Titre : Eroticortex
Auteur : Thierry Maugenest
Editeur : JBZ & Cie
Nombre de pages : 133
Date de parution : 5 janvier 2012
Présentation de l’éditeur :
– Je pense que l’humanité aurait besoin d’un amour modulable. Il faudrait pouvoir activer le sentiment amoureux lorsqu’on en a besoin et le mettre en veille lorsqu’il s’avère inutile. – C’est pas très romantique… – Au contraire, un couple activerait son amour dans les grands moments de la vie, lors d’un voyage au bout
du monde, sur le sommet d’une montagne ou à bord d’une goélette sur l’océan Indien, et, pour ne pas l’user inutilement, il le désactiverait dans des situations quotidiennes, plus prosaïques, qui s’accommodent mal de grands sentiments. – L’amour à la carte ? – Oui, ce serait le bonheur assuré. Pourquoi être amoureux fou de quelqu’un si c’est pour pousser ensemble un caddy au supermarché, comparer les prix des produits d’entretien et faire une heure de queue à la caisse. – L’amour à la carte, c’est ce qu’il nous faudrait… Moi, je signe tout de suite pour un tel programme dans mon cortex.
Mon avis :
Je remercie de m’avoir offert cette pause littéraire. Eroticortex est original dans son fond et sa forme. L’auteur alterne les discussions d’employés anonymes du laboratoire Lanxis, en ses lieux les plus stratégiques comme la machine à café, les toilettes ou les couloirs, et les coupures de presse étalant les exploits d’un savant fou, Albert Carrington.
Le professeur Carrington, par ses expériences sur des cobayes humains, isole les zones du cerveau. Il travaille successivement sur la zone de la religion, de la bêtise, du sentiment amoureux. En sortant de son laboratoire, un saint devient un dépravé et inversement, un petit couple d’amoureux en vient à se détester, un démocrate devient républicain etc, etc…
Ces recherches scientifiques prennent aussi un tournant personnel puisque notre savant est amoureux de sa belle assistante insensible à ses charmes trop bien cachés.
Le spécialiste du cerveau pourra-t-il mettre la science au service de ses propres intérêts?
» Finalement, a-t-on besoin de son cerveau pour être heureux? »
Sous un humour très caustique, l’auteur traite le sujet essentiel des dérives de la science, de l’éthique et de la toute puissance des laboratoires.
J’ai beaucoup apprécié les petits clins d’oeil de l’auteur vers les auteurs à succès et les lecteurs.Ainsi, en désinhibant le génie littéraire dans le cerveau d’un écrivain, celui-ci connaît enfin le succès grâce aux ventes massives de ses romans.
Le lecteur améliore aussi son empathie en lisant de plus en plus.
» – Figure-toi que pendant qu’ils lisent des romans, les hommes et les femmes produisent des endorphines, ils se
déconnectent de la réalité et développent les aires du cortex frontal où siège l’empathie.
– Ils deviennent meilleurs en quelque sorte…
– On peut dire ça…plus humains en tout cas. »
Merci Monsieur Maugenest, je vais continuer à lire, si possible des romans d’auteurs qui ne sont pas au box-office et qui ont gardé la zone du génie littéraire.
Un grand merci à Vincent de et aux Editions JBZ & Cie.
Je vous laisse, en cadeau quelques petites phrases cinglantes:
» Je comprends, le con, ce n’est pas celui qui se trompe, mais celui qui, en se trompant, est absolument convaincu d’avoir
raison. »
» Le retour hâtif à la polémique est en effet le meilleur moyen de se dispenser de tout effort intellectuel.«