Titre : Le cas Eduard Einstein
Auteur : Laurent Seksik
Éditeur : Flammarion
Nombre de pages : 304
Date de parution : 21 août 2013
Auteur :
Né en 1962, Laurent Seksik est médecin et écrivain. Il a publié La consultation et La folle histoire, chez Lattès, puis une biographie d’Einstein (Folio biographies, 2008). L’an dernier, il a connu un succès avec Les derniers jours de Stefan Zweig (Flammarion).
Présentation de l’éditeur :
«Mon fils est le seul problème qui demeure sans solution», écrit Albert Einstein en exil. Eduard a vingt ans au début des années 1930 quand sa mère, Mileva, le conduit à l’asile. Le fils d’Einstein finira ses jours parmi les fous, délaissé de tous, dans le plus total dénuement. Trois destins s’entrecroisent dans ce roman, sur fond de tragédie du siècle et d’épopée d’un géant. Laurent Seksik dévoile un drame de l’intime où résonnent la douleur d’une mère, les faiblesses des grands hommes et la voix du fils oublié.
Mon avis :
Albert Einstein, tout le monde le connaît pour son génie, sa fuite de Berlin et son exil aux Etats-Unis, son engagement contre le racisme et le mauvais usage du nucléaire, sa persécution par les nazis puis par le maccarthysme ou au moins pour son célèbre portrait du savant échevelé tirant la langue.
Sur sa vie privée, on sait peu de choses.
« Si Einstein avait un fils cela se saurait, comment pouvez-vous affirmer être le fils d’Einstein ? En aucun endroit il ne parle de ses fils. Ses fils n’occupent que quelques lignes dans les nombreuses biographies qui lui sont consacrées. Et jamais on n’y mentionne le mal qui frappait le cadet. »
Grâce à ce roman qui entrecroise les vies séparées d’Albert Einstein, de sa première femme Mileva Maric et du plus jeune fils Eduard, Laurent Seksik nous offre un roman passionnant qui garde en toile de fond les évènements mondiaux de la période de 1930 aux années 50.
Freud et le traitement de la folie ne sont pas loin non plus puisque le sujet principal est tout de même les causes et conséquences de la schizophrénie (terme inventé par Bleuler patron de l’hôpital Burghölzli où sera interné Eduard) du fils.
Hans-Albert et Eduard sont témoins des tensions du couple étonnant formé par le génie et la boiteuse Mileva, une des premières femmes à intégrer l’école polytechnique de Zurich. Ils vivent leur séparation sur le quai d’une gare en 1914. Albert part à Berlin où il épouse une cousine éloignée, Elsa.
Comment exister derrière un père célèbre qui ignore ses fils? Albert dira adieu à Eduard au Burghölzli en 1933 lors de son départ vers les États-Unis ( photo du bandeau décrite en fin du roman) et ne le reverra jamais. Si le grand homme a le courage de défendre de belles causes, il n’aura jamais celui de revoir son fils.
Mileva, par contre, consacrera sa vie et ses dernières forces à soutenir et protéger cet homme-enfant qu’est devenu Eduard. Revanche sur un autre drame du couple Einstein que d’avoir abandonné leur première fille conçue avant le mariage.
Laurent Seksik fait de cette vie de famille méconnue un roman passionnant. Chaque personnage donne une dimension particulière au récit. Les chapitres où Eduard s’expriment sont successivement étranges lorsqu’il entre dans les cauchemars et désarmants lorsqu’il réagit avec la naïveté d’un enfant. Mileva est à la fois une femme bafouée mais aussi une personne déterminée prête à tout pour soutenir son enfant. Comme elle a pris l’initiative de baptiser ses fils en cachette, elle prendra la décision de faire soigner Eduard par les nouvelles cures de Sakel (insulinothérapie). Les récits d’Albert Einstein sont souvent l’occasion de parler des évènements mondiaux de l’époque ( nazisme, ségrégation, maccarthysme, bombe atomique) mais aussi de tenter de comprendre son attitude vis à vis de ses fils.
Le génie n’est sûrement pas doué pour exprimer ses sentiments.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la vie d’Einstein, vous apprécierez ce récit passionnant.
Ce roman est dans les premières sélections du prix Goncourt et du prix Femina.
Commentaires
j’aime beaucoup ce commentaire
Ce livre me semble vraiment intéressant ! Encore un avis qui m’incite à le lire…
Personnellement, je suis souvent passionnée lorsqu’un roman s’appuie sur la vie d’un personnage réel, qui m’intéresse bien sûr. Et cette fois, c’est superbement bien écrit
Je ne l’ai pas commandé mais après avoir lu ta chronique, je le regrette ! 😉
Il n’est peut-être pas trop tard.