chamoiseauTitre : L’empreinte à Crusoé
Auteur : Thierry Chamoiseau
Éditeur: Gallimard
Nombre de pages : 255
Date de parution : mars 2012

Présentation de l’éditeur :
Robinson Crusoé vient de passer vingt ans de solitude dans son île déserte. Il a dû reconstruire son équilibre. C’est avec fierté, celle d’avoir soumis l’île à sa domination, qu’il entame ce matin-là une promenade rituelle sur la plage où il avait mystérieusement échoué il y a tant d’années. C’est alors qu’il découvre l’inconcevable : dans le sable, une empreinte. Celle d’un homme. Passé l’affolement, puis la posture agressive et guerrière, le solitaire s’élance à la recherche de cet Autre qui lui amène ce dont il avait oublié l’existence : l’idée même de l’humain. Commence alors une étrange aventure qui le précipite en présence de lui-même et d’une île inconnue jusqu’alors. Celui qui avait réussi à survivre sans civilisation, sans culture, sans autrui, doit maintenant affronter ce qu’il n’aurait pu imaginer ailleurs qu’ici : la relation à l’impensable. Après les Robinson de Defoe et Tournier, voici donc celui de Chamoiseau, démarquage créole des deux précédents, avec les propres thèses de l’auteur (notamment sur  » l’Autre « ). La langue est luxuriante comme l’île décrite avec intimité, en fin connaisseur amoureux qu’est Chamoiseau. C’est donc une exploration fine d’une âme en proie aux chimères, à la mémoire chancelante (des mots surgissent du passé, ceux d’une culture livresque et occidentale), qui nous est proposée ici et pose la question de la civilisation, de l’origine, de l’altérité, du langage, de la nature (avec le concours récurrent de Parménide et Héraclite).

Mon avis :
 » Je craignais qu’une tempête ne dévaste la plage et n’emporte l’empreinte à tout jamais; sa disparition me renverrait à une solitude que j’étais désormais inapte à supporter. »
Le narrateur vit seul depuis plus de vingt sur une île déserte. Après avoir établi des règles d’organisation, la solitude et les errements lui font découvrir une empreinte sur la plage. Cette marque va susciter énormément d’émotions : la peur puis l’espoir mais aussi la déception, l’imagination. L’auteur excelle dans les descriptions de tous ces états d’âme.
Le style est très (peut-être trop) descriptif, ce qui  fait à la fois la force mais aussi la lourdeur du récit
Bien évidemment, je me suis délectée des descriptions de lieux (notamment l’invasion des tortues), des divagations du narrateur. Il y a notamment un passage où la description aiguise tous les sens. On passe de la vue pour la contemplation du lieu à l’ouïe avec les bruits des animaux, au toucher avec le souffle du vent, à l’odorat avec les parfums de la foret et au goût avec la viande des proies.
Mais même si les émotions du héros sont très changeantes, le style se révèle vite assez lourd et ennuyeux.
J’avais lu, il y a quelques temps Vendredi ou la vie sauvage de Michel Tournier et cela m’a paru plus vivant. Peut-être parce qu’il y a un réel Dimanche mais aussi parce que les évolutions humaines sont progressives et empreintes de plus d’humanité (tristesse, rire, tendresse).
Le dernier chapitre, L’atelier de l’empreinte, éclaire le lecteur sur l’objectif de l’auteur, celui d’être à mi chemin entre Defoe et Tournier, d’interpréter différemment les mêmes évènements, de se centrer davantage sur l’individuation. Il faudrait peut-être lire ce dernier chapitre avant de lire le roman.
J’ai apprécié la chute de l’histoire qui donne une réelle différence au récit et qui témoigne d’une volonté de s’approprier un livre très connu avec une réelle identité.
J’ai lu ce livre en tant que jurée du Prix  Océans.

 

Auteur

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