Titre : Brèves saisons au paradis
Auteur : Claude Arnaud
Éditeur: Grasset
Nombre de pages : 336
Date de parution: 29 août 2012
Présentation de l’éditeur :
On avait quitté Claude Arnaud à la fin des années 70, période d expérimentations tous azimuts (politiques, musicales, psychédéliques, sexuelles…). On le retrouve au début des années 80, amoureux d un critique de cinéma (Jacques), vivant en trio au sein d un bel appartement parisien. Sous le patronage de Bernard, grand bourgeois épicurien et troisième membre du « trouple », on se lève à l heure où Paris déjeune, on reçoit les amis les plus singuliers, on parle de Rohmer et de Barthes en rivalisant d esprit et parfois de méchanceté. L été, on part pour de longues vacances à Tanger, port déliquescent aux plages désertes et aux garçons peu farouches. L hiver, on mène une existence vouée à la littérature et au cinéma, ignorant les contraintes du quotidien.
Jusqu’au jour où Claude cesse d être aimé par Jacques, où le trouple se scinde, où le ciel s assombrit, avec l apparition du sida. Miraculeusement épargné par la maladie dans une ville ravagée par la Peste, Claude se jette à corps perdu dans le travail pour oublier son chagrin d amour, finit par changer de sexualité pour Anne. De cette mue, naîtra l écrivain exigeant et sensible qu’il est devenu… L émotion est à son paroxysme, dans ce récit poignant. On s identifie à un narrateur tour à tour anéanti et bouillonnant d énergie. On est cet amoureux délaissé qui se bat, qui veut laisser une trace. On revit une période d insouciance, où tout était plus facile et plus doux. Une époque aujourd’hui disparue..
Mon avis :
Même si ce roman n’est pas un best-seller de la rentrée, je pense qu’il plaira à un certain public. Car c’est un récit très bien écrit, riche de références qui décrit parfaitement la troisième classe sociale du Traité de la vie élégante de Balzac, celle de l’élite des princes qui mène une vie élégante. Bernard, un écrivain cinquantenaire fait partie de cette élite intellectuelle s’impose en « reine de la ruche » dont fait partie Claude, le narrateur.
» ce moi exubérant ne chercherait plus depuis qu’à déborder de
lui-même. Il serait en quête d’êtres inaboutis à parfaire et de personnalités originales
àdébrider, comme d’autres de terres vierges à ensemencer. »
Le récit commence à la seconde personne pour désigner Claude et son problème d’identité. Baptisé Arnulf, il prend ce prénom ambigu pour assumer son homosexualité auprès de Jacques, ami de Bertrand. Tous trois forment un « trouple » et côtoient d’autres homosexuels.
L’auteur exprime parfaitement les sentiments d’amour puis de jalousie qui lient Claude et Jacques. Toute la première partie montre l’insouciance, la douceur de vivre tant dans le monde parisien que dans des sites harmonieux comme au Maroc ou ensuite en Italie.
Puis, la seconde partie exprime davantage le doute, la peur que peut susciter cette nouvelle maladie que l’on nomme avec un H, comme pour identifier l’homosexualité.
» L’ennemi principal n’est pas ce virus machiavélique, propagé par notre seul zèle, mais cette fois encore, les grands appareils idéologiques voulant faire croire à un mal homo, raccourci dont l’indignité ne peut faire oublier que les morts viennent en majorité de ce bord-là.
Je me suis attachée au narrateur qui est passé d’un état un peu révolutionnaire dans les années 70 à un statut de bourgeois libéral vers les années 80. L’on comprend son passé, ses fêlures de famille, son parcours et son choix mais aussi ses doutes qui le font réfléchir sur son avenir.
Le narrateur, mais aussi Bernard ou Emmanuel, le peintre sont des personnages très ouverts d’une grande sensibilité.
Brèves saisons au paradis est un livre intéressant qui nous fait découvrir de manière agréable un milieu et nous
fait réfléchir sur les sentiments humains et les choix de vie.