Titre : Limonov
Auteur : Emmanuel Carrère
Editeur : P.O.L.
Nombre de pages : 490
Date de parution : septembre 2011
Présentation de l’éditeur :
« Limonov n’est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il a été voyou en Ukraine ; idole de l’underground soviétique sous Brejnev ; clochard, puis valet de chambre d’un milliardaire à Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres des Balkans ; et maintenant, dans l’immense bordel de l’après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d’un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends pour ma part mon jugement. C’est une vie dangereuse, ambiguë : un vrai roman d’aventures. C’est aussi, je crois, une vie qui raconte quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».
Mon avis :
Je remercie Emmanuel Carrère d’avoir su, comme à son habitude, s’insérer dans cette vie. Il me semble que je n’aurais pas supporter un récit linéaire de la vie de Limonov, qui est certes un personnage hors norme et a une vie très riche en évènements mais il m’aurait facilement insupportée par son caractère morbide et extrémiste.
Alors que l’enthousiasme de l’auteur, ses réflexions personnelles et sa grande culture de la Russie font de ce roman un récit passionnant des années 40 à nos jours.
Edouard Savenko devient « Ed Limonov -hommage à son humeur acide et belliqueuse, car limon signifie citron et limonka
grenade- celle qui se dégoupille. » Très jeune, Edouard est attiré par les voyous, la mort plus tard ce sera la décadence, la guerre. Il a connu tous les extrêmes, vécu dans la rue, dans les plus belles maisons, dans les tentes, les hôtels sordides, les prisons. L’amour est pour lui une opportunité comme avec Anna ou Jenny, un besoin de se sentir aimé comme avec les noirs des parcs, puis la volonté de posséder les plus belles et les plus jeunes. Son engagement pour Natacha est même touchant .
» C’est ma femme. Je prends soin d’elle depuis sept ans, je ne vais pas arrêter maintenant. »
Mais lorsqu’elles le quittaient, il sombrait.
» Plusieurs fois, il s’est retrouvé à terre, vraiment désespéré, vraiment privé de recours et, c’est un trait que j’admire
chez lu, il s’est toujours relevé, toujours remis en marche, toujours reconforté avec l’idée que quand on choisit une vie d’aventurier, être perdu comme ça, totalement seul, au bout du rouleau,
c’est simplement le prix à payer. »
Même si Emmanuel Carrère ne se sent pas de point commun avec Limonov, quelque part, il l’admire et ne veut pas en faire un perdant. Il rejette particulièrement son engagement en Serbie mais nous explique que cette fascination pour la guerre se retrouve ensuite dans cette sensibilité pour les prisonniers de Lefortovo, Saratov ou Engels où il sera incarcéré.
» En deux heures à la guerre, pense-t-il, on en apprend plus sur la vie des hommes qu’en quatre décennies de paix. »
Grâce à son style très narratif, Emmanuel Carrère a éclairci en mon esprit beaucoup de choses sur les Etats russes, leurs dirigeants, les oligarques, certaines personnalités françaises, sur la personnalité de Poutine. Le mélange de récits personnels, d’anecdotes, de portraits, de la vie de Limonov et surtout de l’histoire de la Russie constitue un roman passionnant et éclairant.
J’ai lu ce livre qui était dans ma PAL depuis 2011 sous l’impulsion d’une lecture commune avec Readingintherain.
La chronique de Readingintherain.
Commentaires
J’ai arrêté la lecture en cours de route pour d’autres livres mais, bien envie de reprendre. Je pense qu’il me faudra recommencer au début
Au moins, je te donne des idées avec mes recopies