Titre : Pour qu’il neige
Auteur : Jessica Au
Littérature australienne
Titre original : Cold enough for snow
Traducteur : Claro
Editeur : Grasset
Nombre de pages : 180
Date de parution : 1 mars 2023
Le temps d’un voyage
La narratrice est en voyage au Japon avec sa mère. L’occasion de passer un moment particulier avec celle qui semble si distante depuis quelques temps, une occasion de renouer le dialogue. Cependant, la mère reste souvent muette, indécise.
Sa réserve est-elle simplement liée à son passé hongkongais, à son éducation pudique? Est-elle venue au Japon par plaisir personnel ou uniquement pour satisfaire à la demande de sa fille?
Les deux femmes sillonnent le pays, flânent dans les musées, les salles d’exposition, les librairies. Une tasse, un tableau, un livre, un lieu sont des occasions de convoquer le passé, d’engager des discussions.
C’était une journée grise et froide, et nous étions les seules personnes dans l’église. Je demandai à ma mère ce qu’elle pensait de l’âme, et elle réfléchit un moment. Puis, ne me regardant pas moi mais la lumière blanche et crue devant nous, elle dit qu’elle croyait que nous n’étions globalement rien, juste une suite de sensations et de désirs, vouée à disparaître.
Des sentiments retenus
Les deux femmes ne partagent pas les mêmes convictions. Méconnaissance l’une de l’autre ou question de génération, d’éducation. Si sa soeur a voyagé à Hong Kong lors de l’enterrement du grand-père ou plus tard lors de son internat en médecine, la narratrice n’a pas cette connaissance. La mère n’a jamais évoqué son exil, sa capacité à s’installer dans un lieu qui n’était pas son pays.
En prenant un appartement près de sa fille aînée, la mère s’est rapprochée rapprochait de ses petits-enfants. Mais que sait-elle de la vie de la narratrice ? Elle ne pose jamais de questions sur ce qu’elle a vécu, sur son couple avec Laurie.
Au gré des visites, la fille plonge dans ses souvenirs. Des moments où elle ne semble jamais à sa place. Mais de cela, elle ne peut parler avec sa mère tant celle-ci semble toujours lointaine, fragile, aérienne.
De petits et éphémères moments de rapprochement, il ne naîtra jamais de véritable discussion.
La beauté des lieux
Les paysages du Japon sont un très bel écrin à cette rencontre ratée à cause de la pudeur excessive des deux femmes. La narratrice est très observatrice et elle trouve beaucoup de douceur, de nostalgie dans une porcelaine, une cithare, un bijou. Elle tire réconfort à observer les petits détails du monde.
Jessica Au nous plonge ainsi dans la sérénité d’un pays éthéré et au coeur d’une relation mère-fille tout aussi fragile et chargée d’histoire.
Un roman subtil, intime qui peinera à séduire un large lectorat.
Commentaires
C’est vrai que ce n’est pas un livre qui plaira à grand monde mais j’ai aimé son côté un peu insaisissable et sa brièveté, comme une parenthèse éthérée.
Une lecture qui tire plus du côté de la poésie, à te lire.