconnue comme la plus belle ville européenne pour son architecture et son charme.
Avec ses canaux, ses ruelles et ses ponts, c’est une ville labyrinthique où le temps s’arrête. Et Tracy Chevalier use de cet artifice narratif pour faire défiler les siècles toujours autour d’une même famille de verriers, les Rosso. En six siècles ( de 1486 à 2019), la famille ne vieillit que d’une soixantaine d’années.
Au carrefour des plus grandes routes commerciales, Venise fut un des plus grands ports du Moyen-âge. Longtemps, les maîtres verriers furent attachés sur l’île de Murano afin de garder secret les techniques d’un art apprécié dans toute l’Europe. Et c’est avec la famille Rosso que nous découvrons ce métier, ses spécificités et ses contraintes familiales.
Lorenzo Rosso est le maître verrier, ils forment ses fils dans son atelier. Seul Marco, l’aîné, deviendra comme lui un maestro. Si les femmes ne sont pas censées travailler le verre, Orsola Rosso préfèrerait aider ses frères au lieu de contribuer avec sa mère aux taches ménagères. Et c’est avec la seule verrière de Murano, Maria Barovier qu’elle découvre la fabrication de perles.

Les hommes ne pourraient jamais prendre au sérieux les femmes qui travaillaient le verre, et elle avait conscience- même si ça l’agaçait – que c’était à Marco qu’elle tenait à plaire.

Orsola Rosso

Orsola est une jeune fille entêtée et volontaire. Elle n’hésite pas à braver ses peurs pour atteindre son objectif. Contre l’avis de son frère aîné, elle s’entraîne à devenir une fileuse de verre. Et elle parvient à convaincre Klingenberg, le marchand autrichien qui exporte en Europe la production des Rosso, à accepter ses premières perles.
Et la jeune femme aimerait aussi mener sa vie privée comme elle l’entend. Mais amoureuse d’un fils de pêcheur, pourtant admis comme ouvrier verrier chez les Rosso, elle sera contrainte par sa famille d’épouser Stefano, un verrier expérimenté. Toutefois, jamais, elle n’oubliera son grand amour parti sur la « terra ferma » .
Tracy Chevalier crée une fois de plus une grande héroïne, passionnée et romanesque.

Venise au fil des siècles

Même si les romans de l’auteure sont de plus en plus romanesques ( je regrette la profondeur des anciens romans), il y a toujours cette part très intéressante qui nous relie à une pratique artisanale et à la grande histoire.
Pour avoir lu Galerie des glaces d’Eric Garandeau, je connaissais un peu l’univers des verriers de Murano. Tracy Chevalier y ajoute le charme envoûtant de Venise. Et bien évidemment, le défilé de siècles d’histoire qui transforme la Vénétie. Autrefois, plaque commerciale d’exception, Venise deviendra un lieu touristique.

Ce qu’ils savaient tous sans que personne le dise à haute voix, pas même Marco quant il était saoul, c’était que l’atelier Rosso était en train de devenir une manufacture, de renoncer à la qualité pour la quantité, à l’art pour le commerce.

Épidémie de peste, invasion de Bonaparte, administration autrichienne, guerres mondiales, concurrence chinoise, Covid, montée des eaux, chaque fois Venise et les Rosso doivent s’adapter.

D’après Orsola, la ville se remettrait forcément, malgré les prédictions pessimistes qu’elle entendait à la radio ou dans la queue au supermarché. Elle s’était toujours remise.

Dans un bel élan narratif, Tracy sait nous raconter de belles histoires ancrées dans la grande histoire et l’existence de personnes simples portées par leurs passions. Le destin d’une femme passionnée et un beau voyage à Venise .

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

28 août 2024 à 7 h 33 min

Romanesque et envoûtant, je suis d’accord !



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