Titre : L’évènement
Auteur : Annie Ernaux
Éditeur : Gallimard
Nombre de pages : 114
Date de parution : mars 2000
Résumé :
L’occasion d’un banal examen dans un cabinet médical replonge la narratrice plus de trente ans en arrière, en janvier 1964, au moment de son avortement clandestin. Si le souvenir apparaît lointain, l’événement n’en est pas moins indélébile. A la fois égarée et démunie, pendant deux mois, la jeune femme d’alors a caché sa grossesse, à ses parents comme à ses amis proches, cherché désespérément une « faiseuse d’anges ». C’est à Paris, rue Cardinet, que la narratrice trouvera l’infirmière clandestine qui lui plongera dans le sexe la sonde nécessaire. Et c’est à Rouen, dans sa chambre d’étudiante, banale et dérisoire, en compagnie de sa voisine, qu’elle sera « assise sur le lit, avec le foetus entre les jambes », véritable « scène de sacrifice ». Pour la narratrice, il s’agit « d’entraîner l’interlocuteur dans la vision effarée du réel ».
Récit autobiographique terrifiant et sensible, à valeur d’exorcisme, raconté dans la simplicité violente et cruelle des faits, L’Événement rappelle une société engoncée dans ses principes, ses tabous et ses préjugés de classe, en même temps qu’il révèle un événement vécu comme une initiation. –Céline Darner
Mon avis :
» J’ai fini par mettre en mots ce qui m’apparaît comme une expérience humaine totale, de la vie et de la mort, du
temps, de la morale et de l’interdit, de la loi, une expérience vécue d’un bout à l’autre au travers du corps. »
Annie Ernaux livre ici avec pudeur et réalisme son souvenir d’un avortement dans les années 60, époque où cet acte est encore illégal.
» Et, comme d’habitude, il était impossible de déterminer si l’avortement était interdit parce que c’était mal, ou si
c’était mal parce que c’était interdit. »
Ce témoignage est important pour l’auteur (déculpabilisation) mais aussi pour nous qui avons aujourd’hui le libre choix de mettre au monde un enfant. Mais, à notre époque, nous sommes confrontés à d’autres marginalisations et Annie Ernaux évoque le parallèle entre les faiseuses d’ange de l’époque et les passeurs
actuels de clandestins.
C’est aussi l’occasion de dépeindre une époque, une société où le clivage entre les ouvriers et les « haut placés » est très marqué.
Même, si de nos jours, une femme ne vit plus de la même façon, l’ avortement est toujours un choix difficile.
J’aime beaucoup le style d’Annie Ernaux qui se confie et analyse cette décision avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité.
Commentaires
Annie ERNAUX a toujours été un écrivain de grand talent, belle et d’intelligence féminine dans sa manière d’écrire, j’ai lu il y a quelques années en arrière son livre passion simple, décrire à la virgule prés les positions des ébats charnels qu’elle faisait avec cet homme, quelle audace, quel courage pour une femme de décrire les positions dans lesquelles, elle ressentait le plus de plaisir, j’ai lu ce livre d’un trait, je n’aurais jamais décrit des scènes charnels sur un livre car les lecteurs m’aurait pris pour un obsédé or j’aime l’amour et la féminité charnelle.
Cordialement Georges
Je n’ai pas lu Passion simple. Mais effectivement, cette auteure mérite pleinement son Prix Nobel