Titre : Mapuche
Auteur : Caryl Ferey
Editeur : Gallimard
Nombre de pages :458
Date de parution : 27 avril 2012
Présentation de l’éditeur :
Jana est Mapuche, fille d un peuple indigène longtemps tiré à vue dans la pampa argentine.
Rescapée de la crise financière de 2001-2002, aujourd’hui sculptrice, Jana vit seule à Buenos Aires et, à vingt-huit ans, estime ne plus rien devoir à personne.
Rubén Calderon aussi est un rescapé un des rares « subversifs » à être sorti vivant des geôles clandestines de l École de Mécanique de la Marine, où ont péri son père et sa jeune sœur, durant la dictature militaire.
Trente ans ont passé depuis le retour de la démocratie. Détective pour le compte des Mères de la Place de Mai, Rubén recherche toujours les enfants de disparus adoptés lors de la dictature, et leurs tortionnaires…
Rien, a priori, ne devait réunir Jana et Rubén, que tout sépare. Puis un cadavre est retrouvé dans le port de La Boca, celui d un travesti, « Luz », qui tapinait sur les docks avec « Paula », la seule amie de la sculptrice. De son côté, Rubén enquête au sujet de la disparition d une photographe, Maria Victoria Campallo, la fille d un des hommes d affaires les plus influents du pays. Malgré la politique des Droits de l Homme appliquée depuis dix ans, les spectres des bourreaux rôdent toujours en Argentine. Eux et l ombre des carabiniers qui ont expulsé la communauté de Jana de leurs terres ancestrales…
Mon avis :
J’avais beaucoup apprécié Zulu pour sa puissance, son contexte sur l’Afrique du sud et la fêlure de son
personnage principal. Je retrouve les mêmes points forts dans Mapuche.
L’histoire se passe ici en Argentine, pays traumatisé par la dictature et qui, une fois de plus en 2001 vient de subir une forte dépression économique fragilisant encore les plus faibles.
Ruben Calderon est détective privé et un ami journaliste le branche sur la disparition d’une jeune photographe, fille d’ un riche entrepreneur qui finance la campagne électorale de Torres au poste de maire.
Ruben est le fils du poète Daniel Calderon, emprisonné et torturé à mort lors du Processus en 1978. Daniel, Ruben et sa jeune sœur avaient été enlevés et torturés par l’ESMA (l’Ecole de Mécanique de la Marine). Ruben s’en est sorti, meurtri dans sa chaire et son âme et garde en lui ce profond secret pour ne pas fragiliser sa mère qui fait partie des femmes de la Plaza de Mayo, celles qui enquêtent sur les disparus de la dictature.
Dans son enquête, il rencontre Jana, une jeune Mapuche, une tribu indienne décimée par les colons blancs. Elle aussi vit avec le souvenir et les cicatrices de l’âme et du corps.
Les mapuches sont des Auracans « ceux qui ont la rage« .
L’enquête sur la disparition de la photographe et le meurtre d’un travesti, ami de Jana va les mener sur le chemin de leur passé.
Ruben et Jana sont deux personnages qui n’ont plus rien à perdre « Mourir ou devenir fou« .
Ils vont tous deux replonger dans l’horreur de leur passé, retrouver la torture, leurs fantômes mais peut-être ainsi renaître ou mourir ensemble.
L’enquête est passionnante, rythmée avec certes des scènes assez insoutenables mais que j’arrive à supporter à la lecture, sûrement en atténuant leur mise en image. Par contre, une adaptation cinématographique me tirerait sûrement des cris d’horreur.
Vous ne résisterez pas à cette poussée d’adrénaline, ni au charme de l’enquêteur au regard anthracite ponctué d’éclats de myosotis ni à la rage guerrière de Jana.
Si vous avez aimé Zulu du même auteur ou Le retour du professeur de danse d’Henning Mankell,
vous allez frissonner et succomber au charme diabolique de Mapuche.
Caryl Ferey s’inscrit désormais dans mes auteurs incontournables.
Je remercie les Éditions Gallimard pour l’envoi exceptionnel de ce superbe thriller.
Commentaires
je devrais le lire