Titre : Chambre 2
Auteur : Julie Bonnie
Editeur : Belfond
Nombre de pages : 192
Date de parution : août 2013
Auteur :
Julie Bonnie, née le 3 mars 1972 à Tours, est une chanteuse, violoniste, guitariste et auteure française.
Chambre 2 est son premier roman.
Présentation de l’éditeur :
Une maternité. Chaque porte ouvre sur l’expérience singulière d’une femme tout juste accouchée. Sensible, vulnérable, Béatrice, qui travaille là, reçoit de plein fouet ces moments extrêmes.
Les chambres 2 et 4 ou encore 7 et 12 ravivent son passé de danseuse nue sillonnant les routes à la lumière des projecteurs et au son des violons. Ainsi réapparaissent Gabor, Paolo et d’autres encore, compagnons d’une vie à laquelle Béatrice a renoncé pour devenir normale.
Jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus supporter la violence du quotidien de l’hôpital.
Un hommage poignant au corps des femmes, et un regard impitoyable sur ce qu’on lui impose.
Julie Bonnie a reçu pour Chambre 2 le prix du Roman Fnac 2013
Mon avis :
Béatrice est auxiliaire de puériculture, un métier fatiguant où il faut savoir s’intégrer auprès des collègues et des médecins, s’occuper de ces femmes affaiblies physiquement et moralement par un accouchement.
» L’hôpital est un lieu de grande, grande solitude. »
Mais, c’est un second métier qu’elle a choisi après le départ du père de ses enfants, Gabor. Gabor, ce violoniste de Potsdam, qui lui a fait aimer la vie et son corps. Pendant des années, elle l’a suivi dans son camion, elle a dansé nue sur son spectacle avec Paolo le batteur et Pierre et Pierre deux danseurs jumeaux et homosexuels.
La maternité et les accouchements traumatisants, elle connaît. Elle a eu trois enfants. Pour le premier, elle a accouché seule avec une gitane inconsciente dans la caravane, le second est mort né mais elle a maîtrisé seule son dernier accouchement dans une maternité.
Béatrice est une femme qui aime le corps, qui a besoin de sentir la douceur des autres sur sa peau, une mère sensuelle et aimante.
» Ce sont les enfants vivants qui m’ont donné envie de vivre.
Comment aurais-je pu abandonner ces petits pieds, qui faisaient la nuit le trajet de leur couchette à la mienne, l’un derrière l’autre, en T-shirt trop grand? Ce petit tip-tap qui allait me donner du bonheur pur, ces petits corps chauds, tout doux, qui venaient se blottir chacun d’un côté de leur maman. Mon corps ne connaît personne aussi bien. Mon corps et leurs corps sont pareils. J’ai tellement été heureuse avec ces deux petits dans mes bras, les mollets potelés, les boucles de cheveux, les odeurs de transpiration un peu aigres qui me donnaient des montées de lait. Ils ont tété aussi longtemps qu’ils l’ont voulu, très tard. Personne ne pouvait m’enlever ça. J’étais, à ce moment parfait, la personne la plus importante du monde. »
Et malgré cette tendresse, plus tard, Béatrice se retrouvera seule à soigner le corps et les âmes des accouchées, à câliner les bébés des autres.
» C’est moi qui ai posé le bébé sur elle. Et elle rit et elle pleure. Je la vois tomber amoureuse…J’assiste à la naissance d’une mère. C’est presque plus émouvant que la naissance d’un enfant. »
Béatrice vit mal l’abandon de Gabor, de ses enfants. Elle regrette cette vie où elle exposait son corps jusqu’à la transparence. Même si elle aime profondément cette acte de donner la vie, elle sait que cela se traduit aussi par la douleur, le traumatisme du corps et que parfois c’est aussi donner la mort et briser l’âme d’une mère.
Béatrice oscille entre tendresse et fureur et mon impression de lecture suit un peu le mouvement.
Le style est parfois assez journalistique puis prend de belles envolées. Les moments de tendresse, de joie cohabitent avec les cicatrices, les blessures, les craintes des mères. L’auteur campe de beaux personnages avec les Pierre par exemple puis décrit des mères ou des soignants odieux.
Tout comme Béatrice, je me retrouve finalement écartelée entre le beau et le sordide avec tout de même une belle compassion pour Béatrice.
J’ai lu ce livre avec Lydie et ses livres. Retrouvez son avis ici.
Commentaires
Ah, aujourd’hui on n’est pas d’accord… Pas de compassion pour moi, j’avais même été franchement agacé par ce roman et sa vision de la féminité (qui se résume peu ou prou à l’idéal de la maternité, même si celle-ci est souvent montrée sous un jour assez noir).
En même temps, venant d’un homme qui ne veut pas d’enfants, ça vaut ce que ça vaut !
On ne peut pas toujours être d’accord…
J’ai fini par avoir de la compassion mais j’ai tout de même été gênée par ce regard noir sur la maternité.
Je crois tout de même que l’on peut difficilement imaginer la douleur de perdre un enfant avant terme, si on ne l’a pas vécu. On imagine souvent la naissance comme un moment heureux mais je crois aisément qu’il y a aussi parfois des craintes et blessures, non seulement du corps mais aussi de l’âme.
Maintenant, il est vrai que ton statut n’aide pas à la compassion éventuelle.
Je le crois aussi, mais dans mon souvenir, l’évocation de cette souffrance était faite sur le mode d’un apitoiement rendu pénible par la multiplication des cas de figure où une mère perd ou s’éloigne de son enfant. Trop de pathos pour moi, d’où le sentiment de gêne que je partage avec toi !
Il ne me tente toujours pas ! Malgré ton bel effort pour lui trouver un côté attractif… Je ne sais pas, je recule devant ce titre… Peut-être parce que je connais trop bien ces lieux de « grande grande solitude » et que je n’ai pas forcément envie de ça quand je lis ! 😉
Il donne tout de même une vision assez noire de la maternité. C’est un peu dommage
J’attendais beaucoup plus de ce livre. En lisant ton avis cet après-midi, j’avais cru ressentir un avis plus positif, en le lisant ce soir je le vois plus mitigé. Disons que finalement nos avis s’équivalent, dommage que l’on ait pas pris le temps d’en discuter en cours de lecture.
Mon avis traduit donc bien mon ressenti. Un mélange de positif et négatif. La rancune de Béatrice a, je crois, sali tout ce qui peut être beau dans une maternité. Mais je peux comprendre pourquoi elle est aussi aigrie.
Il est vrai que nous aurions dû en discuter pendant la lecture. Mais quand je fais une LC, c’est en général sur Livraddict et je sais où en discuter. J’ai lu ce livre en deux jours à peine mais j’aurais dû aller sur ton suivi de lecture.
On le saura pour la prochaine fois.
Je traîne autour de ce livre, j’ai envie, je n’ai plus envie, j’ai envie ….. 😉
Malgré le prix Fnac 2013, je ne met pas ce livre dans mes recommandations. Maintenant, il se lit très vite si tu veux tenter.
Je n’ai pas vraiment été séduite par ce roman. Je dois dire que je m’attendais à autre chose (plus centré sur son métier d’auxiliaire de puériculture en fait). Et le récit sur son ancienne vie n’a pas réussi à me captiver.
Je ne m’attendais pas non plus à un récit aussi sombre, non plus.
j’ai trouvé ce livre très beau, c’est un coup de coeur pour moi.
Enfin un commentaire positif. Et tu ne dois pas être la seule puisque les lecteurs du jury Fnac l’ont retenu l’an dernier.